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Le projet de canal Paris-Bruxelles

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 490 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 07/05/2021
    • de GARDIER Charles
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    La presse s'est récemment faite l'écho du premier coup de pelle réalisé en France dans le cadre d'un projet de canal reliant Paris à Bruxelles, dont l'inauguration est prévue en 2028. L'incidence de cette autoroute de transport fluvial pour la Wallonie est évidente, de la création d'emplois à la réduction de l'impact environnemental du transport de marchandises.

    En effet, il est acquis qu'un seul porte-conteneurs engagé par voie fluviale permet d'éviter des centaines de trajets par camion. On imagine les économies réalisées d'un point de vue environnemental ou sur l'état des routes. Pensons également à la connectivité touristique entre Paris et Bruxelles : grâce à ce projet, il pourrait être possible de rallier les deux capitales par bateau.

    Quant aux enjeux de ce projet pour la Wallonie, mes questions sont dès lors les suivantes.

    Monsieur le Ministre a-t-il d'ores et déjà évoqué ce projet lors de contacts bilatéraux et multilatéraux avec nos voisins français, mais aussi consécutivement aux débats inhérents à la concertation intrabelge ? Dans l'affirmative, qu'en est-il ressorti ?

    Ce chantier nécessitera-t-il des travaux d'adaptation du réseau fluvial en Wallonie ? Si oui, lesquels ?

    Les conséquences positives sur l'emploi ont-elles déjà été évaluées ?

    Enfin, quels moyens budgétaires la Wallonie consacrera-t-elle à ce projet ?

    Subséquemment, à quelle hauteur l'Union européenne, notamment au travers des fonds FEDER, interviendra-t-elle ?
  • Réponse du 12/05/2021
    • de HENRY Philippe
    Le canal dont le lancement de la construction a été abondamment relayé par la presse est le canal Seine-Nord Europe : un canal à grand gabarit de 107 km de long, situé entre Compiègne et Cambrai dans le Nord de la France et qui constitue un chaînon manquant du réseau transeuropéen de transport fluvial. Ce canal est l’élément central d’un projet beaucoup plus vaste, dénommé Seine-Escaut.

    Le projet Seine – Escaut vise à redévelopper l’ensemble du réseau fluvial stratégique reliant Paris, Anvers et Rotterdam et le futur canal Seine – Nord. Il fait l’objet d’une décision d’exécution adoptée le 27 juin 2019 qui engage les partenaires dont la Wallonie a réalisé un certain nombre de travaux dans des temps impartis. Seuls les plus grands projets européens se voient doter d’un tel dispositif.

    Le projet Seine-Escaut a officiellement démarré en 2005 et l’ensemble des résultats sont attendus pour 2030. La Wallonie est partie prenante depuis le premier jour.

    Dès 2005, il était clair que le réseau fluvial wallon arrivait à une époque charnière de son développement, pour trois raisons principales : plusieurs ouvrages de franchissement arrivaient à saturation, des ouvrages clés du réseau étaient en fin de vie et l’Europe replaçait le développement du transport fluvial au cœur des stratégies de développement des réseaux transeuropéens de transport.

    L’inscription de la Wallonie dans ce programme répondait donc à enjeux multiples :
    - la volonté de renforcer la connexion transnationale du réseau wallon aux bassins parisien et du Nord ;
    - le souhait de moderniser l’ensemble de l’outil wallon sur le territoire traversé par l’harmonisation vers la classe Va des différentes voies du Hainaut et Vb sur la Lys ;
    - la détermination à renforcer l’efficacité du mode fluvial et d’en faire une alternative à la route ;
    - l’opportunité de mettre en lumière les atouts de la Wallonie dans le transport fluvial.

    Sur l’enjeu économique, le projet a fait l’objet de plusieurs études préalables qui démontraient la grande pertinence du projet. Quant aux retombées sur l’emploi en Wallonie, ces retombées se déroulent soit directement dans les chantiers qui sont menés soit indirectement dans les entreprises bénéficiaires du nouveau service développé.

    La Région wallonne est directement impliquée dans la gestion du projet, les contacts via l’administration sont permanents et, depuis 2005. La Wallonie siège également dans les deux principales instances de gouvernance du projet : la commission intergouvernementale et le groupement européen d’intérêt économique.

    Les Ministres successifs ont eu de nombreuses occasions d’intervenir sur des phases particulières de développement. Le projet est mentionné dans toutes les DPR depuis 2009. Le Parlement wallon a également un rôle très important à jouer dans ce projet puisque, pour ne citer que l’élément le plus récent, il se penche actuellement sur le projet de décret d’assentiment de la convention internationale de la Lys mitoyenne qui résulte directement du projet Seine-Escaut.

    Je peux citer quelques projets qui sont réalisés dans le cadre de ce projet : la mise au gabarit Vb de la Lys ; l'élargissement de la passe navigable dans la traversée de Tournai ; la réouverture du canal Pommeroeul-Condé ; la construction de nouveau barrage à Herrines et Kain ; et cetera.
    Sur la programmation 2014-2021 que nous achevons c’est 176M€ HT de travaux qui auront été réalisés

    Un dossier est en cours de préparation pour la programmation 2021-2027 dont l’appel à projets est attendu pour cet automne. Je peux là aussi citer quelques projets :
    - les travaux de mise au gabarit Va sur la Dorsale wallonne de Pommeroeul à Seneffe, et de Seneffe à Charleroi ;
    - la construction de trois écluses Va à Marchienne, Gosselies et Viesville et l’élargissement du bassin de virement de Viesville ;
    - les travaux préparatoires à la téléconduite des ouvrages ;
    - le dédoublement des sas des écluses de Kain et d’Hérinnes.

    Ce sont de nouveau plusieurs centaines de millions d’euros de travaux qui sont à l’étude.

    La Wallonie est donc complètement impliquée dans ce projet Seine-Escaut, et ce depuis 2005. Les investissements qui ont été réalisés sont importants, l’implication de la Wallonie dans les instances de gouvernance est complète et d’autres moyens financiers seront encore mobilisés pour achever ce projet primordial pour notre Région.