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L'habitat productif

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 324 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 21/05/2021
    • de KAPOMPOLE Joëlle
    • à COLLIGNON Christophe, Ministre du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville
    Un article très intéressant paru dans Les Échos du Logement aborde la thématique de l'habitat productif. L'actuelle crise sanitaire, les avancées technologiques, le télétravail ont modifié les relations entre nos lieux de vie et d'activités.

    Le logement partagé fait référence à des ensembles denses de petits logements équipés de services et d'espaces partagés utilisés pour travailler, facilitant ainsi la mixité logement-travail. En plus d'améliorer la qualité de vie, il permet de réduire la mobilité professionnelle et donc, notre empreinte carbone.

    À ce jour, la création de locaux professionnels dans l'habitation reste peu pratiquée. Ainsi, par exemple, seuls 2 % des prêts octroyés depuis 10 ans par le Fonds du logement des familles nombreuses de Wallonie concernent ce type de demande.

    Cette pandémie modifie donc notre rapport à l'habitat, au-delà des actions très positives en matière de rénovation et création de logements, Monsieur le Ministre a-t-il intégré ces nouveaux paramètres dans ses politiques de logement ?

    Au niveau du Gouvernement, compte-t-il prendre de nouvelles initiatives et plus particulièrement dans ses compétences pour favoriser ce type de logement, adapter voire assouplir certains règlements en vigueur afin d'encourager la création d'espaces de travail – partagés ou non – au sein de nos habitations ?

    Enfin quels sont les éventuels effets indésirables qu’il identifie ?
  • Réponse du 18/06/2021
    • de COLLIGNON Christophe
    La pandémie de coronavirus et la crise sanitaire ont conduit les pouvoirs publics à prendre des mesures fortes qui ont touché le quotidien de chacun. Parmi celles-ci, on trouve l’obligation pour les employeurs de recourir au télétravail chaque fois que la nature de l’activité professionnelle le permettait. Cette obligation a eu pour conséquence d’imbriquer davantage les sphères privée et professionnelle, en bouleversant les habitudes de nombreuses familles au sein de leur logement.

    Face à cette évolution, un nouveau segment sur le marché semble se développer avec le logement partagé ; un type d’habitat qui désigne une majorité de petits logements associés à des services et des espaces partagés utilisés pour travailler.
    Ce type de projet se développe surtout à Bruxelles, mais semble voué à s’étendre dans les grandes villes et notamment les villes universitaires wallonnes.

    Concernant la création d’espaces de travail au sein de nos habitations, la DPR prévoit de soutenir la mixité fonctionnelle des projets immobiliers répondant aux besoins de la population en superficie et en localisation.

    En termes de mixité logement-travail, il est intéressant de relever que des initiatives comme les habitats groupés s’organisent déjà autour de lieux plurifonctionnels ou sont structurés en coopératives. Ces habitats se créent ainsi autour d’un projet ou d’une activité partagée, qui se déploie au sein d’espaces partagés, dédiés au développement de l’activité en question.

    D’autres leviers en faveur de cette mixité existent. Ainsi, les primes « habitation », qui rentrent dans le cadre de la stratégie de rénovation à long terme des bâtiments existants, permettent de subsidier la rénovation de bâtiments destinés principalement à du logement, mais dont une partie pourrait être dédiée à de l’activité professionnelle. Les travaux communs aux deux parties sont pris en considération pour le calcul du subside.

    Par ailleurs, comme le souligne l’honorable membre, la réglementation d’octroi des crédits sociaux intègre déjà la possibilité d’exercer une activité professionnelle au sein des logements financés via le Fonds du logement. Dans ce cadre, la moitié de la superficie de l’habitation (au maximum) peut être utilisée à des fins professionnelles, étant entendu que cette affectation ne peut se faire au détriment de la bonne habitabilité du logement par la famille et notamment des enfants.

    S’il est exact que peu de familles ont activé cette possibilité, il faudra observer avec plus de recul les évolutions sociologiques qui se manifesteront avec le temps. La tonicité observée actuellement sur le marché immobilier semble traduire une volonté de changement de lieu de vie dans le chef de nombreux citoyens. Nul doute que le recours accru au télétravail contribue à alimenter la réflexion des citoyens sur la localisation, la taille et la configuration de leur logement.

    Le cadre actuel du crédit social me semble cependant adapté au développement d’une politique de recours au télétravail, qui pourrait devenir structurelle.

    Ma priorité en tant que ministre du Logement reste toutefois la mise en place des outils nécessaires pour que les citoyens puissent, avant tout, disposer d’un logement décent adapté à leurs besoins, et ce, notamment par le renforcement de la politique du crédit hypothécaire social.