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La pollution des eaux par les lingettes en cellulose

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 460 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 18/06/2021
    • de RYCKMANS Hélène
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Les lingettes hygiéniques ont fait leur apparition depuis près de 20 ans déjà sur le marché et elles s'accumulent dans les égouts, les rivières, les stations d'épuration.

    Ces lingettes sont composées pour l'essentiel de fibres de cellulose non tissées ; elles ne sont pas censées se retrouver dans les égouts, mais force est de constater que les consignes de ne pas les jeter dans les WC ne sont pas respectées. Comme elles ne se désagrègent pas, elles bouchent les déversoirs d'orage des collecteurs, bloquent les stations d'épuration et se retrouvent en masse dans les rivières dont elles tapissent les lits ! L'ASBL Aer Aqua Terra expérimentée dans le nettoyage des lits de rivières du bassin Dyle-Gette en a récolté plus de 13 000 litres, qui ont été incinérés ensuite. Cette ASBL fait un travail très important de nettoyage et de sensibilisation aux pollutions des rivières. Avez-vous pris des dispositions pour renforcer le travail de cette ASBL et envisagez-vous de l'étendre et de la susciter auprès des autres contrats de rivière en Wallonie?

    Ces lingettes doivent être ramassées et collectées ; et elles le sont difficilement – ceci engendre notamment des frais de curage : un chiffre - évoqué en 2019 par le prédécesseur Madame la Ministre - est de 3 millions d'euros par an!

    Dispose-t-elle de chiffres récents sur la présence de ces lingettes et sur le coût de leur traitement pour toute la Wallonie ?

    Avec le Covid, l'usage de ces lingettes s'est-il amplifié ?

    De nouveaux usages notamment pour l'entretien ménager se manifestent ; leur composition elle-même a-t-elle été modifiée ?

    Avec quel impact pour la santé ?

    Ne pense-t-elle pas nécessaire d'aborder cette question avec les autres Régions et les autorités fédérales ?

    Quelles sont les pistes déjà explorées pour réduire l'utilisation de ces lingettes ou leur mésusage ?

    Ne pense-t-elle pas utile de tenter de réduire ce problème à l'origine ?
  • Réponse du 06/08/2021
    • de TELLIER Céline
    L’ASBL Aer Aqua Terra et sa responsable sont bien connues de mes services et bénéficient d’un soutien moral et financier. Ainsi, en 2020, l’ASBL a reçu un subside de 25 000 euros. Il est à noter que d’autres entités publiques, telles que les communes et la province du Brabant wallon, ont également alloué des fonds à Aer Aqua Terra.

    Tout récemment, l’ASBL Be WaPP a développé un « kit Rivière Plus Propre » en partenariat avec Aer Aqua Terra. Ce kit est composé d’une part, de différents éléments matériels spécifiquement prévus pour le ramassage de déchets en rivière (combinaisons étanches, gants, pinces, canoé, seaux, bâches …) et d’autre part, d’un guide méthodologique de collecte de ces déchets dans le respect du biotope aquatique.
    Ce kit est maintenant mis à la disposition de tous les contrats de rivière wallons. Son utilisation permettra de mener des Opérations Rivières Propres à plus grande échelle.

    Ces Opérations, en quelques sortes « curatives », complètent l’importante campagne de sensibilisation grand public, menée depuis plus d’un an par les 14 contrats de rivière de Wallonie et la SPGE, intitulée « Ici commence la mer ». Cette campagne vise principalement à réduire le volume des déchets jetés dans les avaloirs et toilettes (en ce compris les lingettes) et à protéger ainsi les milieux aquatiques.

    Au vu de l’impact de la crise sanitaire sur l’usage de matériel et de produits destinés à améliorer l’hygiène, il est vraisemblable que l’usage des lingettes humidifiées s’est accru, tout comme ce fut le cas pour d’autres types de produits (désinfectants) ou de systèmes de protection (masques, gants). Par ailleurs, différentes enquêtes menées lors de la crise sanitaire avaient pu mettre en évidence l’accroissement des déchets liés à la crise du Covid (masques, gants, mouchoirs) dans l’espace public.

    Il est à noter qu’une directive européenne de 2019 cible notamment les lingettes humides. Cette directive précise par ailleurs que ces produits seront soumis à des exigences de marquage afin de rappeler à leurs utilisateurs qu’il ne convient pas de les éliminer par le réseau d’assainissement. Outre cette obligation de marquage, un régime de responsabilité élargie des producteurs devra être mis en place afin de soutenir des mesures de sensibilisation visant à encourager des habitudes de consommation responsable permettant de réduire les déchets sauvages, mais aussi à supporter les coûts de nettoyage de ces déchets dans l’espace public.

    Je serai dès lors particulièrement attentive lors de la transposition de ces textes en législation régionale à ce que les secteurs économiques concernés assument pleinement leur responsabilité.

    Enfin, j’en terminerai en mentionnant que, depuis le 16 juin 2021, la Belgique a adhéré à la Charte sur les plastiques dans les océans. Cette charte constitue un instrument global encadrant une approche plus efficace en matière d’utilisation des ressources et une gestion durable tout au long du cycle de vie des plastiques. Cette approche vise entre autres à éviter le recours inutile aux plastiques et à en prévenir les déchets. Ce faisant, la Belgique rejoint ainsi 26 gouvernements et plus de 70 entreprises privées et organisations de la société civile, qui tous souhaitent contribuer à stimuler l’innovation en faveur de solutions technologiques et de solutions durables tout au long du cycle de vie des plastiques, tout en permettant aux consommateurs et aux entreprises d’adapter leur comportement.