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L'impact de l'état des routes sur la sécurité des motards

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 482 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 27/04/2021
    • de NEMES Samuel
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    La Ministre De Bue a récemment voulu mettre en place un contrôle technique pour les motos sur base d'une directive européenne. Cela a été très mal vu par les motards qui se sont mobilisés et la mobilisation a payé : la Ministre a annoncé que l'échéance est reportée et qu'elle demande une dérogation à l'Europe comme la France. Avec le PTB, nous tenons à féliciter les motards pour leur mobilisation, la victoire n'est pas totale mais ça va dans le bon sens.

    L'argument utilisé pour ce contrôle technique est la sécurité routière des motards. Cet argument a été fustigé par les motards pour qui l'état de la route a une responsabilité bien plus importante dans les accidents de motos que l'état de leur motos. Ils ont avancé le chiffre de moins de 1 % d'accidents à cause de l'état des motos alors que plus de 7 % de ces accidents seraient dû à l'état des routes.

    Il est important de souligner que les conséquences d'un mauvais état des routes sont bien plus graves pour les motards. Il y a des endroits où les nids de poule sont tels que les roues avant des motos risquent de rester coincées, cela peut entraîner des dégâts humains irréparables alors que les voitures vont avoir un “simple” pneu crevé.

    Si on se préoccupe vraiment de la sécurité des motards, nous devons nous attaquer aux causes réelles des accidents comme la sécurité routière.

    Quelle action Monsieur le Ministre va-t-il prendre pour répondre à ce problème récurrent de l'état des routes qui est un fléau pour de nombreux motards ?
  • Réponse du 03/05/2021
    • de HENRY Philippe
    La sécurité des motards est un enjeu important, ils font partie des usagers « faibles » sur la route et à ce titre il faut y être très attentif. Je rappelle que cette assemblée a déjà abordé cette problématique début de cette année en adoptant une résolution.
     
    La prise en compte des motards, et de l’ensemble des catégories d’usagers, est bien prévue dans les aménagements routiers, que nous devons améliorer en permanence.  
     
    Dans ce domaine, les aménagements sont importants, très importants pour la sécurité des motards, mais il n’y a pas non plus que cela. Cela peut être un élément aggravant en cas d’accident. Il y a certainement d’autres éléments sur lesquels on doit travailler : la prévention, le comportement d’une manière générale, et le bon équipement.
     
    Voici quelques éléments de contexte, tirés de l’étude Motac « Motorcycle Accident Causation », réalisée par l’IBSR (Institut Vias) à la demande du SPF Mobilité et Transport, et qui a analysé de façon détaillée le déroulement de 200 accidents graves de moto :
    * 35 % des accidents graves ou mortels étudiés se sont produits sans qu’un autre usager ne soit impliqué ;
    * un peu plus d’un cinquième des accidents graves ou mortels étudiés sont des collisions avec un autre usager qui n’a pas détecté le motard ;
    * plus de 50 % des conducteurs qui entrent en collision avec un motocycliste déclarent ne pas l’avoir vu ;
    * au moins 1 motocycliste sur 3 impliqué dans les accidents graves et mortels étudiés roulait trop vite ;
    * au moins 20 % des motocyclistes testés étaient positifs à l’alcool.
     
    Cette étude a montré que la vitesse excessive du motocycliste et un manque d’attention des autres usagers, essentiellement des automobilistes vis-à-vis des motocyclistes constituent les causes d’accident les plus fréquentes.
     
    Par ailleurs, 44 % des motocyclistes conduisaient avec un permis B obtenu avant 1989 et n’avaient donc pas passé d’examen spécifique pour conduire une moto. Et 17 % des motocyclistes n’avaient pas de permis de conduire valable.
     
    Toujours selon cette l’étude, il apparait que l’état du revêtement de la chaussée ne joue un rôle - souvent secondaire - que dans 7 % des accidents de moto graves ou mortels analysés.
     
    La fréquence de ces problèmes est donc relativement faible au regard des facteurs humains précités.
     
    Néanmoins, la sécurisation et l’entretien des infrastructures de manière générale sont des priorités pour cette législature. C’est plus que l’extension du réseau routier qui engendre toujours, chaque année, des charges supplémentaires le cas échéant. C’est bien pour cela que nous avons pris cette priorité de l’entretien et de la sécurisation. Nous l’avons traduite dans le plan Infrastructures et Mobilité pour tous en y consacrant une grande partie des moyens.
    Les chantiers de réfection et d’entretien des routes prévus notamment via ce Plan, avec pour rappel un budget total de 879 M euros pour les projets géolocalisés et 130M euros pour des raclages-poses d’ici 2026, ont bien pour but d’améliorer l’état des routes tant pour les motards que pour tous les autres usagers de la route.