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Les prévisions conjoncturelles de l'Institut wallon de l'évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS) en matière d'emploi

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 297 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 23/04/2021
    • de TZANETATOS Nicolas
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Selon l'IWEPS qui vient de publier des prévisions conjoncturelles relatives à l'évolution du PIB wallon en 2020 et 2021, l'activité économique de notre région, en recul de -5,9 % en 2020, progresserait de +4,1 % en 2021. L'emploi, quant à lui, a réussi à se maintenir l'an dernier et enregistrerait même une légère hausse en 2021 (+0,1 %). Cela est notamment dû à l'extension du chômage temporaire qui a permis de limiter les dégâts de la crise sur l'emploi. En effet, grâce à cela, les entreprises licencient très peu.

    Il y a peu de nouveaux chômeurs de très longue durée (plus de deux ans). Il y a également une baisse du nombre de chômeurs de courte durée (moins d'un an). Cependant, la diminution des embauches a des conséquences négatives sur le nombre de chômeurs de moyenne durée (entre un et deux ans). En parallèle, certains secteurs ont de grosses difficultés de recrutement. Cela est notamment dû au chômage temporaire. En effet, cette situation entraîne une rétention de l'emploi. Les perspectives de sortie de crise varient également en fonction des secteurs ; les secteurs tels que l'HORECA, le secteur culturel et touristique ou encore le commerce de détail non alimentaire étant les plus touchés actuellement.

    Suite au rapport de l'IWEPS, quel regard porte Madame la Ministre sur sur la situation de l'emploi dans notre Région à l'heure actuelle ?

    Quelles conclusions tire-t-elle des perspectives du taux d'emploi dans notre Région ?

    Par ailleurs, actuellement, le FOREm effectue un travail de monitoring (veille) du marché de l'emploi en vue d'apporter des solutions aux demandeurs d'emploi et aux employeurs qui répondent au mieux à la réalité de terrain. De manière globale, en concertation avec le FOREm, quels seront les moyens mis en place, en Wallonie, pour assurer une stratégie de soutien à la relance proactive tenant compte des constats de l'IWEPS ?
  • Réponse du 22/12/2021
    • de MORREALE Christie
    L’impact de la crise serait probablement plus important en l’absence des mesures de soutien des gouvernements fédéraux et régionaux. Parmi celles-ci, l’élargissement et la simplification de l’accès au chômage temporaire « pour raison Corona » ont permis de maintenir de nombreux travailleurs sous contrats. Au plus fort de la crise, la Wallonie comptait près de 270 000 bénéficiaires du chômage temporaire, ce nombre a diminué ensuite à la faveur de mesures de déconfinement.

    Selon les dernières données de l’ONEM, un peu plus de 100 000 déclarations de chômage temporaire pour cause de force majeure suite au Coronavirus ont été introduites en mars en Wallonie (contre 450 000 sur l’ensemble du pays). Les secteurs en Wallonie les plus concernés par le chômage temporaire étant l’industrie manufacturière, le commerce, l’Horeca, la construction et les activités de services administratifs et de soutien.

    À côté de cette mesure, les autorités ont également facilité l’accès pour les indépendants au « droit passerelle » tout en l’augmentant. Les différents niveaux de pouvoirs ont déployé une série d’autres mesures, toutes dans l’intention de soutenir l’emploi, les PME et entrepreneurs, particulièrement dans les secteurs fortement touchés par la crise ou les secteurs sous pression ou encore les allocataires sociaux.

    Les entreprises ont adopté de nouvelles pratiques pour résister à la crise et amorcer leur développement post crise : réorganiser la production, changer l’organisation du travail, notamment sous l’effet du déploiement quasi généralisé du télétravail, ou encore proposer les biens et services via l’e-commerce. Tant au niveau des impulsions politiques que des stratégies des entreprises, la crise semble avoir donné un coup d’accélérateur aux transitions numériques et écologiques.

    La crise a également révélé l’inégalité des secteurs face à la transition numérique : télétravail, e-commerce, formation à distance, etc. sont autant d’usages numériques qui se sont fortement développés. Il s’agit, le plus souvent de technologies dont les applications étaient connues et maîtrisées, mais dont l’adoption de manière généralisée accusait un certain retard. C’est le cas de l’e-commerce ou de l’enseignement à distance par exemple.
    Certains secteurs, comme celui des banques et assurances, avaient déjà bien avancé dans leur transformation numérique tandis que d’autres, comme le tourisme ou l’administration publique, ont dû rattraper dans la hâte leur retard. Si les technologies numériques et leur maîtrise ont permis de maintenir l’activité, la crise a mis en lumière la nécessité de maintenir une approche hybride ou « phygitale ».

    Le rythme et l’ampleur de la reprise pourraient ainsi varier fortement selon les secteurs, bien qu’établir des projections dans ce domaine demeure un exercice délicat. Différents facteurs contribueront à un retour à la croissance : la reprise de la consommation, les mesures de soutien et de relance, ou encore de tendances positives au niveau des développements technologiques ou de marché. D’autres facteurs pourraient à l’inverse entraver le processus de reprise : une consommation maintenue à la baisse, l’incertitude d’une reprise du commerce international, un problème de solvabilité des entreprises, des baisses d’investissements, ou encore le manque de personnel qualifié.

    2020 fut donc une année mouvementée sur le marché de l’emploi. 2021, avec l’arrivée à échéance d’une série d’amortisseurs comme le chômage temporaire ou le moratoire sur les faillites, est le théâtre de nombreux défis que le FOREm relève avec ses partenaires.

    Si le bilan de l’année 2020 est négatif en matière d’emploi, les conclusions pour 2021 et 2022 sont bien meilleures. Outre l’amélioration de la situation de la demande d’emploi observée en mars, le redressement de l’activité dépendra de la vitesse à laquelle la vaccination se déploiera, faisant progressivement tomber les contraintes, facilitant la levée du reconfinement temporaire. Ainsi, la croissance économique en Wallonie s’établirait à + 4,1 % en 2021. De cette manière, en fin d’année 2021, le PIB de la Wallonie retrouverait pratiquement le niveau qui était le sien deux ans plus tôt.

    Pour ce qui est de l’emploi, l’IWEPS anticipe une augmentation, en moyenne annuelle, de 1 900 emplois en Wallonie endéans l’année 2021 (contre - 4 200 endéans l’année 2020) (chiffres à confirmer). L’embellie de l’emploi serait toutefois moins favorable en Wallonie qu’en Belgique (+0,1 % contre +0,3 % au niveau du pays).

    Pour rappel, en Wallonie, le Gouvernement wallon s’est fixé un taux d’emploi cible parmi les 20-64 ans de 68,7 % en 2025. Considérant cette tranche d’âge, il s’élevait à 64,6 % en Wallonie (70 % en Belgique). La faiblesse de ce taux traduit des taux d’inactivité (30,4 %) et de chômage (7,2 %) supérieurs à la moyenne nationale (respectivement de 26 % et de 5,4 %).