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Le nombre de tués sur les routes wallonnes selon l'Observatoire européen de la sécurité routière

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 234 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 07/05/2021
    • de AGACHE Laurent
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    Entre 2010 et 2019, le nombre de tués sur les routes de l'Union européenne a baissé en moyenne de 23 %. La Belgique progresse un peu mieux avec un recul de 24 % (L'Allemagne est à -17 % et la France à -19 %).

    Par contre, quand on examine plus en détail cette statistique, plusieurs aspects restent interpellants.

    Avec 56 tués par million d'habitants en 2019, la Belgique se situe à la 16e place sur 27, juste au-dessus de la moyenne européenne (51), selon le décompte établi par l'Observatoire européen de la sécurité routière. Une place en milieu de classement qu'il faut relativiser lorsque l'on compare à nos proches voisins : les Pays-Bas, avec une moyenne de 34 tués, le Luxembourg 36 et l'Allemagne 37. La France est à 50. La Suède (22) est la mieux classée. Avec 56, nous sommes coincés entre l'Italie et la Tchéquie.

    Si nous sommes dans la norme pour les accidents en ville et zone rurale, ce n'est pas le cas au niveau des autoroutes. La Belgique se classe 25e sur 27 laissant Chypre et la Lituanie derrière nous.

    Autre point négatif pour la Belgique : la moyenne de 7,2 tués dans des accidents de vélo par million d'habitants, ce qui nous classe 18e sur 21 (tous les pays n'ont pas rentré les données pour chaque catégorie d'usagers).

    Par contre, notre « score » est moins mauvais pour les accidents de piétons (8e sur 24), ce qui est mieux que les accidents d'autocars (9e sur 20), de motards (10e sur 20), de camions (14e sur 20) et de seniors (16e sur 25).

    Madame la Ministre dispose-t-elle de données plus précises au niveau de la Wallonie concernant ces types d'accidents ?

    Quelle analyse en tire-t-elle et quelles sont les pistes d'actions qu’elle envisage pour diminuer le nombre de ces différents accidents mortels ?
  • Réponse du 31/05/2021 | Annexe [PDF]
    • de DE BUE Valérie
    Les données publiées par l’Observatoire européen de la sécurité routière sont une compilation de données nationales, telles que collectées et fournies par les différents pays européens. Il faut noter que les chiffres mentionnés dans cette question n’ont pas été trouvés dans une publication de l’Observatoire.

    Ces chiffres semblent être extraits de l’article de presse « Crashs sur autoroute : la Belgique 25e sur 27 ! » publié dans SudPresse le 21 avril 2021.

    L’analyse a visiblement été réalisée par l’institut Vias qui a accès à la base de données « Care » (banque de données communautaire sur les accidents de la circulation routière) utilisée par l’Observatoire.

    Quoi qu’il en soit, comparer l’accidentalité routière de différents pays - ou de façon générale de différents territoires - est un exercice extrêmement complexe et périlleux. L’exercice ne peut se faire sans prendre en compte ce que l’on appelle « les données d’exposition au risque », que sont les différents indicateurs de l’importance du trafic routier et de ces caractéristiques (combien ? Qui ? Où ? Quand ? et cetera).

    Il s’agit de répondre à la question « Dans quelle mesure la population s’expose-t-elle au risque d’accident de la route ? ». Ainsi, il n’est pas étonnant, par exemple, d’observer beaucoup de morts dans un pays où le trafic est important.

    L’idéal est donc de pouvoir relativiser le nombre de victimes de la route avec les distances parcourues et les modes de déplacement utilisés. Mais cette information est rarement disponible ou avec un niveau de fiabilité ou de détails insuffisant, ce qui rend finalement impossible toute comparaison internationale. C’est pourquoi les comparaisons internationales relativisent le nombre de morts sur les routes avec la population du pays, seuls indicateurs largement disponibles et fiables en tant que tels.

    Utiliser cet indicateur étant mieux qu’il puisse être fait, l’ampleur et les caractéristiques du trafic routier ne sont absolument pas pris en compte dans ces comparaisons. Cela limite fortement la pertinence et la portée des comparaisons.

    Ainsi, il est probable que le nombre de cyclistes tués par million d’habitants soit plus élevé aux Pays-Bas qu’en France, en raison simplement d’un plus grand nombre de cyclistes sur la route. Cet indicateur ne dit absolument rien de la dangerosité de la pratique du vélo (risque d’accident par kilomètre parcouru).

    En définitive, si ces chiffres représentent des indicateurs d’un point de vue global, il y a lieu de les analyser avec le recul nécessaire compte tenu de ces éléments.

    Au-delà de ces comparaisons, nous sommes effectivement en mesure d’exposer de manière plus précise les données au niveau de la Wallonie.

    L’AWSR dispose en effet de la base des accidents de la circulation, qui reprend tous les accidents avec blessés ou tués qui ont été enregistrés en Belgique par les services de police. Cette base de données contient différentes variables décrivant les caractéristiques de ces accidents. De nombreuses analyses sont réalisées avec ces données afin d’objectiver l’insécurité routière en Wallonie.

    À titre purement indicatif, voici le nombre de décès sur les routes wallonnes en 2019 pour différents types d’usagers et circonstances et ce même nombre relativisé par la taille de la population wallonne au 1er janvier 2019. (Voir tableau en annexe)

    En ce qui concerne les pistes d'actions envisagées pour diminuer le nombre de ces différents accidents mortels, celles-ci sont principalement reprises dans les 10 mesures prioritaires à court, moyen et long terme, que j’ai développées à l’issue des États généraux de la sécurité routière. Ces mesures ont été élaborées sur base des rapports des différents groupes de travail et des résultats de la consultation citoyenne à la lumière des objectifs de la DPR en matière de sécurité routière de diminuer le nombre de décès sur les routes wallonnes en l’abaissant à 100 d’ici 2030.

    Il est nécessaire d’améliorer les infrastructures actuelles en tenant compte des nouvelles formes de mobilité, mais aussi de créer des changements durables de comportement sur nos routes. Cela passe par un renforcement des actions de sensibilisation et de prévention, par un accompagnement soutenu des usagers, mais également par une intensification des contrôles et une effectivité des sanctions.

    Ces mesures s’ajoutent au travail quotidien mené par l’ensemble des acteurs de la sécurité routière en Wallonie dans ce souci commun de remplir ces objectifs. Tant les actions actuellement mises en place que celles en projet sont animées par une notion commune, celle du « partage de la route ». Cette notion est essentielle pour diminuer l’insécurité routière et le nombre de victimes sur le réseau routier wallon.

    Il s’agit de ne plus se comporter uniquement comme un piéton lorsque nous marchons ou comme un automobiliste lorsque nous circulons en voiture… Il s’agit de devenir les usagers d’une route partagée, conscients des réalités et des dangers de chaque mode de déplacement et bienveillants envers les autres.

    C’est sur cette base que les différentes pistes sont échafaudées et que des actions précises sont entreprises ou en cours d’élaboration en vue d’améliorer la sécurité routière et diminuer le nombre d’accidents mortels sur nos routes.