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La nécessité de freiner la progression du frelon asiatique en Wallonie

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 355 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 23/04/2021
    • de GALANT Jacqueline
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le frelon asiatique (vespa velutina) est extrêmement invasif et attaque nos abeilles. L'an dernier en Wallonie, 170 nids ont été découverts. Et ce chiffre risque encore de tripler cette année.

    Introduit accidentellement près de Bordeaux en 2004, il progresse vers le nord au rythme moyen de 60 km par an. Le premier nid a été détecté en Wallonie en 2016 et les premiers cas d'attaque de ruches ont été signalés en 2017. Sa progression se poursuit en 2018. L'arrivée de ce nouveau prédateur pourrait fragiliser les ruches là où il parviendrait à s'établir en forte densité.

    Sur une carte disponible sur le site du Service public de Wallonie, on peut voir que le Hainaut est particulièrement impacté. À ce titre, des apiculteurs du Tournaisis ont appelé à l'aide récemment dans la presse.

    Que fait le Gouvernement wallon à ce sujet ?
    Des initiatives spécifiques sont-elles prévues ?
    Plus largement, que fait la Wallonie pour sauvegarder et protéger les abeilles, essentielles à notre biodiversité ?

    Des mesures sont-elles prises au niveau européen en concertation avec vos collègues ministres de l'Environnement des pays membres de l'Union européenne ?
  • Réponse du 18/05/2021
    • de TELLIER Céline
    Le frelon asiatique, Vespa velutina, est l’une des espèces listées par le règlement européen 1143/2014 sur les espèces exotiques envahissantes. Celui-ci impose aux états membres de mettre en place des mesures de gestion pour limiter le plus possible son impact sur la biodiversité.
     
    C’est pourquoi dès l’inscription du frelon asiatique sur cette liste européenne, le CRA-W a reçu mission de :
    - mettre au point une méthode de neutralisation des nids de frelon asiatique,
    - mettre en place une équipe provisoire de neutralisation des nids pour ralentir la progression du frelon en Wallonie
    - former des professionnels à la neutralisation des nids de frelons appelés à assurer la lutte sur le long terme.
     
    Conformément à ses engagements, le CRA-W a mené à bien ces différentes missions jusqu’à la fin de l’année passée. Il a identifié et assuré des formations auprès de deux acteurs clés pour la suite des actions à mener, à savoir les zones de secours des services d’incendie et les désinsectiseurs privés.
     
    Avec l’augmentation des nids, les capacités d’intervention du CRA-W sont aujourd’hui dépassées. Étant donné l’impact potentiel des frelons sur l’apiculture et l’agriculture, mais également sur la biodiversité et les pollinisateurs sauvages, ainsi que son impact potentiel sur la santé publique, mon cabinet travaille en concertation avec le cabinet du Ministre Borsus pour mettre en œuvre des solutions coordonnées, et notamment dégager des budgets pour pouvoir répondre aux demandes de destruction de nids.
     
    Mon collègue Willy Borsus finalise en ce moment la procédure qui, dans le cadre de la convention Bee-Wallonie, permettra d’apporter un appui en ressources humaines au CRA-W pour assurer la continuité des formations auprès des opérateurs tant publics (DNF, pompiers…) que privés.
     
    Le CRA-W a également recommandé de mettre en place une procédure officielle d’agrément de ces opérateurs en lien avec une formation spécifique et un mécanisme de défraiement des actions de neutralisation des nids ainsi qu’un mécanisme de rapportage et de contrôle des opérations mises en place.
     
    La procédure d’agrément est à l’étude au cabinet de mon collègue Willy Borsus, et la volonté est bien de pouvoir la finaliser également dans les plus brefs délais, afin que de plus nombreux opérateurs puissent réaliser les interventions nécessaires de la manière la plus adéquate et sécurisée possible.
     
    En ce qui concerne, de manière générale, l’action des autorités envers les pollinisateurs, il convient de rappeler que les abeilles mellifères et autres pollinisateurs au sens large, sont soumis à trois grandes pressions principales : 1) les maladies, les parasites et les prédateurs, 2) l’appauvrissement des ressources nutritives, 3) les contaminants de l’environnement.
     
    Pour y apporter des remèdes, la Wallonie mène différentes actions au travers de différents outils.
     
    Le programme Bee Wallonie, sous l’égide de mon collègue Willy Borsus, comprend un volet sanitaire incluant notamment, l’élaboration d’un outil informatique de diagnostic et d’intervention (CARI), des concertations agriculture – apiculture, des recherches sur l’impact des CIPAN (Cultures Intermédiaires Pièges à Nitrates), des recherches sur les causes des intoxications aigües des colonies d’abeilles (CRA-W) des recherches sur la contamination du pollen (projet PolBEES - CRA-W). Il y a également un volet encadrement avec toute une série d’actions d’information (CARI).
     
    La Wallonie accorde également son soutien en subsidiant des formations à l’apiculture et différents projets comme celui de l’ASBL Arista Bee Research Belgium pour la sélection d’abeilles résistantes au Varroa via le comportement VSH ou le projet Quali Wax sur le suivi de la contamination des cires et la recherche sur l’impact de celles-ci sur la santé des abeilles.
     
    Il y a également un groupe de travail « pollinisateurs » organisé au niveau fédéral qui travaille sur une stratégie nationale sur les pollinisateurs et entretient des échanges avec les autres états membres et la Commission. Au niveau européen, il y a effectivement des actions avec notamment le bannissement de certains néonicotinoïdes.
     
    Enfin, dans le cadre de mon mandat, je mène de nombreuses actions de préservation et de développement de la biodiversité sur le territoire wallon. Un environnement plus diversifié est une condition nécessaire et préalable au maintien et à la résilience des populations d’espèces de pollinisateurs sauvages et domestiques.
     
    Que ce soit au travers, entre autres, des programmes de renforcement des aires protégées, des 4 000 km de haies, de la subvention BiodiverCité aux communes (qui comprend une thématique « polinisateurs »), toutes ces actions contribuent à offrir un environnement de qualité au développement de la vie sauvage et notamment à leur offrir les ressources nutritives nécessaires.