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La gestion de l'agriculture urbaine

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 552 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 23/06/2021
    • de FONTAINE Eddy
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'agriculture urbaine ou périurbaine se définit comme la production de légumes, de fruits et d'herbes aromatiques ainsi que l'élevage de poules ou encore de lapins en ville.

    Sa pratique peut varier du simple potager communautaire à la serre en toiture.

    Les jardins productifs urbains répondent à une dynamique de loisir, mais peuvent aussi être une activité à but commercial et/ou servir à des projets visant à restaurer du lien social.

    Ce type d'agriculture connaît un essor depuis quelques années, avec une accélération de son développement depuis 2015. Elle tente de se professionnaliser en Europe. Un véritable marché s'est ouvert outre Atlantique attiré par la maîtrise des paramètres de production (température, taux d'humidité, lumière …) en intérieur, indoor farming, permettant la déconnexion de la production en rapport avec le cycle des saisons.

    Gembloux Agro Bio-Tech a lancé une recherche sur l'émergence d'une agriculture urbaine professionnelle dans les villes des pays industrialisés ainsi que sur l'adaptation d'un cadre technique.

    Comment Monsieur le Ministre va-t-il renforcer l'anticipation de ce développement ?

    Quelle stratégie va-t-il mettre en place pour intégrer ce secteur dans la stratégie agricole wallonne ?

    Quels sont les premiers résultats du travail de recherche engagé à Gembloux ? Est-il suffisamment concluant pour permettre de soutenir son développement ?

    Un travail de recensement dans nos villes wallonnes est-il à l'ordre du jour ?

    Des projets à finalité sociale ont-ils vu le jour autour de l'agriculture urbaine ? Comment Monsieur le Ministre les a-t-il encouragés ?

    Comment compte-t-il se concerter avec son collègue responsable de l'Environnement pour mettre en place un cadre autour du développement de cette agriculture par de gros acteurs industriels ? Une initiative du Gouvernement est-elle à proposer ?
  • Réponse du 12/07/2021
    • de BORSUS Willy
    L’agriculture urbaine est de nature à rencontrer les enjeux d’un développement durable basé sur les trois piliers que sont l’économie, le social et l’environnement.

    Bien qu’elle soit toujours en phase de développement, et forcément émergente, elle n’a pas pour finalité d’entrer en concurrence avec l’agriculture rurale telle que nous la connaissons aujourd’hui, mais de lui être complémentaire. Elle a en tout cas le mérite de relier les producteurs aux consommateurs et de revaloriser nos produits locaux.

    Ces dernières années, divers projets d’agriculture urbaine ont été lancés en Wallonie. Le Centre de recherche en agriculture urbaine de l’Université de Liège Gembloux Agro-Bio Tech a également développé et mis en place, plus de 150 bacs potagers (système BAcUp) sur les toits et au pied de divers bâtiments à Bruxelles, à Gembloux et à Mons.

    D’autres initiatives consistant à mettre à disposition de candidats des surfaces de terrains communaux ont vu le jour (CREaFarm).

    Le projet « Verdir » de l’ULg à Herstal, cofinancé par le FEDER et la Wallonie, au sein du plan « Green life », pour la réhabilitation de la friche industrielle en bord de Meuse, consiste à aménager entre autres des aires de culture destinées à alimenter un circuit court de distribution, mais aussi une pépinière de containers « Smart Box » pour l’extraction de molécules destinées aux biotechnologies.

    On recense quelques projets professionnels hors-sol dont, un producteur wallon spécialisé en plantes aromatiques en pots, un producteur de tomates sous 7 ha de serres et un couple d’agriculteurs utilisant la chaleur résiduelle de leur unité de cogénération pour produire des tomates sous 1 ha de serres.

    D’autres projets avec une finalité sociale ont vu le jour en Wallonie : les projets de Ceintures Alimen’Terre, existent à Liège, Charleroi, Ath, Verviers, Tournai, et dernièrement à Namur. Favoriser ces ceintures alimentaires fait partie des objectifs de la Wallonie via la DPR. L’appel à projets « Verdissement des places publiques » lancé en 2017 par la Wallonie a permis d’installer des Potagers communautaires, des plantations de verger, dans 32 communes.

    « Terres en vue » met à disposition des terrains agricoles pour les candidats maraîchers. L’ASBL « Nos Oignons » organise quant à elle dans le Brabant wallon des ateliers collectifs hebdomadaires de jardinage en entreprise agricole, sous la forme d’un échange de services.

    Il faut certes soutenir l’innovation, mais cela ne doit pas se faire au détriment des exploitants plus classiques que sont les producteurs agricoles et horticoles conventionnels ou bio, confrontés à des défis d’adaptation permanents. Il faut encourager les projets d’agriculture urbaine « pleine terre » à taille humaine, généralement avec un business model plus durable.

    Il faut cependant que la recherche poursuive son travail pour arriver à mieux préciser ce qui est réellement durable au niveau de ces spéculations innovantes. Une des pistes serait l’optimisation de la circularité utilisant les déchets de la ville, en facilitant un ancrage dans le quartier, en apportant une contribution au système alimentaire local.

    L’agriculture wallonne anticipe en effet la croissance de ce mode de production. Au-delà des projets soutenus par les moyens publics que j’ai mentionnés ci-dessus, les réflexions sont par exemple menées pour intégrer les initiatives d’agriculture urbaine dans les prescriptions urbanistiques et d’aménagements du territoire. Par ailleurs, le Gouvernement soutient de manière appuyée, le renforcement des filières horticoles via le collège des producteurs.

    Les résultats de recherche engagés à Gembloux sont encourageants au niveau technique. Ils montrent la possibilité de cultiver avec moins d’intrants, avec des techniques pleine terre et hors-sol innovantes encore peu utilisées en Wallonie. À l’opposé de la Flandre, les techniques hors-sol étudiés sont des systèmes de production pour des entreprises de petite taille et ces techniques hors-sol y sont moins consommatrices d’intrants. C’est notamment le cas de l’aquaponie où les fertilisants des plantes sont fournis par les déjections de poissons alors que ceux-ci constituent une rente supplémentaire. De nouvelles façons de produire ont donc été développées. D’autres sont toujours en développement. Les études économiques doivent encore être poursuivies pour déterminer les business modèles permettant le développement économique.