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La corrélation entre la pollution de l'air et le Covid-19

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 450 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 17/06/2021
    • de GAHOUCHI Latifa
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    L'Université de Harvard a croisé les données liées à la pollution de l'air et celles des décès dus au Covid-19 et l'étude démontre qu'un lien est clairement perceptible entre le taux de pollution de l'air et le nombre de décès dû à la Covid-19.

    Cette étude américaine a été confirmée et détaillée en Europe par l'Institut Max Planck de chimie en Allemagne. Elle a démontré que la pollution de l'air, via les particules fines dans l'air, avait contribué à 21 % des morts du coronavirus en Belgique. Le lien exact entre la pollution de l'air et la mortalité due au Covid n'est pas encore très clair, mais la piste privilégiée est que la pollution endommage les poumons, mais en plus, les particules polluantes augmenteraient dans les poumons l'activité d'un récepteur à la surface des cellules les rendant plus vulnérables au virus.

    Madame la Ministre peut-elle nous rappeler les actions qui sont et seront prises pour lutter contre la pollution de l'air ? Des contacts avec son homologue au Fédéral et dans les entités fédérées sont-ils prévus afin de se coordonner sur les actions à mettre en place ?
  • Réponse du 10/08/2021
    • de TELLIER Céline
    Il est maintenant connu que la pollution de l’air est la cause de maladies chroniques comme l’asthme, des cancers, des maladies cardiaques, respiratoires ou du diabète. Beaucoup de ces maladies prédisposent les patients à être admis en hospitalisation pour la maladie du Covid-19, à leur admission en soin intensif ou à la mort. Pour cette seule raison, on peut parler d’impact négatif de la pollution de l’air sur la pandémie au Covid-19.

    En outre, il est prouvé que la pollution de l’air réduit la résistance respiratoire aux infections bactériennes ou virales. Il est donc évident que les populations qui vivent dans des zones à la pollution élevée ont plus de chance de développer le Covid-19.

    De plus, et bien que les chiffres avancés par Jos Lelieveld de l’Institut Max Plank dans son article publié dans Cardiovascilar research sont assez interpellants, cette information n’est pas neuve. Déjà au démarrage de la pandémie, les zones les plus touchées semblaient coïncider avec les zones fortement affectées par la pollution atmosphérique. Des études montraient alors une augmentation de la mortalité avec une augmentation des taux en dioxyde d’azote ou en particules.

    Cependant, dans l’article en question comme dans les précédents, corrélation ne signifie pas lien de cause à effet et d’autres facteurs tiers sont à considérer comme la densité de population, la mobilité, les capacités hospitalières et leur accessibilité, la météorologie… Il semble en effet évident, à titre d’exemple, que si la pollution est généralement plus importante au centre-ville par rapport à des zones rurales, que les contacts sociaux sont également plus importants pour une simple raison de promiscuité. Il n’est donc pas simple de tirer des conclusions de ce type d’études.

    Plusieurs recherches chinoises ont aussi montré une augmentation du nombre de cas dans les jours qui suivent un pic de pollution aux particules (corrélation temporelle). Néanmoins les conditions météorologiques favorables à la survie du virus (température basse et humidité élevé) coïncident avec une atmosphère stable favorisant l’accumulation de particules et la formation de particules secondaires. Propagation de la maladie et pollution particulaire partagent donc des conditions météorologiques similaires, ce qui ne signifie pas une nouvelle fois qu’il y ait un lien de cause à effet.

    Une analyse statistique a été menée par l’ISSeP en avril 2020 pour voir si une corrélation était observable en région wallonne. Le seul lien établi est celui entre la densité de population et l’occurrence. Rien de significatif pour le taux de NO2, O3, PM2.5 et PM10.

    Pour l’ensemble de ces raisons, il est important de continuer à œuvrer à une amélioration de la qualité de l’air en Wallonie, ce que font l’AWAC par l’intermédiaire de ses Plans Air-Climat-Energie et l’ISSeP par son contrôle continu des niveaux de pollutions.

    Je compte donc prendre des mesures complémentaires dont la plupart sont par ailleurs détaillées dans le PACE2030, et sont en cours d’implémentation ou projetées, dans tous les secteurs.

    Cela passe par une meilleure connaissance de la qualité de l’air, et donc la poursuite de l’installation des deux nouvelles stations permanentes liées à la circulation dans les deux villes les plus problématiques : Liège et Charleroi. De plus, un réseau de mesure complémentaire à la qualité de l’air est en cours d’installation via le déploiement de 300 microcapteurs.

    Par ailleurs, cette problématique des NOx dans les grandes villes - en grande partie dues aux véhicules diesel - a eu pour conséquence l’adoption du décret relatif à la lutte contre la pollution atmosphérique liée à la circulation des véhicules en janvier 2019. Ce décret prévoit notamment la possibilité de mise en place de zones de basses émissions qui interdisent selon un calendrier défini l’entrée des véhicules thermiques les plus polluants, davantage axé sur les véhicules diesel. Il prévoit également le renforcement des critères relatifs aux contrôles techniques comme évoqué ci-dessus, et l'arrêt des moteurs des véhicules à l’arrêt. Mon administration et moi-même travaillons actuellement sur la mise en œuvre de ce décret.

    La mise en œuvre de l’interdiction progressive de circuler pour les véhicules polluants vise principalement à diminuer les concentrations en dioxyde d’azote et donc à améliorer la qualité de l’air ambiant.

    D’autres mesures sont par ailleurs prévues dans le PACE 2030, dont entre autres l’amélioration du parc des installations domestiques de chauffage, qui sont responsables de la majeure partie des émissions de particules fines. Le renforcement des exigences en matière de permis d’environnement pour tendre vers des valeurs plus basses d’émissions autorisées des industries est également une des priorités du PACE pour l’amélioration de la qualité de l’air, ainsi que la limitation des émissions d’ammoniac, précurseur de particules fines, lors des épandages agricoles.

    Concernant la coordination belge, plusieurs éléments sont en négociation avec les autres régions et le niveau fédéral dont notamment :
    - celle concernant l'AR 2010 relatif aux exigences minimales pour les appareils de chauffage à combustible solide et, si nécessaire, d'abroger cet arrêté ou de le mettre en conformité avec les exigences européennes pertinentes en matière d'écodesign ;
    - celle de prendre les initiatives nécessaires pour interdire la publicité pour le retrait des filtres à particules et le tuning des moteurs.