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La pénurie de bois et la gestion forestière pour une forêt résiliente

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 421 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 26/05/2021
    • de EVRARD Yves
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Les matériaux de construction en général sont en train de connaître des hausses de prix extrêmement conséquentes. Le bois n'échappe évidemment pas à la règle et dans ce secteur spécifique, les messages de mise en garde des fournisseurs de matériaux en bois ne cessent d'alerter leurs clients pour qu'ils soient très prudents dans l'élaboration de leur devis ou de délais de livraison.

    Parallèlement, la demande en bois a explosé ces derniers mois en liaison sans doute avec la période Covid et l'engouement du public à investir dans des aménagements de maison ou de jardin.

    Dans le même temps, l'offre diminue et le marché international est très fluctuant. Le prix du bois aurait doublé en 6 mois aux États-Unis qui achètent de grandes quantités en Europe provoquant de ce fait un déséquilibre du marché. Une pénurie mondiale est annoncée.

    Cette situation est-elle prise en compte et pourrait-elle provoquer des aménagements dans la nouvelle gestion forestière pour une forêt résiliente que Madame la Ministre souhaite mettre en place ?

    A-t-elle déjà eu des contacts avec le Ministre de l'Économie sur le sujet ?

    Qu'en ressort-il ?

    Selon elle, la viabilité économique de la filière bois est-elle effectivement mise en péril entraînant de ce fait la viabilité économique des entreprises qui en dépendent que ce soit dans le secteur de la construction ou des aménagements de parcs et jardins ?

    Dans le contexte actuel, quelles perspectives peut-elle donner à ces secteurs ?
  • Réponse du 16/09/2021
    • de TELLIER Céline
    La tension que connaît actuellement le secteur du bois résulte de la conjonction de plusieurs facteurs : la perturbation de la transformation par la pandémie en 2020 et donc des stocks plus réduits, la reprise économique plus forte et plus rapide aux États-Unis où le secteur de la construction tente de récupérer le retard accumulé depuis la crise des subprimes et la demande importante sur le marché asiatique. À ce stade, il est encore trop tôt pour affirmer qu’il s’agit d’une situation structurelle, nous ne pouvons pas encore parler de pénurie de matière, mais plutôt d’un déséquilibre des flux.

    Il ne faut cependant pas négliger le fait que la demande mondiale en bois ne cesse de croître, notamment en matière de production d’énergie, alors que la ressource tend à se réduire du fait des tempêtes, des maladies, mais également de la pression humaine. La concurrence sur la matière se fera donc de plus en plus grande avec un impact inévitable sur son prix. Les prix redescendront probablement tôt ou tard, mais sans doute pas à leur niveau initial d’avant la pandémie.

    La pérennité de notre forêt wallonne, menacée par les changements climatiques, prend donc ici une dimension stratégique. Certaines essences en place montrent dès à présent leurs limites, ce qui impose la recherche de nouvelles pistes.
    C’est dans ce cadre que j’ai initié le projet « forêt résiliente », ayant pour objectif d’encourager les propriétaires forestiers privés et publics à réfléchir différemment pour la régénération des parcelles touchées par la crise sanitaire. Nous pourrons faire le bilan de ce projet pilote en fin d’année, mais l’on peut déjà sentir l’intérêt des propriétaires soucieux de marquer une inflexion dans la gestion de leur forêt.

    L’effet de cette politique de régénération plus diversifiée ne sera bien entendu pas immédiat, ni pour les propriétaires ni pour les entreprises qui pourront continuer à valoriser la ressource en place actuellement pendant plusieurs décennies encore.

    Une mutation des habitudes et des compétences des entreprises devra néanmoins être organisée à court terme, de façon à structurer la mobilisation et la valorisation des futures essences, mais également des essences secondaires actuelles qui présentent de bonnes aptitudes d’adaptation et donc de résilience (bouleau, seul …). Elle doit être encouragée par le Gouvernement wallon et portée par les organismes de soutien économique et technique à la filière.

    À cet effet, 8 millions d’euros seront mobilisés via le Plan de relance pour développer la filière de première et deuxième transformation du bois feuillus. Il s’agit de créer des filières de valorisation locales avec des produits finis de qualité, limitant dès lors la dépendance à l’exportation.

    La filière bois se trouve ici à une croisée de chemins et son avenir reposera sur sa capacité à faire les bons choix. L’objectif des projets est de travailler d’une part à la diversification et la résilience de nos forêts, et d’autre part à l’adaptation de nos outils de transformations permettant de mieux valoriser, localement et durablement nos ressources, et d’être donc moins dépendant des fluctuations du marché international. Ces projets devraient être coordonnés par l’organisme qui résultera de la fusion de l’Office économique wallon du bois (OEWB) et de l’ASBL Ressources Naturelles Développement (RND).