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La prévention en Wallonie de l'utilisation de certains médicaments à long terme

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 407 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 02/07/2021
    • de DURENNE Véronique
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Selon une récente étude de l'Université de Gand, 12% de la population adulte belge consomme des somnifères ou sédatifs du groupe des benzodiazépines et des « Z drogues ». Il ressort également qu'un patient sur trois prend encore ces médicaments huit ans après le début de son traitement, contre les deux semaines recommandées.

    Une première explication réside dans le fait que la majorité des personnes qui consomment ces médicaments ont reçu peu d'informations sur les effets à long terme, la date d'arrêt recommandée, l'arrêt pur et simple du traitement et les alternatives possibles pour traiter les causes sous-jacentes à cette consommation. Il apparaît également que beaucoup de ces personnes éprouvent un sentiment de honte à l'égard de leur consommation de médicaments, et hésitent à demander de l'aide, préférant se renseigner sur des forums en ligne auprès d'autres personnes malades. Enfin, l'étude alerte quant à la relative inefficacité des campagnes et mesures de prévention.

    Madame la Ministre a-t-elle bien pris connaissance de ce rapport ?

    Quelle collaboration est mise en place au niveau wallon et interfédéral avec les professionnels de la santé afin de repenser de manière plus globale la prévention de l'utilisation à long terme, d'améliorer le lien avec le citoyen ainsi que la diffusion d'information à caractère médicale et de réduire la peur de la prise de contact ?

    Ces sujets feront-ils bien l'objet d'ateliers lors des prochaines assises de la 1re ligne ?

    Ces aspects sont-ils intégrés dans le nouveau Plan prévention et promotion de la santé et dans ses arrêtés d'exécution ?

    Qu'en est-il en matière d'information et de prévention à destination des Wallons afin de les informer des effets indésirables potentiels en cas de consommation de somnifères et calmants de manière prolongée à la lumière des expressions du rapport sur une relative inefficacité des campagnes et mesures de prévention?

    Quels remaniements dans sa politique de santé a-t-elle enclenchés ?
  • Réponse du 18/10/2021
    • de MORREALE Christie
    Le rapport précise que « Selon la dernière enquête nationale sur la santé de 2018, 12 % de la population adulte belge a déclaré utiliser un BZD / Z (Gisle et al.2020). Ces chiffres indiquent une légère diminution de l'utilisation du BZD / Z par rapport aux enquêtes sur la santé de 2013 (13 %) et 2008 (14 %), ce qui indique probablement un effet des efforts continus du Gouvernement fédéral pour réduire la consommation de BZD / Z. »

    Selon la 5e enquête de santé Covid de Sciensano de décembre 2020, « En décembre, 73,5 % des participants âgés de 18 ans et plus consommaient des boissons alcoolisées, 23,0 % étaient fumeurs, 6 % consommaient des substances illégales et 21 % prenaient des somnifères ou des tranquillisants ;
    La recrudescence du recours aux sédatifs et tranquillisants est à mettre en parallèle avec la part importante de la population qui souffre de troubles du sommeil (72 %) et de troubles anxieux (23 %). »

    Depuis plusieurs années, le SPF Santé publique coordonne la plateforme BelPEP : « Belgian Psychotropics Experts Platform ». Il s’agit d’une plateforme multidisciplinaire qui vise à favoriser un usage adéquat des médicaments psychoactifs, dont les somnifères et les calmants, les antidépresseurs, les psychostimulants et les antipsychotiques. Cette plateforme a développé des outils destinés aux médecins généralistes, pharmaciens et psychologues, pour promouvoir un usage rationnel des psychotropes et éviter les primoprescriptions lorsque cela est possible.

    Ainsi, des recommandations, des e-learning ainsi que du matériel imprimable pour les salles d’attente sont disponibles sur différents sites web : le site du SPF Santé publique, www.somnifèresetcalmants.be et https://www.trajet-tdah.be . Ces sites web sont également référencés sur le site wallon www.trouverdusoutien.be , dans la partie réservée aux professionnels de l’aide et du soin.

    En outre, la Région wallonne soutient la Société scientifique de médecine générale qui propose, sur son site web, des outils de dépistage, d’aide à la consultation et d’accompagnement en matière de burn-out et de dépression.

    Les Assises de la première ligne ont, entre autres, pour objectif de renforcer la concertation autour du patient grâce à une communication efficace entre les différentes lignes de soin ainsi que de promouvoir le travail en réseau. Ces futurs changements dans l’organisation du secteur des soins devraient bénéficier au patient. Les professionnels de santé, ainsi mieux coordonnés entre eux, pourront agir rapidement en amont plutôt que de laisser filer et compliquer la situation de santé de la personne.

    Une prise en charge globale et efficace du patient par le réseau de soins (médecin, pharmacien, infirmier…) devrait permettre de prévenir davantage de situations à risque, telle que la prévention de l’utilisation à long terme de benzodiazépines.
    Mais ce sont les acteurs de la première ligne qui viendront avec leurs préoccupations et leurs propositions.

    La sensibilisation des professionnels relevant de la compétence du fédéral et celle du grand public de la compétence des régions, les différentes entités du pays se concertent actuellement au sujet des collaborations qui pourraient être envisagées pour favoriser un usage rationnel des psychotropes. La création d’un portail centralisant toutes les informations pertinentes en matière de consommation de psychotropes est en cours de discussion.

    Concernant les personnes âgées, actuellement, chaque MR/MRS « met en place une procédure de contrôle de la gestion thérapeutique des médicaments » conformément au point 8.3, chapitre II de l’Annexe 120 du CRWASS. Dans sa Déclaration de politique régionale 2019-2024, le Gouvernement wallon entend « encourager les MR/MRS à un usage rationnel des médicaments » pour faire face à la surmédication des résidents en maisons de repos. Les pharmaciens ont à ce titre un rôle prépondérant en la matière.