Le bilan du projet Interreg FAI-R (Former-Accompagner-Inspirer la Rénovation efficiente)
Session : 2020-2021
Année : 2021
N° : 332 (2020-2021) 1
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Question écrite du 11/05/2021
de MATHIEUX Françoise
à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
En 2016 était lancé le projet FAI-RE (Former-Accompagner-Inspirer la Rénovation efficiente) qui s'inscrit dans l'un des trois programmes INTERREG. Il s'agit d'un partenariat profitable pour l'ensemble des régions - principalement pour leur tissu entrepreneurial.
Ces projets transfrontaliers sont essentiels pour la politique de transition énergétique et la rénovation du bâti qui doit être au centre de nos attentions. L'approche est intégrée et porte sur la compétence (formation), l'offre (les professionnels) et la demande (maître d'ouvrage). Après 4 ans et demi de travail, le projet est aujourd'hui terminé.
Quel bilan Madame la Ministre tire-t-elle de ce projet ?
Le budget initial prévu de 1 996 861,08 euros a-t-il été respecté ?
Quelles sont les retombées attendues pour la Wallonie ?
Réponse du 22/12/2021
de MORREALE Christie
Le secteur de la rénovation doit s’adapter et monter en compétences pour répondre aux nouvelles normes, techniques, à l’introduction de nouveaux matériaux, ainsi qu’à la demande grandissante en matière de solutions plus respectueuses de l’environnement. Pour atteindre une meilleure efficacité globale en rénovation, il est impératif d’améliorer le lien et la transversalité entre les différents acteurs (conception, mise en œuvre et gestion du bâtiment).
Le projet FAI-Re proposait de répondre à ces besoins par une approche intégrée agissant sur les leviers d’actions-clés que sont la demande, l’offre et la compétence. Pour ce faire, le projet avait pour objectifs de mettre en place des formations conjointes destinées aux acteurs de la construction et de la rénovation, de faciliter leur mise en réseau, ainsi que des formations pour les acteurs de l’accompagnement afin de favoriser l’échange de savoirs et de méthodes. L’approche transfrontalière permettait d’élargir le champ d’action en intégrant les apports transfrontaliers sur les techniques innovantes, les savoir-faire ou encore la mutualisation des outils d’accompagnement. Elle permettait également d’additionner des moyens, de multiplier des idées, d’échanger de bonnes pratiques et de mutualiser des équipements pour apporter une réponse plus efficiente à des enjeux identiques de part et d’autre de la frontière.
En 4 ans 1/2, le projet FAI-Re a déployé 208 activités auxquelles ont participé plus de 10 000 personnes et se sont associés plus de 250 professionnels et organismes liés à l'emploi ou la formation.
Parmi ces 208 activités, 150 étaient des actions de formation à destination des professionnels et futurs professionnels du secteur : visites de chantiers, d'entreprises, conférences, rendez-vous techniques, jeudis du Webinaire FAI-Re... et enfin une formation scolaire appelée « Mallette à Isolation ». Cette formation technique et ludique sur les bases d'une bonne isolation, à destination des élèves du technique et du qualifiant, est d’ailleurs largement plébiscitée par les écoles encore maintenant. Toujours concernant cette formation, 114 enseignants et formateurs wallons et français ont été formés à l’utilisation de ladite mallette qui a été largement mise à leur disposition.
Une des préoccupations majeures du projet a été également d’associer les différents acteurs du territoire afin que les actions répondent au mieux aux besoins et attentes de ceux-ci tout en favorisant la rencontre du secteur professionnel et du monde académique. À cette fin, 3 salons d'entreprises ont été organisés dans les universités du territoire, mais également 4 Workshops associant dans des équipes mixtes « futurs maîtres d'œuvre (étudiants de FA&U UMONS, ENSAPL, UPHF) et futures mains qui œuvrent (Apprenants des Compagnons) ». Le succès de ces 4 Workshops a (dé)montré : - L’intérêt de croiser les profils afin de leur faire partager leurs connaissances et amorcer la construction des relations qui devront se mettre en place dans le monde du travail ; - La nécessité de mettre en place une véritable dynamique entre les universités et les centres de formations/l’enseignement technique et qualifiant afin de déployer une nouvelle « économie » de la construction.
Un autre axe de travail important a également été, au travers des RénoKids, la sensibilisation des plus jeunes aux qualités et à l'importance des métiers du bâtiment. Cette activité qui se déroulait en 3 jours et permettait aux enfants de découvrir le bâti transfrontalier et les métiers qui y sont rattachés pour ensuite aller, durant 1 journée, expérimenter ceux-ci dans un des centres de formation partenaire du projet.
La mise en réseau transfrontalière des acteurs et le partage d'expériences a aussi été au cœur du projet FAI-Re avec : - Le réseau des artisans du patrimoine qui a permis, en confrontant les regards et les pratiques de chantiers, d'ouvrir un dialogue transfrontalier sur les avantages/inconvénients, les attentes/freins, mais aussi sur les valeurs communes partagées autour de la définition de l'artisan du patrimoine et de son rôle. Un annuaire a également été réalisé afin de faire connaître et reconnaître les artisans impliqués dans le réseau et donner de la visibilité à celui-ci ; - Sur le même principe d'échanges de pratiques et d'outils, 8 journées de partage ont été organisées entre les guichets de l'Energie wallons et les Espaces Info-Energie français qui souhaitaient collaborer de façon plus étroite sur les sujets de la sensibilisation et de l'accompagnement des rénovateurs. La dynamique a bien pris et ceux-ci ont d’ailleurs décidé de réaliser en commun, avec l’aide du projet FAI-Re, 2 vidéos didactiques et d’information à destination de leurs publics ; - 3 journées de partage d'expériences entre les acteurs du logement public des 2 versants ont également été organisées. Elles ont fait l'objet de riches échanges autour des pratiques et outils développés de part et d'autre.
Les activités liées à la rénovation/l'Auto-Réhabilitation Accompagnée (ARA) ont attiré de nombreux participants transfrontaliers. L'intérêt pour ces nouveaux modes de collaboration sur chantier et les nombreuses questions qui résultent de ces rencontres montrent l'importance d'avancer de part et d'autre de la frontière, sur ce sujet porteur d'avenir.
En termes de livrables, le projet FAI-Re a permis : - la production de 3 livrets de 20 Histoires de rénovation et les expositions en lien qui ont récolté un franc succès. Les expositions ont circulé dans divers lieux et ont permis d'élargir les publics touchés ; - la réalisation d’une plaquette de présentation de l'ARA aux maîtres d’ouvrage ; - la rédaction de fiches « Dynamiques locales inspirantes... » témoignant des actions innovantes et originales mises en place par les collectivités : elles fournissent, aux élus et techniciens intéressés de reproduire ces actions, les clés essentielles à leur mise en œuvre et les contacts au sein des collectivités les ayant déployées ; - la mise à jour et réédition de la Mallette à Isolation et la création de 2 affiches pédagogiques et de nouveaux outils (jeux pédagogiques et vidéos) ; - le développement de l’outil de formation ludique « La pathologie Box » permettant de travailler sur les pathologies rencontrées en isolation et sur la compréhension de leurs causes.
Au niveau de la consommation budgétaire, l’entièreté de l’enveloppe réservée aux opérateurs wallons du projet (FOREM, Cluster Eco-construction), à savoir 1 181 210 euros a été consommée. L’enveloppe globale du projet a, elle aussi, été entièrement consommée.
En réalité il y a même eu un léger dépassement au niveau des dépenses introduites et certifiées.
En effet, en raison de la crise sanitaire qui a nécessité une réorientation de certaines actions, de nombreuses activités dont l’évènement de clôture en présentiel du projet ont dû être annulées alors que beaucoup de frais avaient été engagés, et ce, principalement pour le chef de file.
Un des points forts du projet pour le versant wallon fut le développement de l’ARA (l'Auto-Réhabilitation Accompagnée). En effet, l’approche transfrontalière a permis de faire découvrir au versant wallon un nouveau mode de collaboration sur chantier au travers des exemples déjà mis en œuvre en France. Les différents évènements du projet sur le sujet ont permis d’enclencher la réflexion et de mobiliser différentes structures intéressées par cette thématique. Des collectivités wallonnes ont d’ailleurs pris des informations sur l’ARA ou marqué leur intérêt à lancer des opérations pilotes en la matière. Cependant, le sujet reste encore à travailler notamment au niveau des questions assurantielles et de responsabilité (et en particulier le risque lié à la notion de « travail au noir » en Belgique). Un annuaire transfrontalier des professionnels se positionnant sur le sujet a déjà été mis à disposition des maîtres d’ouvrage intéressés par la pratique.
Le projet FAI-Re a également accueilli durant sa mise en œuvre, l'IFAPME MBC que les opérateurs ont aidée dans ses projets visant à relancer une formation charpentier en Wallonie et d’étoffer le contenu de la formation ossature bois. En effet, en Belgique, la formation au métier de charpentier a, semble-t-il, disparu et avec elle ses savoir-faire spécifiques, dissous dans une filière bois multi métiers. Les COMPAGNONS ont pu au travers de cette action transmettre leurs savoirs et savoir-faire en la matière en collaborant aux deux premières années de lancement de cette « nouvelle filière » de formation.
Au niveau des activités, le projet a permis aux demandeurs d’emploi d’acquérir des compétences spécifiques sur des techniques de construction respectueuses de l’environnement et de ses occupants, mais également une plus grande ouverture d’esprit de par les échanges transfrontaliers. Les formateurs ont également pu, au travers des échanges avec leurs collègues, augmenter leurs compétences dans de nouvelles techniques et créer de nouveaux réseaux techniques et pédagogiques. La différence d’approche pédagogique du FOREm et des Compagnons est également une plus-value qui permet des échanges au niveau des pratiques et des évolutions de celles-ci.
Les visites de terrain (chantiers, fabricants…) et les rendez-vous techniques axés sur des produits issus du territoire transfrontalier constituent aussi des éléments importants du projet qui ont permis de faire connaitre ceux-ci auprès du public, mais aussi de donner l’occasion aux professionnels des deux versants de se rencontrer et de tisser des liens. Pour les apprenants, ce fut l’occasion de sortir du cadre, de rencontrer des professionnels et de tisser un premier réseau, de découvrir et comprendre des modes de fabrication et ainsi de rendre concrets des apprentissages théoriques.
Un des acquis du réseau artisans est d’avoir permis à des structures belges et françaises qui ne se connaissaient pas de se rencontrer et d’échanger sur leurs pratiques et leurs valeurs (UAP et Compagnons de Jeumont, AWaP et Fondation du Patrimoine). Ces structures ont été présentées du début à la fin du projet, ce qui témoigne de leur engagement dans la démarche. Plus d’une centaine d’artisans wallons et français ont été sensibilisés à la dynamique transfrontalière permettant d’entraîner la réalisation d’une carte transfrontalière interactive et donc, une mise en lumière de ceux-ci - Annuaires des artisans du patrimoine (fai-re.eu).
Enfin, pour les collectivités impliquées, disposer d’un répertoire et réseau de professionnels afin d’être guidées, lors des chantiers de travaux publics, en toute sécurité vers les hommes de l'art était une demande qui fut rencontrée grâce à cet annuaire.