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Le niveau des nappes aquifères en Région wallonne

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 348 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 23/04/2021
    • de BELLOT François
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Fin mars, la cellule « sécheresse » du SPW a analysé la situation dans les nappes aquifères et le niveau d'eau des nappes phréatiques wallonnes. Le constat est favorable pour tous les indicateurs de distribution d'eau potable publique, sauf en Hesbaye.

    Dans cette dernière région, les pompes sont restées à un niveau bas à la sortie de la période hivernale. Ces nappes nécessitent donc une surveillance durant les prochains mois, comme le spécifie le SPW par communiqué.

    Alors que les facteurs qui ont engendré ce niveau en Hesbaye sont connus - il s'agit des faibles précipitations de septembre à décembre 2020-, on sait que les précipitations au printemps et en été ne permettront sans doute pas de recharger les nappes phréatiques.

    Cette situation en Hesbaye est d'autant plus inquiétante que la recharge des nappes a atteint son niveau historique le plus bas en mars 2020, avant d'entamer une remontée de mars à juin et repartir à la baisse dès les mois d'automne.

    Certes, depuis le début de cette année 2021, le SPW a pu constater que le niveau des nappes en Hesbaye remonte. Malgré tout, cette tendance est très lente.

    Outre l'attention à porter à la progression du niveau des nappes en Hesbaye, des dispositions ne devraient-elles et ne pourraient-elles pas être prises dès maintenant afin de ne pas entamer une action dans l'empressement ?

    Dans l'hypothèse où les niveaux baisseraient encore en-deçà de leur record historique de mars 2020, avez-vous déjà sollicité les experts afin de connaître les conséquences de cette absence d'eau ?
    Ont-ils proposé à Madame la Ministre un plan d'action et d'alternatives qui ont sa préférence ?
  • Réponse du 18/05/2021
    • de TELLIER Céline
    Le niveau d’eau de la nappe de Hesbaye a effectivement atteint un niveau particulièrement bas en mars 2020. Cela est plus particulièrement visible dans sa moitié ouest. Depuis le début du mois de février, le niveau remonte lentement et de manière continue. Nous nous situons aujourd’hui à une cote très légèrement supérieure à la cote maximale atteinte en 2020.
     
    Il semble donc que l’évolution récente de la nappe soit favorable, même s’il ne faut pas s’attendre à une remontée très importante, vu les sécheresses connues ces quatre dernières années. Mon Administration sera donc particulièrement attentive à l’évolution des niveaux de cette nappe dans les prochains mois. Les autres piézomètres suivis au droit de la nappe de Hesbaye montrent une évolution assez similaire, mais avec des amplitudes de variations plus faibles.
     
    La nappe des craies de Hesbaye est connue pour présenter un décalage important (plusieurs mois à un an) entre les précipitations et la remontée de la nappe. Les fluctuations annuelles sont également superposées et lissées dans des oscillations pluriannuelles d’amplitudes plus importantes, ce qui rend l’interprétation des courbes complexe.
     
    Les niveaux particulièrement bas rencontrés début 2020 résultent probablement de la combinaison de plusieurs facteurs dont :
    - le niveau de la nappe qui reste relativement bas depuis le début des années 2000 ;
    - le fait que la nappe se situerait, ces dernières années, dans une période de baisse piézométrique liée aux cycles pluriannuels évoqués précédemment ;
    - de mauvaises conditions de recharge ont été observées à l’échelle de la Wallonie durant l’hiver 2016-2017 et durant les deux années de sécheresse qui ont suivi ; dans d’autres masses d’eau, il est clairement visible que les recharges 2019-2020 et 2020-2021 ont été meilleures que 2017-2018 et 2018-2019.
     
    Les volumes prélevés en Wallonie dans la nappe des craies de Hesbaye sont restés relativement stables (entre 20 et 25 millions m³/an entre 2001 et 2019) et les fluctuations des volumes prélevés n’expliquent pas les fluctuations du niveau d’eau malgré les légères augmentations en 2017 et 2018.
    À l’échelle de la Wallonie, les volumes prélevés ont tendance à diminuer légèrement.
     
    Historiquement, des niveaux presque aussi bas que ceux observés en mars 2020 ont déjà été observés par le passé, en 1951, 1978, 1998, 2007 et 2013. Ils se distinguent de la situation actuelle par le fait que la nappe est chaque fois remontée rapidement.  La durée de l’épisode d’étiage est inférieure à un an. C’est cet aspect qui est interpellant, plus que la cote atteinte par la nappe.
     
    Compte tenu de ce qui précède, et principalement du décalage temporel entre précipitations et recharge, la durée de l’épisode d’étiage de 2020 pourrait vraisemblablement être liée à la très mauvaise recharge lors de l’hiver 2016-2017, et aux moins bonnes recharges des deux années suivantes, comme cela a pu être observé dans d’autres aquifères.
     
    Cette hypothèse, à savoir une remontée du niveau piézométrique sous l'effet des précipitations hivernales 2019 et 2020, pourra sans doute être confirmée lorsque les données des prochains mois ou des prochaines années seront disponibles.
     
    Le constat décrit ci-dessus appelle toutefois à rester vigilant.
     
    L’évolution quantitative future de la nappe de Hesbaye et des autres aquifères wallons avec les effets déjà constatés ou potentiels du changement climatique nécessite la mise en œuvre d’un plan d’actions structurelles pour les atténuer.
     
    Dans le cadre de la Stratégie intégrale Sécheresse que je mets en place avec mon administration et les opérateurs du secteur de l’eau, plusieurs groupes de travail traitent de thématiques applicables à la nappe des craies de Hesbaye, et notamment :
    - la modélisation précise de l’impact du réchauffement climatique sur les principales masses d’eau souterraine, en collaboration avec l’AWAC ;
    - l’analyse et la gestion des besoins en eau, dont les besoins agricoles - comme l’irrigation par exemple -, industriels et liés au développement ;
    - la réutilisation des eaux usées épurées et la recharge artificielle des nappes.
     
    Et donc effectivement, je suis attentive à ce que les mesures anticipatives soient bien prises en vue d’une adaptation durable de nos territoires aux effets du changement climatique.