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Le développement des centrales solaires

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 555 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 21/05/2021
    • de BELLOT François
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Le développement de grandes installations photovoltaïques au sol, dites « centrales solaires », ne paraît pas encore séduire la Wallonie où le photovoltaïque s'est principalement installé sur les toitures.

    Il faut conserver et accélérer cette méthode tout en développant les centrales solaires. Ces dernières ne représentent qu'environ 5 % du total de la capacité photovoltaïque installée dans notre Région. Le pourcentage est double en Flandre.

    Si la Wallonie souhaite parvenir aux objectifs climatiques d'ici 2025, 2 500 MW de panneaux photovoltaïques devront être installés à cette échéance. Ce sont près de 280 hectares sur 30 à 50 sites qui sont nécessaires.

    La SRIW a sécurisé une enveloppe de 4,4 millions d'euros pour la réserver aux 4 premiers projets d'Ether Energy concernant des centrales solaires. Nous savons que cette enveloppe pourrait être complétée par une seconde de 11 millions d'euros.

    Sur quels critères Monsieur le Ministre estime-t-il qu'il est indispensable de porter un regard critique quant aux projets issus des aides de la première enveloppe avant d'imaginer pouvoir délivrer la deuxième ?

    Quelles exigences de délivrance pour les 11 millions complémentaires sont pour lui incontournables ?

    Pense-t-il que ces deux apports financiers correspondent aux objectifs climatiques 2025 ?

    Dans le cadre des centrales solaires, des difficultés pour obtenir des dérogations et permis apparaissent. En effet, les terrains sont considérés comme agricoles, industriels, forestiers, et cetera. Certains pays ont compris l'enjeu.

    Ainsi, en Allemagne, outre les milliers de toitures recouvertes de panneaux, des zones entières sont prévues pour le renouvelable.

    Monsieur le Ministre souhaite-t-il être à l'initiative d'espaces dédiés au photovoltaïque en identifiant des zones agricoles ou forestières à très faible potentiel agricole ou forestier qui conviendraient aux centrales ?

    L'expérience « prosumer » a sans doute touché l'élan belge en la matière. Le lancement de centrales solaires fait-il partie des priorités de Monsieur le Ministre ?
  • Réponse du 02/09/2021
    • de HENRY Philippe
    Je tiens d’emblée à le préciser, le photovoltaïque est une technologie importante sur laquelle il convient de miser pour atteindre nos objectifs renouvelables et une décarbonation accrue de notre société.

    Avec un haut degré d’intégration possible et une diminution drastique des coûts de production, le photovoltaïque est et restera une solution intéressante et rentable tant pour les clients résidentiels que pour les développeurs industriels.

    Dans le cadre de la contribution wallonne au Plan national Énergie Climat, une progression importante est envisagée pour la filière photovoltaïque soit une production possible de 3 300 GWh à l’horizon 2030, soit de l’ordre de 37 % de production d’électricité renouvelable dans la consommation finale d’électricité en 2030 dans le scénario.

    Les dernières statistiques des installations photovoltaïques en Wallonie montrent que les installations d’une puissance supérieure à 10 kW représentent 1 896 implantations pour une capacité totale de 315 MW, avec une production de 270 195 MWh/an.

    Un des atouts principaux des grandes centrales photovoltaïques au sol, outre le fait que leur grande taille permet d’obtenir des prix d’installations plus intéressants, est qu’ils peuvent valoriser de manière écologique, sans aucun impact polluant direct et avec un impact visuel limité, les nombreux terrains ouverts impropres à l’agriculture et non exploités pour un autre usage : terres arides ou polluées, friches industrielles, terrains militaires en reconversion, carreaux de mines, abords d’aéroports ou d’autoroutes, anciennes décharges, zones de protection de captages d’eau potable, zones de déprise et cetera.

    Ne nécessitant pas de fondations lourdes du fait d’une faible prise au vent, ils ne laisseront pas de trace significative sur le terrain après leur démontage, permettant ainsi à un autre usage de prendre éventuellement leur suite au terme de leur durée d’exploitation commerciale ou technique.

    Il y a lieu de fixer certaines balises pour le développement futur des centrales photovoltaïques au sol afin de déterminer les meilleures pratiques de la filière dans un respect de l’environnement. Le parc photovoltaïque doit s’inscrire dans une politique cohérente du territoire, en effet la construction d’une centrale photovoltaïque au sol et son dimensionnement devraient s’intégrer dans une politique territoriale régionale de long terme notamment pour maximiser les dynamiques de consommation locale de l’électricité produite et de s’inscrire dans un usage optimisé des infrastructures de réseau. Les projets doivent notamment s’inscrire dans le cadre des outils de planification locaux et régionaux. Actuellement en Wallonie, il n’existe pas d’inventaire précis estimant le potentiel brut à utiliser pour l’implantation des centrales PV au sol.

    Afin de faciliter le développement de telles installations, mon collègue de l’Aménagement du territoire a initié une circulaire qui devrait permettre de clarifier le développement et le déploiement du photovoltaïque en Wallonie. J’estime qu’au-delà d’une approche volontaire en la matière, il conviendra de baliser clairement le développement, surtout dans les zones protégées, qu’elles soient agricoles ou forestières et d’orienter les investissements à faire dans les sites que j’ai mentionnés à l’honorable membre.

    C’est bien en tenant compte de ces éléments que l’action de la SRIW est menée. Les projets portés par Ether Energy devraient faire l’objet d’un soutien pris dans le cadre d’une mission déléguée octroyée en 2020 sous le couvert du Fonds wallon « Kyoto ». Cette mission doit permettre à la SRIW de soutenir des développements de projets de plus grande ampleur sur des terrains où le développement d’autres activités n’est pas possible ou sur des terrains permettant un développement d’infrastructures en parfaite intégration avec des activités existantes. C’est d’ailleurs le cas des projets portés par Ether Energy puisque son activité est axée sur l’agri-photovoltaïque.

    Selon moi, dans le cas spécifique que l’honorable membre évoque, la seconde tranche doit être conditionnée à la réalisation de la première tranche. Non pas sur la faisabilité technique, mais bien sur la faisabilité administrative. Nous sommes en effet sur des projets en zones agricoles et l’artificialisation des sols n’est autorisée que dans des cas spécifiques. Si ce type de projet peut être réalisé, cela ouvrira le champ de possibilités sur le long terme.

    L’action de la SRIW est plus large puisqu’ils ont également une mission déléguée pour accompagner les acteurs de l’eau dans la transition énergétique en développant, par exemple, des installations photovoltaïques sur les zones de captage d’eau.

    Il va de soi qu’en cas de succès de ce type de mesure, je les renforcerai que ce soit dans le cadre du Fonds wallon Kyoto ou des actions menées au niveau de la dynamique « Get up Wallonia ! ».