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Les réactions du Gouvernement wallon aux difficultés rencontrées par les concessionnaires automobiles

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 517 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 04/06/2021
    • de ANTOINE André
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le réseau des concessionnaires automobiles qui après une fermeture prolongée de leurs établissements ont vu leurs chiffres d'affaires baisser, notamment suite au recul de la vente de véhicules neufs, doit affronter un changement majeur de la réglementation européenne.

    Pour certains concessionnaires, la combinaison de ces modifications réglementaires et évolutions factuelles constitue un authentique branle-bas de combat pour le secteur.

    Ainsi, le groupe Stellantis né de la fusion entre P.S.A et F.C.A vient, du reste, de décider la résiliation de tous les combats commerciaux conclus avec les revendeurs européens des 14 marques.

    Trois raisons expliquent ce geste. D'une part, un changement de la réglementation européenne en juin 2023. Celui-ci va faire tomber, pour les constructeurs automobiles, l'exemption d'interdiction d'accords verticaux entre un fournisseur et un revendeur. Il va donc falloir renégocier.

    D'autre part, pour rationaliser un réseau de ventes alourdi par la fusion, Stellantis veut s'orienter vers des partenaires multimarques qui deviendraient des Stellantis Houses.

    Enfin, l'électrification du parc automobile et l'augmentation des ventes en ligne vont aussi modifier les besoins des concessionnaires comme l'initiative commune entre Ikea et Renault de vendre une voiture pour 5 300 euros avec un kit de 374 pièces.

    Face à ces bouleversements, comment la Région wallonne compte-t-elle accompagner le secteur pour lui permettre de surmonter ces changements ?

    Des subventions financières sont-elles accessibles pour la numérisation des garages, pour la formation continue des techniciens engagés ?

    Par ailleurs, l'offre d'apprentissage a-t-elle été adaptée pour conforter l'attractivité et la performance du parcours de formation en alternance en vue de favoriser de nouvelles vocations dans un secteur ébranlé de toute part ?
  • Réponse du 06/07/2021
    • de BORSUS Willy
    Le secteur automobile est à un tournant de son histoire, et ce, pour plusieurs raisons :
    - un monde de plus en plus digitalisé qui implique une refonte du business model et de la structure traditionnelle de distribution automobile à savoir constructeurs, importateurs, concessionnaires, clients ;
    - un véhicule qui s’apparente de plus en plus à un « smartphone » roulant et qui reste en liaison continue avec son constructeur ;
    - une évolution profonde au niveau du produit avec une marche forcée vers la propulsion électrique et des contraintes de sécurité qui mèneront progressivement à une certaine forme de conduite autonome, dans certaines circonstances.
    - etc.
     
    Pour soutenir les concessionnaires et les réparateurs face à ces différentes mutations, pour ne pas dire révolutions, TRAXIO et EDUCAM se sont associés et ont réalisé l’étude 2030. Cette étude détaille en profondeur ces différents aspects de la réorganisation complète du secteur automobile qui va se mettre en place progressivement. Certaines de ces mutations sont déjà en cours et on commence à en sentir les effets tangibles. Certains ont considéré cette étude comme prospective, elle est pourtant pleinement d’actualité et donne une perspective d’un peu moins de 10 ans…
     
    Le rôle du concessionnaire va profondément évoluer et ses sources de revenus vont être fortement impactées. Qu’on le veuille ou non, les constructeurs ont la volonté d’entrer en contact direct avec le consommateur final et ceci change tout, aussi bien pour la vente que pour l’après-vente. Par ailleurs, la généralisation progressive de la propulsion électrique va entrainer une diminution d’activité dans les ateliers. Le fait que les véhicules soient connectés permet d’ores et déjà aux constructeurs d’organiser les mises à jour logiciel à distance. Ceci aussi diminue l’interaction entre le client final et le concessionnaire. Enfin les systèmes d’aide à la conduite de plus en plus performants vont réduire le nombre d’accidents et donc l’activité des ateliers de réparation carrosserie. Toutes les sources de profit sont donc mises à mal.
     
    Le groupe Stellantis n’est pas le seul à entamer de grandes manœuvres de réorganisation de sa structure de vente et après-vente. Tout le secteur est ou va être touché et la crise Covid-19 a clairement un effet d’accélération sur ces évolutions.
     
    Par ailleurs, on assiste aussi à un phénomène de concentration du secteur avec l’émergence de groupes de plus en importants qui peuvent opérer au niveau paneuropéen. Ceci renforce encore les difficultés des opérateurs isolés.
     
    TRAXIO met tout en œuvre pour informer ses membres et les soutenir face à ces mutations. Travailler de manière unie au sein d’une fédération qui défend des intérêts communs est plus que jamais nécessaire.
     
    Par rapport au volet formation, il est important de rappeler que les partenaires sociaux du secteur ont créé, il y a 30 ans, le fonds de formation sectoriel EDUCAM. La mission stratégique que les partenaires sociaux lui ont donnée est la suivante : « veiller à ce que le secteur, aujourd’hui, comme à l’avenir, puisse disposer de suffisamment de collaborateurs et d’employeurs bien formés et qualifiés ».
     
    En effet, EDUCAM développe de nombreuses initiatives pour soutenir les entreprises face aux défis auxquels elles doivent faire face. TRAXIO et EDUCAM sont bien conscients que tous les travailleurs du secteur, cols blancs et cols bleus, sont ou seront potentiellement touchés par ces évolutions.
     
    Pour la formation des travailleurs, EDUCAM développe une offre de formation complète (qui au fil des années s’est étendue) et octroie des subsides aux entreprises qui forment leurs travailleurs. D’autre part, EDUCAM a développé un dispositif de certification sectorielle pour les travailleurs qui interviennent sur les véhicules hybrides et électriques. À ce jour, plus de 20 000 personnes disposent d’un certificat sectoriel sécurité HEV. La manipulation de véhicules hybrides, par exemple, nécessite des compétences bien particulières.
     
    Les managers et chefs d’entreprise ne sont pas oubliés non plus avec l’organisation de formations spécifiques qui décortiquent en profondeur ces évolutions et leurs effets sur les entreprises. On peut citer entre autres les formations Automotive Master Class et Automotive Business Class.
     
    EDUCAM dispose d’un réseau de centres de formation établi sur tout le territoire belge. Nous pouvons citer entre autres les centres de Liège et de Houdeng.
     
    Par rapport à la formation en alternance, TRAXIO et EDUCAM développent une excellente collaboration avec l’IFAPME qui, encore renforcée par le partenariat avec le FOREm, a permis la mise en œuvre du centre de compétence AutoFORM à Liège.
     
    Ce partenariat soutenu donne lieu à une révision régulière des cursus de formation en alternance. Les formations visant la technologie des véhicules hybrides ou électriques font partie de ce suivi continu. D’autre part, pour les métiers techniques du secteur, EDUCAM organise une certification sectorielle des jeunes en fin de cursus, qui renforce encore l’employabilité de ces jeunes sur le marché du travail. À cet égard, des partenariats se sont développés avec l’IFAPME, mais aussi le FOREm, Bruxelles Formation, Syntra, l’IAWM, etc.
     
    EDUCAM et l’IFAPME collaborent sur la base d’une convention et les synergies sont multiples. La bonne adéquation entre les besoins du marché de l’emploi et la formation des jeunes en est certainement un axe.
     
    EDUCAM est passé à la vitesse supérieure en s’ouvrant à d’autres projets tout aussi prometteurs et novateurs tels qu’un troisième pilier de formation, plus communément appelé la formation triale. Une collaboration où les jeunes suivent les cours théoriques en centre ou en école, apprennent la pratique au sein des entreprises des réseaux participant au projet, et bénéficient également des formations organisées par les importateurs des marques de ces mêmes réseaux ainsi que des formations de support axées vers les nouvelles technologies proposées par EDUCAM. Il s’agit ici précisément d’un projet qui s’inscrit dans l’évolution de la technologie. Nos entreprises sont nombreuses à voir l’alternance comme une stratégie d’investissement sur le long terme, et ce afin de s’assurer une main d’œuvre qualifiée, ce à quoi EDUCAM et TRAXIO se sont fortement attachés en 2019. Un tel dispositif offre à ce jour la possibilité aux employeurs d’entrer en contact avec de futurs travailleurs compétents et de, peut-être, leur offrir un contrat en fin de cycle. Les premières expériences ont remporté un franc succès chez les concessionnaires, écoles et candidat(e)s et n’attendent que de susciter l’intérêt de l’ensemble du secteur. Pour l’heure et à titre d’information, un projet trial est actuellement initié dans les entreprises Heavy Duty, avec trois entreprises pilotes, par l’entremise de la fédération Sigma, démonstration évidente de l’intérêt des importateurs pour la formule.
     
    L’IFAPME propose dans le secteur de la mobilité un panel le plus complet possible afin de rencontrer tous les métiers présents dans ce secteur.
     
    Citons pour exemple : mécanicien et technicien cycles, mécanicien et technicien motos, mécanicien et technicien voitures, mécanicien poids lourds, mécanicien machines agricoles, carrossier, magasinier. À ces métiers « plus manuels » viennent s’ajouter le chef d’atelier, le négociant cycles, le négociant motos, le négociant voitures d’occasion, le conseiller commercial automobile, le réceptionniste, le gestionnaire d’un magasin d’accessoires et, pour finir, les formations de chefs d’entreprise, pour ceux et celles qui ont pour vocation de créer leur propre structure.
     
    Avec ce choix de formations actualisées, en permanence, pour tenir compte des évolutions technologiques, environnementales et organisationnelles dans le secteur, l’IFAPME apporte une réponse en adéquation avec les besoins tant des (futurs) apprenants que des entreprises.
     
    Grâce aux investissements très importants réalisés dans les centres IFAPME (que ce soit via le FEDER, via EDUCAM, ou les subventions de l’IFAPME), les formations IFAPME restent effectivement en adéquation avec les besoins du secteur, voire anticipent ceux-ci. Citons pour exemple : quasi 50 nouvelles voitures « didactisées », mises à la disposition des centres IFAPME, dont au minimum une voiture hybride plug-in par centre.
     
    Le partenariat constructif mis en place avec EDUCAM et AUTOform contribue également à l’attractivité des formations IFAPME, notamment via l’organisation de certifications en « climatisation et sécurité » pour les véhicules électriques.
     
    Dans ce secteur, l’alternance qui se déroule dans les concessions automobiles, en phase directe avec les évolutions technologiques et organisationnelles, est le meilleur moyen pour que les apprenants IFAPME soient immergés directement dans le monde professionnel.
     
    Un autre atout non négligeable du système IFAPME est que les formateurs œuvrant dans les centres de formations sont des professionnels en activité, passionnés par leur métier, partageant leur savoir-faire et leur expérience/expertise avec leurs apprenants et accompagnant pédagogiquement ces derniers dans l’appropriation des évolutions du secteur.