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Le projet Eurocarex visant à relier les aéroports via des lignes ferroviaires à grande vitesse

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 142 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 27/04/2021
    • de GALANT Jacqueline
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    Cela fait quinze ans, au moins, que dès qu'on présente le projet Eurocarex, il suscite rapidement l'attention, voire l'enthousiasme. Il s'agit d'utiliser les lignes ferroviaires à grande vitesse pour relier, la nuit (quand elles ne sont pas utilisées), les aéroports entre eux avec des trains uniquement chargés de marchandises. À 250 ou 300 km/h, il y a une logique économique et écologique, en effet, à ne pas utiliser des avions pour relier des aéroports distants de moins de 500 km. Un moyen d'éviter des milliers de camions sur les routes ou des vols pour des distances qui ne justifient pas l'usage de l'avion.
     
    La Région wallonne vient de retirer le « TGV fret » de l'enveloppe de 5,9 milliards d'euros que la Belgique doit recevoir de l'Europe pour conforter sa relance. La presse révélait ce week-end que le projet (60 millions pour créer un rail port à l'aéroport, un tunnel de connexion et une liaison ferroviaire pour rejoindre l'Allemagne) a été diminué puis retiré de la liste.
     
    Les retombées du développement du système de TGV fret, sur 30 ans, représentent une marge bénéficiaire de 1,3 milliard d'euros et, au passage, la création de 3 000 emplois dont plusieurs centaines à Liege Airport.
     
    Monsieur le Ministre pourrait-il nous exprimer son point de vue concernant ce projet ?
     
    Quels éléments ont justifié le retrait de ce projet du Plan de relance wallon ?
     
    Des concertations avec ses collègues au niveau européen ont-elles lieu ?
    Si oui, qu'en ressort-il ?
     
    La Wallonie pourrait-elle devenir la locomotive à la tête de ce projet, de par sa place centrale en Europe et ses hautes capacités diplomatiques ?
  • Réponse du 03/06/2021
    • de CRUCKE Jean-Luc
    Dès décembre 2020, j’ai demandé et obtenu l’inscription du projet de Liège Carex au sein des projets remis dans le cadre du plan européen de relance et de résilience.

    Nous étions convaincus que ce projet correspondait pleinement aux objectifs fixés par la Commission. Le caractère transnational était un élément positif supplémentaire dans notre réflexion. Malgré tous nos efforts, nous avons dû constater les réticences de la Commission, qui a émis de vives réserves quant à la capacité à réaliser le projet Carex d’ici à 2026 (qui est, comme l’honorable membre le sait, la date butoir pour la réalisation effective des investissements envisagés dans le Plan de Relance et de Résilience).

    En effet, pour que le projet de Liège Carex se concrétise, il est nécessaire qu’il y ait plusieurs plateformes Carex en Europe. Or, les dernières informations sur l’état d’avancement de Roissy-Carex émanant des autorités françaises n’étaient pas positives : Roissy-Carex n’est pas abandonné, mais les autorités françaises ne peuvent s’engager à ce que Roissy-Carex soit définitivement terminé en 2026.

    Les informations en provenance d’Amsterdam, de Leipzig ou de Francfort (les autres villes concernées par le projet Carex n’étaient pas plus positives puisqu’il en ressortait que ces villes n’avançaient pas non plus dans leurs projets respectifs.

    Alors qu’à Liège, le projet est mûr, c’est en raison de ce manque d’avancement des projets dans les autres pays que la Commission européenne a expressément demandé que le projet de « Liège Carex » soit retiré du plan.

    Notons ici que la récente désignation de Mathieu Grosch, ancien député européen germanophone, comme président d’EuroCarex est un élément positif pour redynamiser le projet au niveau européen et renouer les contacts avec les Pays-Bas et l’Allemagne.

    Contrairement aux informations qui ont circulé, la Commission européenne a par ailleurs simplement posé, comme elle l’a fait pour tous les projets déposés, des questions relatives au DNSH (Do Not Significant Harm) – principe visant à ce qu’une activité économique ne fasse pas de mal aux objectifs environnementaux - sans remettre un avis négatif sur cette question. Elle a fait de même concernant la thématique des aides d’État dans le processus du développement de l’infrastructure.

    Concernant la diminution de demande de financement européen au sein des fiches, il s’agissait d’un projet de réflexion visant à compléter le financement demandé à l’Europe avec le Plan « Get up Wallonia ! », dans l’attente de l’avis de la Commission.
    Vu la demande de la Commission, j’ai désormais sollicité l’accord du Gouvernement pour que les moyens qui n’ont pas pu être engagés dans le plan de relance européen soient transférés dans notre plan wallon.

    À la suite de la demande de retrait de la fiche par la Commission, j’ai directement signifié à la Commissaire européenne en charge des Transports, Madame Adina VALEAN, que :
    - la Wallonie veut continuer à soutenir le projet de Liège Carex qui s’intègre pleinement dans les objectifs européens d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2050 ;
    - mon souhait est de connaître les autres programmes européens dont nous pourrions bénéficier pour matérialiser ce concept du fret à grande vitesse en Europe.

    J’ai également sollicité son soutien afin de réunir l’ensemble des acteurs et de confirmer la volonté européenne de soutenir le développement du fret ferroviaire afin de remplacer les modes routier, maritime et aérien.

    À ce stade, je n’ai pas de retour de sa part. S’agissant d’un dossier essentiel à mes yeux tant pour le développement de Liege Airport qu’en matière de transition environnementale, j’ai à nouveau interrogé Madame Adina VALEAN sur le dossier Carex.

    Par ailleurs, j’ai également sollicité le Ministre français en charge des Transports pour qu’une nouvelle rencontre soit rapidement organisée, ceci afin que son action soit totalement en phase avec ses déclarations sur le plan européen et les objectifs dans la France dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.

    Ici aussi et dans l’attente d’un retour de sa part, j’ai d’ores et déjà relancé le Ministre Jean-Baptiste DJEBARRI sur ce dossier.

    J’ai également rencontré l’ambassadrice de France en Belgique afin de la sensibiliser à ce projet et de lui demander de relayer nos préoccupations au niveau des autorités françaises.

    Enfin, au niveau du Fédéral, j’avais rencontré le Ministre de la Mobilité Georges GILKINET afin d’évoquer le projet et il n’y avait pas eu de réticence de son côté. J’ai d’ailleurs lu avec intérêt l’intervention de mon collègue sur l’importance du développement du fret ferroviaire lors de sa visite récente au Terminal Container d’Athus.

    Ici aussi, j’ai réattiré son attention sur l’importance du dossier Carex.

    L’honorable membre le constatera : il est ainsi dans mes intentions de continuer à promouvoir le projet de Liège Carex pour permettre le basculement d’une partie du fret aérien et/ou camionné vers le ferroviaire à grande vitesse.

    La fluidification du transport routier autour du railport serait effective directement.

    Un autre gain espéré de ce projet serait une réduction du nombre de vols de repositionnement grâce à un maillage ferroviaire renforcé du territoire européen. Le projet une fois réalisé sera également, comme elle le souligne, vecteur de nombreux emplois.

    Pour ces raisons, au niveau wallon, je compte donc continuer à soutenir le projet Liège Carex. Le retrait de la fiche est un contretemps, une opportunité manquée, mais n’est pas un « coup de grâce » ou ne marque pas la fin de ce projet.