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La valorisation des déchets de bois en biomasse en Wallonie

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 615 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 18/06/2021
    • de ANTOINE André
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Le Plan wallon des déchets et des ressources a rompu avec les plans précédents en proclamant le déchet comme une ressource dans une démarche circulaire vertueuse.

    Ainsi, le centre de biomasse de l'UCL permettra à l'avenir de chauffer les bâtiments de l'Université et de fournir 1,5 fois les besoins en électricité de la première Université francophone.

    Le dossier est d'ailleurs soumis à enquête publique du 8 juin au 7 juillet. Cette centrale sera alimentée par des déchets de bois récoltés dans les parcs à conteneurs du Brabant wallon, de Namur et de la Province de Liège, soit 55.000 tonnes de déchets par an valorisés pour produire dans une chaudière de la chaleur et de l'électricité.

    Le réseau de chauffage passera dès lors du gaz au bois. La chaleur verte permettra de réduire annuellement l'empreinte carbone de l'Université de près de 15 000 tonnes.

    De quel type d'aides a bénéficié cette biomasse, notamment en certificats verts ?

    D'autre part, quelles sont les perspectives de valorisation de biomasse à partir de déchets de bois ?

    Y a-t-il d'autres projets de ce type en Wallonie ?

    Par ailleurs, quels sont les initiatives ou projets de valorisation de déchets végétaux, agricoles ou industriels ?

    Comment Monsieur le Ministre va-t-il structurer cette filière de valorisation alors que subsistent des gisements de déchets non encore recyclés à des fins énergétiques ?

    Quels sont les objectifs qu'il a fixés d'ici 2030 pour cette filière ?
  • Réponse du 02/09/2021 | Annexe [PDF]
    • de HENRY Philippe
    L’UCLouvain a développé dès la construction de la ville de Louvain-La-Neuve un réseau de chaleur pour une partie de ses bâtiments. Il est actuellement alimenté par de la cogénération au gaz naturel. Les moteurs de cogénération arrivent en fin de vie et plutôt que de les remplacer à l’identique, l’Université a lancé un marché public pour la fourniture de chaleur verte. La chaleur verte s’inscrit dans l’objectif de l’UCLouvain de réduire progressivement sa consommation d’énergie fossile en chauffage.

    Une fois le permis d’environnement octroyé, les aides en certificats verts (CV) seront demandées par le porteur de projet désigné par marché public à savoir Green Belgian Environmental Solutions SRL, filiale de VEOLIA. On parle d’environ 100 000 CV par an ou plus.

    Le combustible choisi est un déchet de bois non dangereux issu des collectes dans les centres de tri/recyparcs. Il s’agit de bois traité, mais non imprégné (bois peint, verni, panneaux stratifiés, panneaux d’aggloméré) ; plus connu sous la dénomination commerciale de bois B.

    En Wallonie, 6 unités utilisant comme combustible des déchets de bois traité sont en cours de fonctionnement avec une puissance installée cumulée de plus de 160 MW et avec plus de 150 000 T de ce combustible valorisés. La majorité des projets concerne des entreprises actives dans la filière bois dont une entreprise utilise ses propres déchets de bois traité. À cette liste, trois autres projets à différents stades de développement sont à ajouter.

    Le Plan national énergie - climat intégré (PNEC) (voir https://www.plannationalenergieclimat.be/fr/le-pnec-c-est-quoi#le-plan-definitif et https://energie.wallonie.be/fr/la-contribution-wallonne-au-plan-national-energie-climat-2030.html?IDC=6238&IDD=127763) de la Belgique pour la période 2021-2030 définit les grandes lignes de la transition vers un système énergétique durable, fiable et financièrement abordable, et couvre notamment le développement des énergies renouvelables aussi bien pour les besoins d’électricité, de chaleur que de transport.
    À l’échelle wallonne, est repris pour l’horizon 2030 un objectif de réduction des émissions de GES de -37 % (exprimé par rapport à 2005, et uniquement pour le secteur économique non soumis à l’Emission Trading System). Et il est prévu que les énergies renouvelables couvrent 23.5 % de la consommation finale brute d’énergie. Cet objectif devra être rehaussé avec l’ambition de ce gouvernement d’atteindre une réduction de 55 % de GES d’ici à 2030 par rapport à 1990 (donc pour l’ensemble des émissions de la Région).

    La biomasse représente un pilier de la production de chaleur renouvelable.

    Selon les estimations, l’ensemble des sources d’approvisionnement locales totalise 7,8 TWh d’énergie primaire au départ de bois-énergie, répartis de la manière suivante selon la matière (tableau ci-annexé)

    Si l’on considère comme « déchets de bois » les plaquettes forestières (coproduits de l’exploitation forestière pour le bois d’œuvre), les pellets (issus des connexes de la transformation du bois), le bois issu de l’entretien des bords de route, les déchets de bois de type « bois B », ainsi que les liqueurs noires (coproduit de l’industrie papetière), le total s’élève alors à 5,9 TWh.

    Selon les projections actuelles, environ la moitié de ce potentiel local devrait être alloué à la production de chaleur seule, et l'autre moitié, à la cogénération de chaleur et d'électricité.

    Par ailleurs, une croissance relativement limitée des importations en bois-énergie est attendue.

    Il est estimé que les mesures du plan permettront d’atteindre en 2030 – à partir de biomasse – une production de chaleur uniquement de l’ordre de 7,3 TWh (soit presque triplée par rapport à 2005), à laquelle vient s’ajouter une production de l’ordre de 4,6 TWh de chaleur biomasse par système de cogénération chaleur-électricité (soit deux fois plus qu’en 2005) (graphique ci-annexé).

    Le PNEC prévoit une bonne continuité de l’utilisation de bois local. À l’horizon 2030, la biomasse solide ou ressources forestières (liqueur noire, pellets, bois de feu, déchets de bois traité de type « bois B », bois de bord de route et plaquettes forestières) pèsera pour 7,8 TWh dans la production de chaleur renouvelable. La contribution de bois de type « Bois B » aux objectifs est estimée à un peu moins de 1 TWh.
    Les impacts sur la qualité de l’air, la disponibilité de la matière, la durabilité, ont également été pris en compte pour l’estimation du potentiel. En ce sens, le rôle du comité transversal de la biomasse est primordial, puisqu’il est chargé de vérifier que les projets soutenus par la Région respectent bien les principes d’utilisation durable de la biomasse et le respect de l’utilisation en cascade. Une croissance relativement limitée des importations en bois-énergie est attendue.

    En outre, avec la Déclaration de politique régionale 2019-2024, les objectifs déjà ambitieux de réduction des émissions de GES se voient revus à la hausse à l’horizon 2030 (réduction globale de -55 % par rapport à 1990, recouvrant l’ensemble des secteurs économiques).

    Comment cette nouvelle ambition se traduira en termes de production de chaleur renouvelable n’est pas encore établi à l’heure actuelle, mais il est certain que ces objectifs devront eux aussi être revus à la hausse.

    Dans ce contexte, la diversification des sources d’approvisionnement en biomasse et la dynamisation de développement de projets locaux de production de bioénergies ont leur place pour contribuer au mix énergétique wallon de demain.