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La pénurie de "talents" pour les entreprises

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 392 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 18/06/2021
    • de SOBRY Rachel
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Si la reprise de l'économie est réjouissante, elle ne sera une réelle réussite que si les entreprises parviennent à embaucher les profils souhaités. Hélas, selon le dernier baromètre de ManpowerGroup, les employeurs éprouvent le plus grand mal à remplir leurs postes vacants.

    D'après Philippe Lacroix, managing director de ManpowerGroup, la pénurie de talents a atteint, suite au coronavirus et ses répercussions, des niveaux jamais observés en 15 ans. La main-d'œuvre proposée ne correspond selon lui pas aux offres d'emplois. Le Covid a engendré une digitalisation rapide du monde du travail sans que les demandeurs d'emploi n'y soient suffisamment formés.

    Monsieur Lacroix estime que pour remédier à cette situation, il convient d'activer les chômeurs et les personnes qui travaillent à mi-temps. Insérer davantage les personnes à mobilité réduite dans les entreprises pourrait aider. Enfin, le nœud du problème serait l'inadéquation de la formation. La formation continue des travailleurs, notamment au numérique, est importante pour que ces personnes continuent à être « employables ». La formation en alternance est également vue comme une piste de solution, proposant à des étudiants de suivre des cours tout en effectuant un stage en entreprise.

    Alors que le Gouvernement entend faire de la formation et du développement des compétences un pilier fondateur de son action, j'ai plusieurs questions.

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance du dernier baromètre de ManpowerGroup ?

    Quelle en est sa lecture et aurait-elle déjà enclenché des actions à la lumière de ce baromètre ?
    Si oui lesquelles ?

    Comment remédiait-elle à l'inadéquation entre la main-d'œuvre disponible et les offres d'emploi ?

    Quelles sont les mesures en place et avec quels objectifs ?

    En ce qui concerne le numérique, des cours spécifiques sont-ils désormais intégrés à l'ensemble des formations, pour répondre à la demande de « modernisation » des profils ?
  • Réponse du 27/12/2021
    • de MORREALE Christie
    Une liste des fonctions critiques et métiers en pénurie est publiée chaque année par le FOREm début juillet. Cette liste s’appuie sur les données administratives du FOREm (offres suivies par les conseillers aux entreprises du FOREm) ainsi que sur des interviews d’experts tant internes au FOREm, qu’externes (essentiellement les fonds sectoriels ou autres représentants sectoriels).

    La liste 2021 compte 126 fonctions critiques dont 76 fonctions en pénurie de main-d’œuvre, soit un métier en pénurie de plus que l’an passé.
    Parmi les métiers qui entrent dans la liste 2021, citons par exemple en tant que fonctions critiques : aide familial, inspecteur de police, motion designer, et cetera, et tant que fonctions en pénurie de main-d’œuvre : administrateur de systèmes d'information, syndic d'immeuble(s), isolateur de gros œuvre et toiture, et cetera.

    Face à cette situation, amplifiée par la crise et ses conséquences, le FOREm a mis en œuvre divers leviers :

    1. Plans de relance sectoriels :

    Ces Plans de relance s’appuient sur les dispositifs existants et se décline en 3 phases :
    - court terme (depuis le 15 mars 2020) : contact proactif des entreprises relevant des secteurs essentiels afin de capter et satisfaire leurs besoins de recrutement urgents, conseil aux 65 000 entreprises clientes par rapport aux dispositions de crise, mise en place de l’accompagnement instantané et prise en charge accélérée des jeunes qui s’inscrivent pour la première fois au FOREm comme demandeurs d’emploi ;
    - moyen terme (depuis juin 2020) : mise en œuvre d’un plan d’actions de relance pour les entreprises wallonnes, comportant un volet générique (promotion et mise en œuvre d’une offre de services/conseil adaptée aux entreprises de tous secteurs) et un volet sectoriel spécifique concerté avec les organisations représentatives des secteurs ;
    - long terme : anticipation et mise en œuvre du dispositif d’accompagnement des reconversions collectives.

    2. Accompagnement adapté :

    Le FOREm est occupé à mettre en œuvre l’accompagnement adapté dont l’idée est d’apporter à chacun un accompagnement spécifique et personnalisé pour décrocher un emploi qui répond à son projet de vie, en vue de mieux doter les entreprises des talents dont elles ont besoin aujourd’hui et demain… et ainsi contribuer au développement de la Wallonie.

    Dans ce cadre, un suivi sectoriel des demandeurs d’emploi sera organisé. Cet accompagnement s’adresse aussi aux demandeurs d’emploi dont le projet professionnel s’inscrit dans un secteur bien identifié et qui disposent des compétences directement (ou moyennant formation qualifiante) valorisables sur le marché de l’emploi. Cet accompagnement s’inscrira dans une logique d’écosystème sectoriel impliquant conseillers DE, conseillers entreprises et formateurs.

    3. Wallonie Compétences d’Avenir et les réponses coconstruites inter-opérateurs :

    En sa séance du 03/09/2020, le Gouvernement wallon a validé une dynamique de formation professionnelle qui s’est traduite par la création de la plate-forme « Wallonie Compétences d’Avenir » dont les 2 objectifs majeurs sont les suivants :
    - répondre aux besoins de main-d'œuvre identifiés (métiers en pénurie, fonctions critiques, métiers porteurs) en stimulant et organisant une offre de formation de qualité, disponible, agile, lisible et générant des économies d'échelle, notamment par l’optimisation des parcours inter-opérateurs ;
    - anticiper et apporter une réponse aux besoins en compétences à court, moyen et long termes (métiers d’avenir et métiers en évolution) en favorisant et stimulant l'innovation :
    * incubation de projets ;
    * nouvelles pratiques pédagogiques.

    4. Renforcement de la formation en milieu de travail (formation alternée) :

    Ma volonté est de privilégier des formules d’apprentissage en milieu de travail (AMT) dans l’offre de service.
    Cette volonté se fonde sur les constats très positifs dressés notamment par des institutions européennes : les taux d’insertion socioprofessionnelle des stagiaires y sont excellents ; les entreprises investissent dans la formation et recrutent des travailleurs formés selon leurs spécificités ; les formateurs sont en contact direct avec les entreprises et adaptent en continu leurs connaissances, compétences et modes de formation.

    Elle se base aussi sur le fait que la pandémie Covid-19 a permis d’élargir des conditions d’accès au dispositif FALT (formation alternée pour demandeurs d’emploi).