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La mortalité importante des abeilles sur le secteur de Merbes-le-Château

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 458 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 17/06/2021
    • de CLERSY Christophe
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    L'augmentation brutale du taux de mortalité des abeilles sur le secteur de Merbes-le-Château inquiète les apiculteurs et les riverains. En effet, les ruches meurent les unes après les autres. La section apicole du secteur a financé des analyses d'un échantillon des abeilles mortes par un laboratoire indépendant pour connaître la raison de ces décès.
     
    Les résultats de cette étude révèlent une quantité notable d'un insecticide flonicamide utilisé dans la lutte contre les insectes suceurs comme les pucerons, mais également utilisé sur de multiples cultures. De plus, il semble que des traces de glyphosate ont également été retrouvées dans ces échantillons ainsi que des traces de TFNA (trifluoromethyl nicotinic acid).
     
    Le flonicamide est légèrement toxique par la voie orale et plus faiblement par la voie cutanée et par inhalation. Il est peu ou pas irritant pour la peau et les yeux et il n'est pas un sensibilisant cutané. À long terme, le flonicamide peut avoir des conséquences cancérogènes sur certains animaux.
     
    Il s'agit ici d'un réel problème tant pour la biodiversité de cette commune que pour la santé publique des riverains.
     
    Quelle analyse politique Madame la Ministre fait-elle de la situation ?
     
    Quelles mesures a-t-elle prises pour étudier l'origine de ce phénomène et y mettre fin ?
  • Réponse du 24/01/2022
    • de TELLIER Céline
    Concernant la situation particulière à Merbes-le-Château que l’honorable membre relate dans sa question, nous ne disposons pas des éléments factuels (analyses, registres d’utilisation des produits phytopharmaceutiques, conditions d’application, autres causes possibles) pour identifier clairement la cause de ce dépérissement de ruches et nous pouvons donc seulement émettre quelques hypothèses.

    L’hypothèse qu’il semble mettre en avant dans sa question est l’exposition des abeilles à la substance active insecticide flonicamide.

    Le flonicamide est une substance active insecticide largement utilisée en Belgique (vente de plus de 5 tonnes par an) sur un grand nombre de cultures contre les pucerons et autres insectes suceurs de sève (vergers, légumes, betteraves, colza, pomme de terre, céréales, plantes ornementales). Le flonicamide est systémique et voyage dans la plante. Dans l’environnement, il est très persistant dans l’eau. Par contre, il se dégrade rapidement sur le feuillage et dans le sol. Son principal métabolite est le TFNA.

    Les produits à base de flonicamide (le plus connu est le TEPPEKI) ont tous la phrase de risque SPe8 : Dangereux pour les abeilles et les autres insectes pollinisateurs. Ne pas utiliser en zone de butinage. Le produit doit être appliqué tôt le matin ou tard le soir pour éviter toute exposition. Le Peer Review de l’EFSA souligne notamment la dangerosité du produit à l’égard des abeilles lors de la pulvérisation.

    Le flonicamide est une des trois alternatives chimiques disponibles pour remplacer l’enrobage des semences de betteraves avec des insecticides néonicotinoïdes. Il s’applique sur les feuilles et peut donc causer d’éventuels dégâts par dérive de produit.

    L’occupation du sol dans la région de Merbes (Voir Wal-on-Map : occupation du sol en 2019) montre une large présence des cultures susceptibles de recevoir du flonicamide : betteraves, pomme de terre, céréales, colza …

    Plusieurs voies d’exposition au flonicamide sont possibles :
    - culture en fleurs traitées en plein butinage (colza) ;
    - culture non attractive pour les abeilles (pomme de terre, betteraves sucrières, céréales) avec des colonies de pucerons bien développées qui produisent du miellat et qui attirent les abeilles ;
    - contamination de l’eau vu la persistance du produit dans l’eau (DT50 : 200 jours à stable). Cette piste n’est pas à écarter lors d’été chaud où les abeilles consomment énormément d’eau pour l’élevage et la régulation thermique de la colonie.

    Lors des traitements phytosanitaires, les utilisateurs de ces produits ont l’obligation de respecter l’intégralité des conditions reprises dans les actes d’agréation des substances et des produits les contenant. C’est l’AFSCA qui est compétente pour veiller au respect de ces conditions. Dès lors, seule une enquête plus approfondie menée par l’AFSCA permettrait de savoir sur quelles parcelles le flonicamide a été utilisé et dans quelles conditions pour émettre des hypothèses sur la source d’exposition : cultures en fleurs, présence de pucerons avec miellat, contamination de l’eau, ou autre.