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Le déploiement des dispositifs wallons de prise en charge de jeunes dont un proche souffre de troubles psychiques

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 408 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 02/07/2021
    • de SOBRY Rachel
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Un certain nombre d'enfants, de jeunes et de jeunes adultes vivent avec un proche, souvent un parent, qui souffre de troubles psychiques. Parfois, ils passent des années à voir un proche souffrir, à l'accompagner dans des centres spécialisés, à croiser des médecins, à aller chercher des médicaments, et cetera.

    Le Docteur Frédérique Van Leuven, psychiatre au Centre Saint-Bernard à Manage, a mené une recherche ethnographique sur ces enfants qui grandissent avec un parent souffrant de maladie mentale. Il s'avère que quand ces enfants ont besoin d'aide, de réponses, ils sont malheureusement souvent dirigés vers des services de soins similaires à ceux de leur parent. Cela est évidemment peu adapté, les isole et/ou les stigmatise.

    Quatre associations issues de quatre pays différents ont uni leurs expertises pour mettre en place une plateforme de prévention intitulée JEFpsy qui offre un grand nombre d'informations à l'attention de ces jeunes, dans un langage clair et pensé pour eux et permet d'échanger tant avec d'autres enfants qu'avec des professionnels habitués à ces situations. Chez nous, c'est l'ASBL carolo « Étincelle » qui assure le relais et s'occupe de ce service anonyme et gratuit.

    La Wallonie manque-t-elle de services d'accompagnement pour les enfants dont un proche souffre de troubles psychiques ?
    Ces cas de figure susmentionnés peuvent-ils permettent-ils à ces jeunes de rentrer dans les dispositifs d'aide ou de répit pour les aidants proches ?
    Le cas échéant, qu'est-il fait pour y remédier et aider ces enfants ? Des partenariats auraient-ils été conclus avec la FWB ou le Fédéral ?

    Sans un dispositif ou un service adapté, ces enfants risquent-ils de développer eux-mêmes des troubles psychiques ?

    Madame la Ministre aurait-elle commandé des études sur le sujet ?

    Quelle est sa position quant au service mis en place via la plateforme JEFpsy et le travail de l'ASBL Étincelle ?

    La Région wallonne pourrait-elle s'y associer ou à tout le moins le soutenir ?
  • Réponse du 18/10/2021
    • de MORREALE Christie
    Merci de mettre en avant l’important travail de sensibilisation que réalise le Docteur Frédérique Van Leuven à l’égard des enfants dont un proche souffre de troubles psychiques. Cette psychiatre, qui travaille à l’Hôpital psychiatrique Saint-Bernard à Manage et fait partie du Réseau de santé mentale mosaïque est une cheville ouvrière infatigable qui n’hésite pas à bousculer les pratiques en psychiatrie et à remettre certaines questions essentielles au centre de la pratique et des soins de santé mentale.

    Ses convictions au sujet des relations intrafamiliales, qui ne devraient pas être doublement altérées par la rupture des contacts et l’incompréhension, sont pleinement justifiées. Un ouvrage sur ce sujet a d’ailleurs fait l’objet d’une publication avec Cathy Caulier « Grandir avec des parents en souffrance psychique ». Elle a par ailleurs mis en place des lieux de parole et des groupes des familles à Saint-Bernard.

    Il est clair que le besoin d’information et de communication est essentiel pour les enfants et les jeunes, s’agissant de la maladie psychique d’un de leur proche, pour ne pas creuser le sentiment de solitude et d’incompréhensions et pour éviter l’assimilation du jeune aux troubles de l’adulte. L’autostigmatisation est un risque bien réel, qui s’ajoute parfois au regard stigmatisant des adultes qui entourent l’enfant dès son plus jeune âge.

    La plateforme de prévention JEFpsy est un magnifique outil de communication : bien pensé, adapté et riche des différentes possibilités qu’il offre aux jeunes pour comprendre mieux et trouver l’aide dont ils peuvent avoir besoin. Des informations compréhensibles du plus grand nombre, sur des sujets aussi sensibles, la possibilité d’aller puiser des ressources, et de recourir au moyen le plus adapté : le chat, le téléphone, le mail.

    Il va sans dire que le lien vers cette plateforme sera très rapidement intégré au site ressource que nous avons mis en place grâce à l’AViQ durant la crise www.trouverdusoutien.be, et à d’autres sites ressources tant il gagne à être connu des secteurs chargés de nos jeunes citoyens.

    Cette association de professionnels issus de 4 pays limitrophes s’adosse à des valeurs communes et à la double conviction que les personnes souffrant de troubles psychiques sont des citoyens à part entière qui ont leur place dans nos sociétés, et que les jeunes, témoins des troubles de leur proche, ont besoin d’être reconnus et de comprendre ce que cette situation implique pour eux-mêmes.

    En fait partie, pour la Wallonie, le service Étincelle, que j’ai décidé de soutenir à partir du 1er janvier 2021, à titre de subvention facultative.

    Cette ASBL, qui a d’ailleurs a reçu le prix du jury du Reintegration Award 2021, organisé par le CRéSaM, s’est donné pour mission d’apporter un accompagnement aux jeunes et aux enfants qui grandissent avec un proche en souffrance psychique. Elle est également attentive à la formation et au soutien des professionnels de l’enfance et de la santé. À l’heure actuelle, le soutien financier est encore en attente de l’évaluation de notre Inspecteur des finances.

    À travers ce projet, le Gouvernement wallon marque sa volonté d’offrir à ce public fragilisé par les circonstances de la vie un espace de soutien mobile privilégié destiné à les accompagner dans les meilleures conditions possibles.
    Étincelle souhaite articuler simultanément plusieurs leviers pour développer une approche préventive en agissant d’une part sur l’environnement et d’autre part en soutenant les enfants confrontés à la souffrance psychique d’un membre de leur famille. Prendre soin, accueillir et offrir un espace de parole aux enfants qui grandissent avec un parent en souffrance psychique n’est pas une offre de soins courante à ce stade en Région wallonne aujourd’hui.

    La place des enfants doit être prise très au sérieux dans certaines situations : expliquer ce qui se passe concernant la situation, lui permettre, avec toute la délicatesse et la bienveillance requises, de poser des questions et de déposer son fardeau peut faire soin, mais aussi prévenir d’éventuelles souffrances. La formation des professionnels est un axe également particulièrement précieux dans ce projet.

    Un point important sur ce sujet concerne notamment la question des représentations et croyances, chez les professionnels notamment, autour des questions de parentalité en présence de troubles psychiques, et la nécessité de prendre davantage en compte les ressources de l’entourage et la résilience des jeunes.

    En parallèle à ce jeune projet plein de bon sens et d’espoir, j’aimerais rappeler mon soutien et mon intérêt depuis plusieurs années pour d’autres projets mis en place pour ce groupe cible si particulier. Par exemple, le projet Diapason qui permet d’évaluer et d’intervenir thérapeutiquement sur la qualité de la synchronisation parents bébé et ce, selon une méthodologie évidence-based expérimentée. L’objectif de ce projet est de développer des interventions efficaces pour remédier aux troubles précoces de la synchronisation entre l’enfant (0-3 ans) et le parent. Des études réalisées dans le domaine des neurosciences montrent en effet la pertinence d’un diagnostic et d’une intervention précoce. Cela peut entraîner la réversibilité complète des troubles dans certains cas et favoriser une diminution des handicaps secondaires associés à la pathologie chronique évolutive.

    Ce projet permet donc d’avoir un impact durable sur la santé physique, psychique et sociale de ces adultes en devenir.

    Enfin, il ne faut pas oublier le travail de soutien aux enfants et aux jeunes réalisé par les services agréés. Les services de santé mentale sont des structures qui disposent d’équipes pluridisciplinaires qui peuvent prendre en charge ces enfants. Il existe actuellement trois initiatives spécifiques à destination des enfants qui sont le Gerseau du Service de Santé mentale Safrans en Brabant-Wallon, le réseau enfants-ados du service de Santé mentale de Libramont et Fil-à-fil qui dépend de l’ISoSL, travaillant en hospitalier en en ambulatoire à Liège.