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La capacité et la flexibilité des réseaux de distribution d'électricité

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 614 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 18/06/2021
    • de JANSSEN Nicolas
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Les besoins de recharge ainsi que la nécessité d'augmenter la capacité du réseau électrique sont des facteurs cruciaux de la transition. Encore récemment, je lisais qu'en Europe, il faut un point de recharge public pour dix véhicules électriques et que lorsqu'on cumule les projets sur la table à l'heure actuelle, on n'y serait pas du tout. Avec l'aide de la production d'énergie renouvelable, il faudra prévoir une plus grande capacité d'intégration de l'électricité dans nos réseaux, une production davantage décentralisée et tenir compte du caractère intermittent de sa production.

    Les compteurs "intelligents" auront un rôle à jouer dans la disponibilité du réseau. Leur déploiement, grâce à l'aide les GRD notamment, offrira une meilleure information aux GRD quant aux flux circulants sur les réseaux et augmentera leur capacité de pilotage pour lisser les pics de consommation. D'autre part, une prime sera accordée aux utilisateurs du réseau de distribution qui s'équiperont d'appareils de pilotage permettant de maximiser leur autoconsommation ou de consommer lors des pics de production.

    En Bretagne, une initiative citoyenne a mis en place un logiciel pour alerter le citoyen quand la consommation globale augmente trop. Cela semble bien fonctionner, car les citoyens ont pris conscience qu'ils ont un rôle direct et simple à jouer dans la rationalisation de consommation énergétique.

    D'un point de vue financier, la CWaPE prépare pour la prochaine période tarifaire, à partir de janvier 2024, une tarification qui devrait être davantage incitative qu'aujourd'hui. Cette tarification stimulerait le déplacement de consommations vers des périodes durant lesquelles l'électricité est abondante et moins chère au profit de tous les acteurs.

    Quelles en sont les grandes lignes ?

    Comment Monsieur le Ministre envisage-t-il le déploiement des compteurs intelligents et où en sommes-nous à ce sujet actuellement ?

    Que pense-t-il de logiciels d'alerte comme en Bretagne ?
  • Réponse du 22/10/2021
    • de HENRY Philippe
    En vue de l’établissement de la méthodologie tarifaire, qui est une compétence exclusive de la CWaPE, le gouvernement est actuellement en train de proposer une adaptation des principes qui prévalent à cet exercice afin que les tarifs de distribution incitent à un comportement vertueux au niveau sociétal et permettent, notamment, de favoriser la transition énergétique.

    L’objectif poursuivi est de favoriser l’accès de tous à l’énergie et à la transition énergétique (comprenant l’utilisation rationnelle de l’énergie, l’intégration d’une part croissante d’énergie renouvelable et de nouveaux usages permettant une utilisation plus efficace de l’énergie), et ce au meilleur coût pour les clients. Ce principe implique que chaque composante tarifaire puisse inciter les utilisateurs du réseau à consommer l’électricité au moment où elle est abondante sur le réseau ou à utiliser une capacité d’accès individuelle au réseau compatible avec la capacité disponible sur le réseau au même moment. Cette méthodologie tendra donc à inciter à autoconsommer de manière « locale » et simultanée en fonction de la disponibilité de l’électricité sur le réseau.

    La révision du décret électricité dans le cadre de la transposition de la directive 2019/944 modifie à la marge certains aspects déploiement des compteurs communicants. Ces modifications ont pour objectif que les compteurs soient effectivement déployés chez les utilisateurs du réseau qui en exploiteront effectivement les fonctionnalités. Ainsi, le seuil de 5kVA pour les « prosumers » est enlevé afin de ne pas créer de discrimination. De plus, les utilisateurs du réseau qui en font la demande sont également repris comme cibles prioritaires. Sont ici particulièrement visés les participants à une activité de partage d’énergie. Enfin, les modalités relatives au refus de placement ont été alignées à l’engagement pris dans la DPR.

    Sur le terrain maintenant, ORES a placé environ 18 000 compteurs communicants, soit 2 700 chez des « prosumers », 1 200 dans le cadre d’un prépaiement et le reste chez les autres cibles du déploiement à savoir lors de remplacement pour cause de métrologie, chez des clients consommant plus de 6 000 kWh/an, et cetera. Pour sa part, au 31 mai, RESA a déjà installé 5 500 compteurs communicants. L’AIEG, l’AIESH et REW n’ont pas encore débuté le placement des compteurs communicants. Cependant, les marchés ont été attribués, les tests, la plateforme IT et l’intégration sont en cours, dès lors, le déploiement devrait débuter au premier trimestre 2022.

    Enfin, la Bretagne est une des zones, si pas la zone, de France avec le plus grand déficit en production d’électricité. Chaque année, son réseau est soumis à de très fortes contraintes lors des périodes hivernales et elle a connu de nombreux délestages. Une telle application a donc tout son sens dans ce contexte. La mise à disposition de ce type d’information, de manière lisible et conviviale, ne peut que participer à la conscientisation du public et à le rendre « acteur » de sa consommation. C’est bien entendu une chose à favoriser. Toutefois, il est important de garder en tête qu’une part importante de l’électricité consommée ne peut pas l’être à un autre moment. On ne peut pas considérer qu’il soit toujours « simple » pour le citoyen de déplacer sa consommation d’électricité.