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La problématique du stockage d'amiante

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 347 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 23/04/2021
    • de GALANT Jacqueline
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Des millions de tonnes d'amiante dorment dans les décharges belges. En Belgique, comme dans de nombreux autres pays, l'amiante a été utilisé comme isolant dans de très nombreux bâtiments, même après que sa toxicité a été avérée. Depuis la fin des années 1980, on en retire mais, chez nous, l'amiante n'est pas détruit. Il est stocké en masse dans des décharges, sans aucune autre solution à ce stade.

    Au total, au moins 2 millions et demi de tonnes d'amiante sont ainsi bloquées dans les différents sites. Le matériau se divise en deux catégories : friable et non friable. Quand l'amiante est non friable, il est enfermé dans des sacs hermétiques placés directement dans les décharges. Quand il est friable, il doit passer par un centre de traitement à Mol (en province d'Anvers) pour être coulé dans du béton, et devenir non friable.

    Ces blocs sont ensuite envoyés vers une immense décharge de 32 hectares située tout au nord de la Belgique, au cœur du port d'Anvers. Différentes couches de déchets et de terre sont ainsi superposées, avec des systèmes de protection, jusqu'à devenir d'énormes monticules appelés "pyramides". Une fois terminées, celles-ci atteignent 50 mètres de haut. Au total, environ 150 000 tonnes de déchets d'amiante sont stockées par an.

    Que pense Madame la Ministre de ces méthodes de stockage de l'amiante ? Quel impact sur l'environnement ?

    Quelles pistes de solution peuvent être envisagées pour éviter cela ?

    En France, des torches à plasma sont utilisées. Cela pourrait-il être utilisé en Wallonie ? Est-ce que le coût serait supportable pour nos finances publiques ?
  • Réponse du 31/05/2021
    • de TELLIER Céline
    Le caractère dangereux des déchets d’amiante est lié au fait qu’ils sont susceptibles de libérer des fibres d’amiante dans l’air. Lorsque les fibres d’amiante sont inhalées, elles peuvent provoquer de graves maladies respiratoires et des cancers.

    C’est la raison pour laquelle les déchets d’amiante doivent être conditionnés dans des sacs hermétiques à double paroi, directement sur les chantiers de désamiantage.

    En Wallonie, les règles de collecte/conditionnement et la filière de gestion des déchets d’amiante sont sensiblement identiques à celles mises en œuvre au nord du pays, à la différence près que seuls les déchets d’amiante liés à un support inerte sont stockés en centres d’enfouissement technique.

    Concrètement, les sacs à double paroi contenant les déchets d’amiante liés sont stockés dans des cellules confinées et identifiées au sein des centres d’enfouissement technique. Les sacs sont ensuite recouverts en fin de journée de matériaux inertes afin d’éviter qu’ils ne soient endommagés et que des fibres d’amiante puissent être libérées. Une fois confinés, les déchets d’amiante ne présentent plus de danger pour l’environnement, que ce soit au niveau du sol sous-jacent ou des eaux souterraines.

    La méthode du stockage par confinement des déchets d’amiante est actuellement la seule filière de gestion utilisée en Wallonie pour traiter les déchets d’amiante liée en toute sécurité, pour la santé et l’environnement.

    La vitrification des déchets d’amiante libre et leur inertage à très hautes températures (5 000°C) par des torches à plasma sont utilisés très épisodiquement (au Japon notamment et depuis peu en France), essentiellement pour réduire la toxicité des déchets et les volumes éliminés en centres d’enfouissement technique, mais à des coûts énergétiques et logistiques extrêmement élevés, voire disproportionnés.

    Selon l’avis de l’agence française de la transition écologique (ADEME), la technologie de la torche à plasma pour la vitrification de déchets amianté est peu compétitive par rapport au stockage, ce qui restreint son utilisation à des applications de niche.

    En outre, les réalisations basées sur ces techniques seraient encore trop limitées et leurs performances techniques et leurs impacts environnementaux encore mal connus.

    À court terme, il faudra aussi et surtout tenir compte des résultats des recherches qui sont menées actuellement en Wallonie dans le cadre notamment du projet COLAMIN, qui vise à inerter à froid les fibres d’amiante liées, dans le but de les valoriser dans de nouveaux matériaux.