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La possible hausse des taux de financement de la dette

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 184 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 04/06/2021
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    Selon la presse économique, il apparaît qu'aujourd'hui, les taux d'intérêts des emprunts sont dans une phase montante dans certains pays européens, comme la France et l'Italie.

    Cette situation dans le contexte post-pandémique que nous connaissons n'est pas sans risque. Les États et notre Région se sont fortement endettés. À titre d'exemple, l'endettement de la zone euro entre 2019 et 2020 a augmenté de 85% à 102% du PIB. Inutile dès lors, de souligner la sensibilité liée aux taux d'intérêts pour la soutenabilité de la dette. Les projections sur la dette belge ne sont pas plus réjouissantes, celle-ci étant proche des 120 % du PIB.

    Ce qui peut induire à court ou moyen terme, un risque d'explosion de la bulle financière. Selon le journal Le Monde, la montée des taux indique une reprise et un redémarrage des activités, sans toutefois perdre de vue une inflation qui va de pair. En zone euro, le niveau reste raisonnable, atteignant 1,6 %, sur douze mois, en avril. Aux États-Unis, l'alarme commence à retentir : la hausse des prix a atteint 4,2 % sur un an.

    Où se situe la Wallonie dans ce contexte ?

    Est-ce bien synonyme d'une reprise économique au niveau wallon ?

    Sommes-nous préparés à une potentielle hausse des taux d'intérêts ?

    Des moyens sont-ils prévus pour y faire face ?

    Des pistes se dégagent-elles dans le cadre des conclusions du groupe d'experts chargé d'étudier la dette de la Wallonie ?

    Que compte mettre en oeuvre Monsieur le Ministre afin de maîtriser le coût de la dette et que ce financement soit le plus pérenne possible ?
  • Réponse du 08/07/2021
    • de CRUCKE Jean-Luc
    Le thème de la gestion de la dette publique s’imposera à nous dans les prochaines années. La question de l’inflation est d’ailleurs totalement en lien avec cette hausse des taux.
     
    Les dettes publiques ont fortement augmenté au cours de la crise du covid-19. Malheureusement, la Belgique et la Wallonie connaissaient déjà un niveau d’endettement élevé avant la crise, ce qui est un facteur à prendre en compte dans l’analyse globale. La dette directe de la Région a augmenté de 36 %, soit de 12,8 milliards à 17,5 milliards.
     
    Les finances publiques sont guidées par le paradigme de l’équilibre budgétaire et d’un plafond de dette, théoriquement à 60 % du PIB selon les termes du traité de Maastricht.
     
    Dans le cadre de la commission externe de la dette et des finances publiques, j’ai demandé aux experts de travailler sur le concept de soutenabilité de la dette. Cette soutenabilité se définit par la capacité de l’État/de la Région à faire face à ses obligations tout en développant des politiques publiques utiles à la population. La soutenabilité de la dette ne se décrit par un chiffre magique de plafond de dette ou par un ration de dette sur recettes.
     
    Cette soutenabilité, elle se décrit aussi par notre capacité à faire face à une trajectoire budgétaire à moyen terme, mais également à des scénarii plus spécifiques. Dans ce cadre, les experts travaillent actuellement à un scénario de hausse des taux et les conséquences de cette hausse pour les finances publiques wallonnes.
     
    Il est évident qu’une hausse des taux imposera une rigueur budgétaire supplémentaire pour la gestion de nos finances, mais j’insiste sur la structure de la dette wallonne.
     
    La dette wallonne est composée à plus de 90 % de dette à taux fixe. Cela nous permet d’absorber la hausse des taux de manière progressive. En effet, l’impact de la hausse des taux « se limite » aux intérêts payés sur la dette de l’année et sur le montant des amortissements, soit environ 700 millions par an.
     
    Cet impact progressif permettra à la Wallonie d’amortir une éventuelle hausse des taux, ceci sans préempter des conclusions de la commission externe de la dette et des finances publiques.
     
    En conclusion, je répondrai à la dernière question. On me demande ce que je prévois de mettre en œuvre pour faire face à la hausse de la dette.
     
    Un Ministre du Budget ne peut rien seul, c’est le gouvernement qui devra dans son ensemble faire les efforts nécessaires pour revenir à une trajectoire d’avant-crise. Il en va réellement de notre crédibilité budgétaire et financière. Ne pas le faire, ce serait hypothéquer bien plus qu’une éventuelle popularité électorale.
     
    Je citerai Pierre Mendès France : « Un pays qui n’est pas capable d’équilibrer ses finances publiques est un pays qui s’abandonne ». Ce qui est valable pour un pays l’est également pour notre Région.