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L'impact pour les navetteurs wallons de la fermeture de deux bandes de circulation aux Quatre Bras de Tervueren par la Région flamande

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 475 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 27/04/2021
    • de de COSTER-BAUCHAU Sybille
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    La Région flamande entend déployer le projet intitulé « Werken aan de ring » impliquant de grands travaux d'élargissement autour du ring de Bruxelles. Parmi ceux-ci, figure un projet de réaménagement qui concerne l'est de la Région bruxelloise : l'avenue de Tervueren (N3) et les Quatre Bras de Tervueren. Dans ce projet, le tronçon bruxellois de la (N3) se verrait retirer son bras sud afin d'en faire une autoroute cyclable. Le trafic entrant et sortant serait alors ramené sur l'unique tronçon nord. La Région flamande entend donc supprimer deux bandes de circulation (une voie pour le trafic entrant et une voie pour le trafic sortant) aux portes de Bruxelles pour en faire une autoroute cyclable dans chaque sens.

    Ce projet flamand de mobilité sur le tronçon des Quatre Bras impacte directement les habitants de la commune de Woluwé-Saint-Pierre mais il impacte également tant les habitants des communes limitrophes que les navetteurs accédant à Bruxelles. Les autorités communales rejettent cette initiative dont une phase « test » est prévue à partir de la fin du mois d'août. Pratiquement, la Région flamande envisage de mettre en place des bollards et des blocs de béton sur ce tronçon de la fin août à début octobre.

    Ce projet de mobilité ne présente-t-il pas des risques économiques et sociaux à savoir qu'il dissuaderait les navetteurs wallons de venir travailler quotidiennement sur le territoire de la Région bruxelloise ?

    Monsieur le Ministre a-t-il pris contact avec ses homologues des deux autres Régions sur ce projet ?
    Si oui, pourrait-il nous donner des précisions ?

    Ce projet est-il en adéquation avec les corridors vélos dont il a rappelé le calendrier de mise en œuvre lors de la commission du 29 mars dernier ?
    Si oui, pourrait-il nous fournir des clarifications en ce sens ?
  • Réponse du 03/05/2021
    • de HENRY Philippe
    Ce projet consiste en l’aménagement d’une « fietsnelweg » entre la Flandre et Bruxelles, c’est-à-dire en traduction littérale, une voie rapide pour vélos. Cela correspond à ce que nous avons décidé d’appeler en Wallonie les « corridors cyclables ».
     
    Cet aménagement cyclable permettra plus précisément de relier la commune de Tervuren à Bruxelles. Il sera néanmoins aussi utile aux cyclistes qui emprunteront le corridor cyclable de la E411. En effet, au niveau de l’échangeur de Jezus-Eik, il est possible de prendre un itinéraire cyclable qui ramène vers le carrefour de Tervuren. L’aménagement sera donc également bénéfique aux cyclistes wallons se rendant à Bruxelles.
     
    De manière générale, le projet « Werken aan de ring » de la Région flamande impliquant de grands travaux autour du ring de Bruxelles-Capitale, tout comme le projet « Smart Move » de la Région Bruxelles-Capitale auront évidemment des retombées sur la mobilité des Wallons se rendant dans la capitale.
     
    Si effectivement la capacité du R0 est réduite, que l’on supprime le Viaduc Herman Debroux, qu’on limite les accès via Uccle, et que l’on réduit la capacité de la RN5 depuis Waterloo, on se retrouverait à une réduction très significative de la capacité d’accès en voiture depuis la Wallonie par la E411 et le sud du R0.
     
    La Wallonie ne dispose pas encore d’outils de modélisation du trafic permettant d’évaluer les reports que pourrait engendrer ce projet. Les régions bruxelloise et flamande ont cependant des outils de modélisation du trafic autour de Bruxelles, mais qui sont optimisés pour leur territoire et donc peu enclins à identifier l’impact sur le réseau wallon.
    Le test que la Flandre va mettre en place aux Quatre Bras de Tervueren nous enseignera réellement sur son impact, et débouchera à terme sur des adaptations le cas échéant.
     
    Ces projets, élaborés dans le cadre d’un souhait de changement modal au niveau de nos voisins, ont certes des conséquences côté wallon mais peuvent aussi être vus comme une opportunité de changer de mobilité et tendre vers nos objectifs ambitieux de transfert modal. Par ailleurs, soyons attentifs à ne pas opposer risques économiques, sociaux et environnementaux. La surmortalité, les maladies dues à la pollution de l’air, et de manière générale, les externalités générées par le changement climatique, ont des impacts économiques et sociaux bien plus conséquents. 
     
    Pour rappel, des solutions alternatives à la voiture existent vers Bruxelles. Le RER n’est pas un mythe, il existe déjà en grande partie. Les fréquences et les temps de parcours actuels sont déjà qualitatifs et atteindront leur objectif de 1 train par sens tous les quarts d’heure en 2025, aussi bien sur la ligne Ottignies-Bruxelles que la ligne Nivelles-Bruxelles.
     
    Dans quelques mois, il sera possible de rejoindre directement le P+R de Louvain-La-Neuve à partir de l’E411 et de rejoindre Bruxelles en train en 37 minutes.
    Les corridors vélo le long de la E411 et de la N275 sont également prévus. Ils ne seront pas opérationnels pour la phase test, mais seront, à l’horizon de 2025 au plus tard, une alternative très utile pour de nombreux navetteurs. Les projets de mobilité flamands et bruxellois risquent d’en augmenter l’attractivité, ce qui est appréciable.
     
    En conclusion, les projets de mobilité cités amèneront à repenser la mobilité vers Bruxelles au bénéfice, je l’espère, d’une mobilité plus durable. Je ne manquerai bien évidemment pas de suivre de près ce projet flamand et ces répercussions sur la mobilité des Wallons et des Wallonnes.