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La stérilisation chimique des pigeons

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 342 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 23/04/2021
    • de CLERSY Christophe
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le faucon pèlerin est un oiseau qui a été exterminé de Belgique et de la plupart des régions d'Europe au cours des années 70 et 80 suite à un braconnage acharné.
    Sur base d'estimations récentes, un total de 200 couples de faucons seraient présents sur tout le territoire belge et certains investissent nos villes, c'est le cas à Bruxelles mais aussi à Charleroi où ces rapaces ont été aperçus sur les fenêtres de l'Hôtel de police.

    Cependant, les faucons qui se trouvent en ville se nourrissent parfois de pigeons, ces derniers subissant une campagne de stérilisation qui inquiètent les ornithologues.

    La stérilisation des pigeons peut en effet s'effectuer de manière chimique via l'administration de graines. La stérilisation chimique présente comme inconvénient majeur la dissémination de perturbateurs endocriniens (présents dans les graines) dans l'environnement. Bien que la taille des graines ait été conçue pour ne pas être ingérée par les passereaux, certains colombidés ne sont néanmoins par ailleurs pas à l'abri de ces produits stérilisants.

    Concernant le faucon pélerin, les ornithologues ne disposent d'aucune information fiable sur la possibilité que ce stérilisant passe de la proie au prédateur.

    Quelle analyse politique fait Madame la Ministre de la situation ?

    Quelles mesures a-t-elle prises pour préserver cette espèce en lien avec cette problématique ?

    Qu'en est-il des pratiques de stérilisation chimique des pigeons en Wallonie ?

    Quelles mesures a-t-elle prises pour favoriser l'utilisation des pigeonniers de régulation ?
  • Réponse du 11/05/2021
    • de TELLIER Céline
    La gestion de la population de pigeons relève avant tout de l’autorité communale. Face à certains problèmes générés par des densités élevées de pigeons dans les villes, la technique du pigeonnier contraceptif peut éventuellement constituer une partie de la solution.

    La Belgique autorise pour ce faire l'utilisation d'un médicament vétérinaire à base de Nicarbazine. Ce composant a pour effet de rendre infertiles les œufs pondus sans qu’il y ait d’effets toxiques pour l’environnement et les espèces qui l’ingèrent. Il y a lieu de noter que son ingestion doit être quotidienne, car les effets sont rapidement réversibles.

    Au regard du bien-être animal, l’utilisation de ce composant ne pose aucun problème direct aux animaux. En mars 2010, l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) indiquait qu’aucun risque pour le sol, l’eau souterraine ou pour l’empoisonnement secondaire d’autres espèces n’a été identifié. Cependant, dans son avis du 10 mai 2016, le Conseil wallon du bien-être des animaux a relevé le possible manque de contrôle sur l’ingestion de ces molécules par d’autres animaux non ciblés, l’absence de maîtrise des doses ingérées et le risque de pollution de l’écosystème par ces molécules chimiques.

    Les impacts sur les prédateurs de l’ingestion indirecte de ce stérilisant semblent peu probables compte tenu des faibles doses ingérées par les pigeons et de l’effet rapidement réversible du produit. Le manque d’étude fiable incite cependant à la prudence et, dans le cas où des tests de stérilisation sont mis en place, l’effet sur la reproduction des prédateurs devrait faire l’objet d’une surveillance attentive. Je ne possède pas d’information spécifique sur les méthodes mises en place par les communes, mais l’avis du Conseil a été soutenu par l’Union des Villes et Communes de Wallonie qui est membre du Conseil.

    J’encourage les responsables communaux à développer les solutions proposées par le Conseil et à impliquer les ornithologues dans la gestion et la surveillance des populations d’oiseaux sur leur territoire.