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Le pilotage "déporté" sur les voies navigables wallonnes

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 597 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 18/06/2021
    • de LEONARD Laurent
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    L'actualité récente fait état de l'arrivée à Liège, par la voie d'eau, d'une barge avec conteneurs pilotée à distance au départ d'un centre de contrôle situé dans la région anversoise.
     
    Cette nouvelle manière de piloter à distance, basée sur l'intelligence artificielle, pourrait certainement ouvrir de nouvelles perspectives pour le secteur de la batellerie qui souffre depuis plusieurs années d'un manque d'attrait pour les jeunes générations bien plus désireuses de garder une vie « à terre » que d'emmener toute leur famille pour un long périple sur la voie d'eau.
     
    Arrivée à l'écluse de Lanaye, cette barge a toutefois été reprise en main par un capitaine et un petit équipage, comme le demande la législation wallonne en vigueur en matière de voies navigables. En Flandre, la navigation dite « déportée », donc automatisée, est acceptée. En Wallonie, ce type de navigation ne l'est pas encore.
     
    Ma première question porte donc sur le cadre légal qui autoriserait ce type de pilotage à distance sur les eaux wallonnes. Ce dossier est-il en préparation ?
     
    À quel stade et avec quel échéancier ?
     
    Je m'interroge également sur différents aspects plus techniques. Il y a tout d'abord l'éventualité d'une panne informatique du système qui pourrait provoquer une collision entre deux, voire plusieurs barges.
     
    Que serait-il possible de mettre en place pour garantir la sécurité sur la voie d'eau ?
     
    On évoque aussi la possibilité de pouvoir piloter plusieurs péniches en même temps, ce qui va demander une attention de tous les instants devant son poste de commande. Il faudrait, dans ce cas, pouvoir doubler ou tripler les effectifs pour assurer le bon fonctionnement des opérations.
     
    L'arrivée aux écluses peut aussi réserver des surprises, ne fût-ce que pour amarrer les bateaux sans la présence à bord d'un timonier. On évoque un système à aimants, mais ce genre de manœuvre peut vite poser problème, sans parler de l'entrée dans le sas des écluses même si celles de Lanaye, Ivoz-Ramet (et d'Ampsin Neuville très prochainement) permettent d'accueillir des barges allant jusque 9 000 tonnes.
     
    Enfin, pour pouvoir piloter une barge à distance, il faut pouvoir l'équiper d'un matériel spécifique adéquat (capteurs à détection d'objets, caméras, ordinateurs de pointe, etc.) qui peut s'avérer coûteux pour chaque batelier.
     
    Peut-on envisager un système d'aides régionales dans ce sens ?
  • Réponse du 15/10/2021
    • de HENRY Philippe
    L’accroissement du report modal vers les modes alternatifs à la route comme l’est la voie d’eau est l’une de mes priorités. Le développement de la numérisation, de l’automatisation et d‘autres technologies modernes, afin de contribuer ainsi à la compétitivité, à la sécurité et au développement durable de la navigation intérieure se révèle être un des moyens pour y parvenir. 
     
    À cet égard, j’ai le plaisir d’annoncer que je déposerai dans les prochains jours le projet de décret modifiant la loi du 5 juin 1972 sur la sécurité des bâtiments de navigation, et ce, pour une 2e lecture par le Gouvernement. Le Conseil d’État s’est en effet prononcé en faveur de cette législation.
     
    Cette modification de la législation permettra à des porteurs de projet d’introduire des demandes d’autorisation pour mener des expérimentations ou projets pilotes, et notamment, de demander des dérogations à diverses réglementations adoptées en vertu de la loi du 5 juin 1972, comme les prescriptions techniques des bateaux, les prescriptions d’équipage et les règles de police. Ces porteurs de projet peuvent demander de mener des expérimentations ou projets pilotes sur des portions de voies d’eau gérées par la Région wallonne.
     
    Concernant les garanties en matière de sécurité, il reviendra aux porteurs de projet de fournir une étude de risques et les mesures de sécurité prises visant à assurer que l’essai ne met pas en péril la navigation sur les voies d’eau.
     
    Le système d’aides régionales que l’honorable membre suggère existe déjà.
    En effet, le « Plan wallon d’aides aux modes de transport alternatifs à la route » a permis à la fin de l’année 2020 de soutenir la société qui a transformé les bateaux alignés pour le transport de conteneurs entre Liège et Anvers en bateau pouvant être contrôlés à distance lorsque les circonstances le permettent.
     
    Une prime à l’investissement de 30 % du montant des investissements éligibles a ainsi pu être octroyée par l’Administration de l’Économie sur la base du dossier transmis par mon administration, au titre de la mesure de « modernisation et d’aide à l’adaptation technique de la flotte wallonne de navigation intérieure ».
     
    Pour la période 2021 à 2025, le plan a été renouvelé et la nouvelle mesure pour le « verdissement, le développement et la spécialisation de la flotte de navigation intérieure » permet également de subventionner ce type d’investissement, qui peut ainsi être considéré comme « équipements logistiques neufs et innovants destinés à capter ou à développer des nouveaux flux de transport »
     
    Il trouvera tous les détails de ce plan d’aide sur le portail de la mobilité  http://mobilite.wallonie.be/home/je-suis/une-entreprise/transport-de-marchandises/bateau/conseils-et-aides.html