/

Le rôle de la Wallonie dans le soutien à la décarbonatation du "Capacity Remuneration Mechanism" (CRM)

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 553 (2020-2021) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 21/05/2021
    • de DEMEUSE Rodrigue
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    On le sait, les années d'impréparation de la transition énergétique belge rendent aujourd'hui nécessaire la mise en œuvre du mécanisme de CRM, afin de permettre le développement des énergies renouvelables et de pallier la fermeture des centrales nucléaires. Mais la Ministre de l'Énergie, Tinne Van der Straeten, est parvenue à calibrer le mécanisme de soutien pour qu'il porte sur un nombre le plus réduit possible de centrales au gaz, soit 2 à 3 nouvelles centrales.

    Elle a par ailleurs inclus dans le mécanisme de soutien à ces centrales une clause importante de durabilité, de façon à imposer la sortie des énergies fossiles. Concrètement, ces centrales ne pourront recevoir un soutien public qu'à la condition de s'engager à atteindre des émissions nulles ou négatives de gaz à effet de serre d'ici 2050 au plus tard. C'est donc une réelle opportunité de faire évoluer ces centrales vers un fonctionnement à l'hydrogène vert ou au biométhane, avec de réelles perspectives pour ces filières en Wallonie.

    Mais pour que cette transition s'opère le plus rapidement possible, cela nécessite un cadre fort et un accompagnement de la part de la Wallonie.

    Dès lors, quel rôle la Wallonie peut-elle jouer dans ce processus de décarbonatation des futures centrales au gaz pour qu'il soit le plus rapide possible ?

    Que met en place Monsieur le Ministre pour accompagner cette transition, notamment via l'adoption d'un cadre clair pour faciliter le développement des filières hydrogène et de biométhanisation ?
  • Réponse du 29/06/2021
    • de HENRY Philippe
    On le sait, l’urgence est à la lutte contre le réchauffement climatique en diminuant l’émission des gaz à effet de serre.  
    La fermeture des centrales nucléaires en Belgique nécessitera d’autres sources d’approvisionnement dont des centrales au gaz qui dégageront, immanquablement, du CO2, un des principaux gaz à effet de serre.
    Remplacer partiellement ou totalement le méthane comme combustible dans ces centrales par de l’hydrogène renouvelable est, à ce stade, difficilement envisageable. Du moins, sur le court terme.
    Si nous voulons réellement décarboner la production d’hydrogène, il faut utiliser de l’électricité renouvelable. Actuellement, cette opération a un rendement énergétique de l’ordre de 60 %. Et c’est cet hydrogène, produit au départ d’électricité verte, qui devrait être brûlé à la place du méthane pour produire de l’électricité.
     
    L’hydrogène vert est encore rare, de l’ordre de 4 % de l’hydrogène du marché. Les capacités de production sur le territoire wallon sont de plus limitées. Son importation, non sans problèmes, est envisagée, mais n’est pas, hélas, encore possible actuellement. Son utilisation doit donc rester réservée aux situations qui présentent des difficultés de décarbonation : certains processus industriels et les moyens de transport.
     
    À moyen terme, il semble évident que l’hydrogène renouvelable sera produit en quantité suffisante que pour nécessiter son stockage et une utilisation différée dans le temps, que ce soit dans des centrales thermiques ou des piles à combustible. Certains voient cette possibilité envisageable à l’horizon de 2040.
     
    Dans ce contexte, le biométhane ou le biogaz, en général, a probablement un rôle à jouer.
     
    Les perspectives ouvertes dans la Déclaration de Politique régionale et dans le Plan wallon Energie-Climat sont ambitieuses pour la filière biogaz. Le biogaz produit par les biométhanisations peut avoir plusieurs débouchés et le gaz vert constitue une nouvelle opportunité.
     
    Les projets de biométhanisation idéaux sont des projets d’économie circulaire, généralement intégrés au tissu rural, permettant la création d’emplois et la valorisation de matières ou de déchets locaux, afin de produire à la fois de l’énergie sous forme de biogaz, biométhane, biocarburant, électricité et/ou chaleur et un fertilisant de qualité. La Wallonie a donc de l’intérêt à promouvoir la biométhanisation sur son territoire.
     
    Les objectifs de production d’énergie renouvelable pour le biogaz par la biométhanisation en Wallonie à l’horizon 2030 dans le Plan Wallon Énergie Climat (PWEC) équivalent en 10 ans, environ au triplement du nombre d’installations actuelles. En 2019, ce sont 55 biométhanisations que comptait la Wallonie et en 2030, l’objectif est d’en compter environ 150 soit approximativement 50 biométhanisations en cogénération en plus et 50 biométhanisations avec injection de biométhane. Pour l’instant, bien qu’à différents stades, cinq projets d’injection de biométhane sur le réseau de gaz se développent en Wallonie.
     
    Ces ambitions doivent cependant bénéficier de moyens pour se développer. Les soutiens sont à équilibrer entre la part pour la production et la part pour les externalités positives générées.
     
    Les biométhanisations peuvent bénéficier à certaines conditions de différentes aides comme des aides à l’investissement pour l’utilisation durable de l’énergie et des certificats verts pour la production d’électricité ou des labels de garanties d’origine gaz issus de sources d’énergie renouvelable pour le biométhane injecté.
     
    Plus particulièrement, l’injection de biométhane dans le réseau s’accompagne d’une émission de labels de garanties d’origine gaz issues de sources d’énergie renouvelable pour le producteur. Celui-ci peut alors revendre ses LGO à une cogénération fossile qui souhaiterait virtuellement verdir sa production.
     
    En verdissant son installation, le producteur obtient un taux de CV additionnel.
     
    L’injection est intéressante, car le réseau servira de tampon entre le producteur et les nombreux clients raccordés au réseau.
     
    La valorisation se fait alors en dehors du site de production et toutes les valorisations équivalentes au gaz naturel sont possibles : chauffage, production d’eau chaude sanitaire, d’électricité, cuisson, procédé industriel, etc. L’alimentation de centrales turbine gaz vapeur par du biométhane pourrait constituer, dans ce cadre, une nouvelle voie de valorisation.
     
    Le nouveau paquet « gaz décarboné « annoncé fin de cette année par la Commission encadrera probablement mieux encore ce marché en expansion, de même que celui de l’hydrogène, mais il semble évident, déjà, que ces filières joueront un rôle essentiel à l’avenir et qu’il sera nécessaire de les soutenir le plus efficacement possible avec les mécanismes les plus clairs pour les développeurs de solutions.