/

La politique étrangère féministe wallonne

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 154 (2020-2021) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 04/06/2021
    • de RYCKMANS Hélène
    • à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon
    La Belgique fait preuve d'une position politique engagée en matière d'égalité des genres et de droits des femmes et des filles sur la scène internationale. Elle ne dispose actuellement ni d'une stratégie, ni de mécanisme unifié d'intégration du genre dans l'ensemble de sa politique étrangère. C'est l'une des conclusions qui ressort de l'étude récemment publiée par le CNCD-11.11.11 : « Une politique étrangère féministe ? ». En avez-vous pris connaissance ?

    Concernant notre Région, alors que la DGD, Enabel ou encore BIO disposent de plans stratégiques ou de notes politiques « Genre », WBI ne s'est pas encore doté d'une vision claire de sa politique de genre, avec des objectifs bien définis et un mécanisme de suivi pour les implémenter.

    Plusieurs leviers d'action sont à portée de main en Région wallonne, mais pour le moment, on constate un manque de systématisme et d'outils pour une véritable intégration du genre dans sa politique internationale.

    Intégrer une stratégie genre au sein de WBI paraît nécessaire, en première étape. Ne serait-il pas pertinent que WBI avance sur le sujet ?

    Dans la NPI, la Wallonie s'engage à investir dans « L'égalité des femmes et des hommes, en renforçant sa présence à la Commission sur le statut de la femme ». Où en est-on concrètement ? Cette position a-t-elle été renforcée ? Par quelles actions ? Avec quels moyens ?

    Une autre manière d'agir est le soutien aux mouvements de femmes. De nombreux progrès en matière de droits des femmes ont été possibles grâce à l'activisme des organisations de promotion et de défense des droits des femmes. Quel soutien le Gouvernement wallon a-t-il déjà apporté à ces mouvements et comment le renforcer ?

    Enfin, la dimension du genre n'apparaît que très rarement comme clauses des différents accords de commerce. Ne serait-il pas utile de disposer d'une stratégie genre à appliquer lorsque la Wallonie s'exprime sur de tels traités ?
  • Réponse du 25/08/2021
    • de DI RUPO Elio
    J’ai pris connaissance avec attention de l’étude du CNCD relative à la prise en compte de la dimension genre au sein de la politique étrangère de la Belgique.

    La prise en compte de cette dimension est essentielle. Elle s’articule autour de l’objectif du développement durable n°5. Il s’agit d’un objectif auquel la Wallonie souscrit entièrement et sur lequel repose son action internationale, qu’elle soit au niveau multilatéral, bilatéral ou de la coopération internationale.

    Compte tenu qu’il s’agit d’une thématique transversale qui concerne autant les compétences de la Wallonie que de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Wallonie-Bruxelles international (WBI) veille à l’intégration stratégique des questions relatives au genre des deux entités.

    Au niveau multilatéral, la Wallonie participe aux travaux préparatoires de la Commission de la condition de la femme des Nations unies (CSW) au travers de mécanisme « CoorMulti » de coordination piloté par les services du SPF Affaires étrangères. C’est au sein de cette instance que les positions de la Wallonie sont débattues.

    La Ministre wallonne de l’Égalité des Chances et la Ministre francophone des Droits des Femmes participent en alternance aux sessions de la Commission au sein de la Délégation belge qui est présidée par le Fédéral. La dernière session (65e) s’est déroulée en mars dernier.

    Conformément à la Note de Politique Internationale, un exercice de définition des organisations internationales prioritaires pour la Wallonie est actuellement en cours. L’égalité des femmes et des hommes est clairement un domaine prioritaire pour la Wallonie dans son action au niveau multilatéral. Le renforcement de la présence de la Wallonie à la Commission de la condition de la femme s’inscrit dans le cadre de l’exercice en cours.

    Par ailleurs, les programmes de coopération mis en œuvre entre la Wallonie et plusieurs pays, tant au nord qu’au sud, intègrent la dimension genre dans les différents projets qui sont menés. L’égalité femme/homme a toujours été encouragée dans les programmes de coopération, et ce, bien avant l’adoption de l’agenda des Objectifs de Développement Durable.

    En effet, WBI intègre la dimension genre autant dans les appels à proposition qui sont publiés dans le cadre du lancement des commissions mixtes permanentes (coopération bilatérale directe) que dans le cadre des règlements des appels à projets de la coopération indirecte.

    Les exemples d’appui aux organisations de promotion et de défense du droit des femmes sont nombreux.

    Au Maroc et au Sénégal, par exemple, nous menons, en collaboration avec l’APEFE, un programme d’appui à l’entrepreneuriat féminin. Pour que les femmes et les filles puissent exercer leurs droits, leur autonomisation est également une condition favorable à l’exercice de ces droits. En outre, au Burundi, un soutien est apporté à la maison des femmes de Bujumbura et en RDC, à plusieurs actions d’appui à l’entrepreneuriat féminin sont menées.

    Au niveau de la coopération indirecte, la Wallonie soutient également des projets portés par des associations en matière de lutte contre les violences faites aux femmes dans les pays prioritaires de coopération au développement. À titre d’exemple, il existe un projet de sensibilisation et de plaidoyer en RDC ou encore un projet en faveur des jeunes filles en situation de rue au Burkina Faso et en Haïti.

    S’agissant des accords commerciaux, même si la DPR et la NPI ne contiennent pas, stricto sensu, de balises relatives à la dimension « genre », il s’agit toutefois d’un point d’attention transversal pour la Wallonie. Et c’est un point qui fait consensus en intrabelge. La Belgique est ainsi l’un des États membres qui soutient le plus activement la prise en compte de la dimension genre dans les accords commerciaux de l’UE. Des dispositions ad hoc commencent à être insérées dans les accords actuellement négociés par l’UE.