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La pollution de l'air et ses conséquences

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 445 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 09/06/2021
    • de BELLOT François
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    La pollution atmosphérique a causé près de 9 000 décès en 2018 en Belgique dont 350 sont directement provoqués par l'ozone, selon le dernier rapport de l'AEE. Le nombre témoigne de l'urgence.

    En Europe, le dernier rapport a établi que 400 000 décès prématurés sont liés à la pollution de l'air. Cette annonce est néanmoins largement en dessous de ce que le terrain pourrait révéler puisque tous les polluants ne sont pas repris dans l'analyse.

    Afin d'agir au plus tôt et au plus concret, Madame la Ministre a-t-elle pris l'initiative de démarches et d'études complémentaires éventuellement nécessaires afin d'identifier les combinaisons dangereuses de gaz et de particules fines et leurs conséquences ?

    Connaissant la dangerosité de ces combinaisons de gaz et de particules fines, quelles mesures a-t-elle mises en place pour réduire la formation de ces combinaisons dans des taux à risque ?

    A-t-elle établi un agenda de nouvelles actions qu'elle souhaite mener à grande envergure pour prévoir les pics d'ozone et ainsi davantage les contrôler ?

    A-t-elle étudié des méthodes innovantes tentant de diminuer les impacts des polluants primaires formant l'O3 et ainsi agir à la base ?
  • Réponse du 10/08/2021
    • de TELLIER Céline
    Je souscris pleinement au constat de l’honorable membre, le nombre de décès prématurés liés à la qualité de l’air demeure beaucoup trop élevé en Belgique. Les évaluations réalisées par la cellule CELINE font état de chiffres similaires, voire supérieurs à l’analyse de l’Agence européenne pour l’environnement (EEA) avec un total d’environ 11 000 décès prématurés pour l’ensemble de la Belgique en 2018, dont 25 % en Wallonie. Plus spécifiquement pour l’ozone, la cellule évalue les décès prématurés à 357 pour la Belgique dont 140 en Wallonie.

    Sur le plus long terme, il faut noter l’amélioration significative de la situation sur une décennie. Pour les particules fines (PM), le nombre de décès prématurés est passé de 10 200 en 2009 à 7 400 en 2018 en Belgique (analyse de l’EEA). Pour le dioxyde d’azote, l’impact santé diminue de 3 200 à 1 200 décès prématurés toujours sur la même période. Cela montre que les efforts consentis par nos concitoyens et les politiques menées produisent leurs effets, même si ces chiffres restent bien entendu trop élevés.

    L’ozone présente une situation différente avec une augmentation passant de 210 décès prématurés en 2009 à 350 en 2018. Ce constat doit être relativisé, la formation d’ozone étant fortement influencée par les conditions météorologiques. Les températures bien plus élevées de 2018 ont favorisé la formation photochimique d’ozone, augmentant ses concentrations et, par conséquent, ses impacts sur la santé. La combinaison des températures et concentrations élevées ayant également un effet aggravant.

    Les simulations réalisées par la cellule CELINE montrent que les mesures prises à court terme ne permettent pas de diminuer les pics d’ozone. Ce qui a également été mis en évidence lors du confinement du printemps 2020 où la diminution drastique du trafic s’est traduite par une augmentation des concentrations d’ozone. Seules les mesures à long terme et à l’échelle européenne ou hémisphérique sont efficaces. Ainsi les mesures de réduction des émissions de COV (composés organiques volatils, précurseurs d’ozone) prises dans le cadre du Protocol de Göteborg ont permis une diminution significative de la fréquence et de l’intensité des pics d’ozone au cours des dernières décennies.

    La dangerosité de la combinaison des différents polluants est un point clé. Ainsi la combinaison des émissions d’ammoniac (NH3), d’origine agricole, et des émissions de dioxyde d’azote (NO2) provenant du trafic, entraîne la formation de particules fines plus toxique. Cette formation est à l’origine de pics de pollution significatifs. Les polluants gazeux, NO2 ou COV, émis par des sources naturelles ou anthropiques, sont aussi à l’origine de la formation d’ozone.

    Pour disposer d’une meilleure connaissance des concentrations et des localisations de la pollution en Région wallonne, des investissements sont actuellement en cours ou prévus par mon administration :
    - le renforcement du réseau de mesure du Black carbon (ou carbone suie), indicateur de la pollution liée au trafic et/ou au chauffage domestique ;
    - le développement de mesures d’ammoniac (NH3) ;
    -des campagnes de mesures du NO2 par tubes passifs notamment dans le cadre du projet Interreg Transfair ;
    - la mise en place de nouvelles stations de mesure de la qualité de l’air ;
    - le développement d’un réseau de 350 microcapteurs de mesure sur les maisons communales.

    Enfin, le Plan Air-Climat-Energie 2030 (PACE 2030), adopté par le Gouvernement wallon en 2019 et en cours d’actualisation, reprend nombre de mesures, en cours d’implémentation ou projetées, destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique, dans tous les secteurs.