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Le marché des véhicules partagés

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 445 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 23/04/2021
    • de MATAGNE Julien
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Un article du site Link2Fleet faisait le point sur l'état du marché des voitures partagées en Belgique pour l'année 2020. Il indique notamment qu'en « Wallonie, si le nombre d'usagers reste le plus faible du pays, il a tout de même augmenté de 84 % l'an dernier, ce qui fait du sud du pays la région où la croissance est la plus forte en 2020 ». Il y aurait ainsi 6 632 usagers d'autopartage en Wallonie l'année dernière.

    L'autopartage constitue une solution à encourager dans les pôles urbains, mais aussi dans les pôles semi-urbains où l'offre de transport en commun ne peut pas se développer rapidement pour diverses raisons et où l'accès à certains services reste impossible sans véhicule.

    L'autopartage semble absent de la politique de mobilité mise en place par le Gouvernement. Pourquoi ?

    Quelles actions ont déjà été prises et seront prises par ce Gouvernement ?

    Monsieur le Ministre a-t-il rencontré les acteurs du marché depuis le début de cette mandature ?

    A-t-il tenté proactivement de les rencontrer le cas échéant ?

    Ne faut-il pas également développer une véritable vision de l'automobile dans la politique de mobilité wallonne ?

    Cette vision ne doit-elle pas aller au-delà de la rénovation des routes et de la diminution de part modale de ce mode de transport ?
  • Réponse du 03/05/2021
    • de HENRY Philippe
    Si l’autopartage semble absent de la politique de ce Gouvernement, c’est peut-être simplement parce que d’autres sujets occupent le devant de la scène. Mais je tiens à rassurer : cet enjeu important est bien présent dans le travail du Gouvernement.
     
    La Stratégie régionale de Mobilité le mentionne clairement : le partage de la voiture individuelle est l’étape la plus cruciale vers l’adoption d’un nouveau modèle de mobilité. C’est aussi peut-être l’étape la plus difficile à franchir, car elle implique une évolution de notre manière de « consommer la mobilité » qui se heurte à la force de persuasion de la publicité automobile.
     
    Voici comment la voiture partagée est prise en compte dans le travail du Gouvernement et de l’Administration wallonne.
     
    1) L’écoute du secteur
     
    Des membres de mon Cabinet et de l’Administration sont en contact avec des représentants du secteur, quelle que soit leur taille : grande marque, petite association ou startup. C’est un travail de fond qui permet d’améliorer nos actions en restant proche des réalités du terrain.  
     
    2) La planification
     
    Le travail de planification de la mobilité mené au sein du SPW MI tient compte de la voiture partagée comme une des solutions à privilégier par les Communes, celles-ci ayant un rôle important à jouer dans le développement des voitures partagées.  
     
    La voiture partagée est abordée dans le Plan urbain de Mobilité (PUM) de Liège, dans le cadre des actions relatives au Management de la Mobilité, et vise à accompagner les acteurs privés de ces nouveaux services de mobilité. Ces actions spécifiques font partie des actions à mener par l’équipe PUM en cours de constitution.
     
    Cet enjeu est également systématiquement abordé lors de la conception des Plan communaux de Mobilité. Ces travaux de planification ont vraisemblablement joué un rôle dans les décisions des villes de Namur, Nivelles, Ciney et Ottignies de mettre en œuvre cette solution.
     
    3) La sensibilisation, la formation et la communication
     
    L’explication des avantages et des contraintes de la voiture partagée fait partie de la formation des Conseillers en Mobilité, et le Réseau CeM en fait la promotion depuis ses débuts, à travers ses publications notamment.
     
    Des villes et communes utilisent les charges d’urbanisme pour imposer des voitures partagées dans certains projets urbanistiques (Nivelles, Mont-Saint Guibert…), ou mettent des voitures de service partagées à disposition de la population (Genappe, Ottignies). Le réseau des CeM permet également de diffuser ces bonnes pratiques.
     
    Enfin, la Semaine de la Mobilité fait annuellement la promotion des solutions de mobilités alternatives à la voiture individuelle, dont la voiture partagée. Des actions de communication dédiées à la voiture partagée sont à l’étude au sein de mon Cabinet.
     
    4) Les aides financières
     
    Il n’y a pas actuellement d’aide financière directe au secteur privé par la Wallonie. Toutefois, de manière indirecte, il faut souligner que l’OTW détient 25 % du capital de la société Cambio Wallonie, de sorte que l’OTW est un partenaire privilégié de Cambio pour ses actions de communication vers le grand public.
     
    La Wallonie apporte un soutien financier direct (subside) à Taxistop et à son produit Cozywheels. Ce modèle, également porté par la startup Wibee, n’oblige pas à investir dans une flotte de véhicules dédiés au partage, mais utilise le temps de non-utilisation des véhicules privés. C’est donc un modèle beaucoup plus facile à mettre en œuvre, par exemple entre voisins, car il ne vise pas une rentabilité, mais plutôt un partage des coûts. C’est ce genre de solution qui devrait permettre de développer la voiture partagée en milieu périurbain ou rural, dans la mesure où le risque financier est plus faible.
     
    Par ailleurs, la présence de voitures partagées sera indispensable au développement des pôles multimodaux en fonction du type de pôle et du potentiel. Un appel à projets est prévu dans la seconde moitié de cette année.
     
    La Wallonie est également partie prenante au projet Interreg Européen eHubs, qui vise à démontrer que le déploiement de solutions de mobilité partagées et électriques peut constituer une alternative crédible à la voiture individuelle.
     
    5) La règlementation
     
    Un groupe de travail a été constitué au sein du SPW MI, à l’initiative de l’Autorité Organisatrice du Transport (AOT) afin d’encadrer le déploiement de solutions de mobilité locales flexibles, et d’apporter un financement complémentaire afin de permettre le déploiement de ces solutions, notamment dans les zones moins densément peuplées. Parmi ces solutions de mobilité, la voiture partagée figure en bonne place.
     
    6) La valeur d’exemple
     
    L’écrasante majorité des véhicules de service du SPW, ainsi que des Cabinets ministériels, sont d’office partagés entre plusieurs agents d’une même Direction, et parfois au sein d’un Département ou d’une Direction générale.
     
    Dans le cadre du Plan de Déplacement durable du SPW, adopté en novembre dernier, une des actions phares consiste également à mettre des véhicules partagés d’une société de carsharing à disposition des agents via une application. L’objectif étant de réduire la flotte de véhicules de service du SPW, sachant que les horaires d’usage privé ou professionnel des véhicules sont complémentaires. Une expérience pilote est actuellement en cours au Cap Nord.