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Sans-abri - Données socio-démographiques.

  • Session : 2005-2006
  • Année : 2006
  • N° : 93 (2005-2006) 1

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  • Question écrite du 07/06/2006
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à VIENNE Christiane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Malheureusement, aujourd'hui encore, trop de personnes se retrouvent sans abri en Région wallonne. Le problème n'est certes pas nouveau mais il mérite que l'on s'y attarde une nouvelle fois pour ne plus revivre chaque année les trop nombreux drames de l'hiver.

    Comme Madame la Ministre le sait, on retrouve plusieurs catégories de sans-abri : ceux qui vivent dans la pauvreté de manière structurelle et les autres qui, tout comme vous ou moi, se retrouvent dans cette pauvreté extrême suite à un accident de la vie.

    Madame la Ministre dispose-t-elle de données socio-démographiques concernant ces personnes qui vivent dans une situation de sans-abri ? Combien sont-ils exactement en Région wallonne ?

    Madame la Ministre dispose-t-elle de données ventilées par province ? Quel est l'âge moyen des sans-abri ? Quelle est leur répartition en fonction du sexe ?

    Madame la Ministre dispose-t-elle de données concernant la formation de base des sans-abri ?

    Enfin, selon Madame la Ministre, ne conviendrait-il pas de disposer de données à caractère socio-démographiques en vue de mieux comprendre, appréhender et lutter efficacement contre ce triste phénomène ?
  • Réponse du 27/06/2006
    • de VIENNE Christiane

    En préambule de ma réponse, je voudrais préciser qu'il est bien entendu de la responsabilité des pouvoirs publics de veiller à ce que chaque citoyen puisse vivre dignement et accéder aux droits fondamentaux, dont le droit au logement. Il est donc de la responsabilité du politique de mettre tout en œuvre pour répondre aux besoins des personnes en situation d'exclusion. Cependant, cette intervention doit se réaliser dans le respect des libertés individuelles de chaque citoyen : le droit des gens de choisir l'endroit où ils passeront la nuit.

    Pour ma part, je pense que la problématique de l'hébergement des sans-abri en Région wallonne est prise en considération de manière conséquente. Outre les associations et les CPAS qui, dans le cadre des logements d'urgence et de transit, accueillent les personnes durant les périodes hivernales, nous avons, en Région wallonne, un réseau de maisons d'accueil permettant d'accueillir des personnes en difficultés sociales tout au long de l'année. Car, en effet, contrairement aux idées reçues, le sans-abrisme, aujourd'hui, n'est plus une spécificité hivernale, mais doit être prise en considération tout au long de l'année. Le pourcentage d'entrée de 2004 en maisons d'accueil est d'ailleurs plus important en juillet et en octobre (10%) que durant les mois d'hiver ( 7% à 8 %).

    Par ailleurs, suite au nouveau décret du 12 février 2004, l'accueil, l'hébergement, et l'accompagnement des personnes en difficultés sociales est désormais réglementé étant donné que tout hébergement fait l'objet d'un agrément obligatoire, même pour les institutions se spécialisant dans l'accueil d'urgence des sans-abri. Cette réglementation permet sans nul doute de professionnaliser le secteur et d'encourager la qualité de l'hébergement tant du côté des infrastructures que du côté du personnel encadrant chargé du suivi de ces personnes.

    Dans le cadre de ce décret, nous comptabilisons aujourd'hui, 60 maisons d'accueil, 2 maisons d'accueil de type familial et 5 abris de nuit. Ces institutions représentent une capacité d'accueil de 1.856 lits agréés dont 1.458 sont subventionnés.

    Les dispositifs existants sont-ils suffisants ? Permettent-ils de faire face à la totalité des besoins ? Je ne peux évidemment pas répondre de manière tranchée à ces questions. L'évaluation sur les moyens déployés durant l'hiver 2004-2005 réalisée, à ma demande, par les relais sociaux faisait état d'un bilan positif. Pourtant, la saturation des abris de nuit a été particulièrement criante l'année dernière.

    Comme le souligne très justement l'honorable Membre, la personne « sans-abri » aujourd'hui n'a plus exclusivement le visage d'une personne précarisée de petit revenu, voire d'origine étrangère. La personne « sans-abri » d'aujourd'hui peut être tout quidam ayant subi « l'accident de vie » de trop.

    De plus, les difficultés sociales que rencontre la population sont davantage plus complexes. Nous ne pouvons plus nous contenter d'envisager des perspectives de besoins éventuels en regard des données socio-démographiques traditionnelles telles que revenu, situation des ménages, origine de la population, formation du public (…) en ayant la certitude que les politiques envisagées répondront à la nécessité du moment présent.

    Les seules données statistiques précises que nous avons aujourd'hui, sont les informations relatives aux personnes qui sont accueillies au sein de nos services reconnus. Ces informations sont bien évidemment insuffisantes étant donné qu'elles représentent un cadastre « a posteriori » d'une population qui fait déjà appel et qui accepte de fournir des informations sur sa situation (la confidentialité dans l'hébergement d'urgence étant acceptée). Même si ces chiffres sont aléatoires, ils permettent toutefois de percevoir certaines caractéristiques et les évolutions éventuelles de la population concernée.

    Quelques chiffres intéressants ( statistiques du secteur maisons d'accueil 2004) :

    Personnes hébergées :

    - hommes 1.825 45 %
    - femmes 1.172 29 %
    - enfants 1.028 26 %

    Répartition selon la provenance du public :

    - logement autonome 1.047 35 %
    - institution 673 23 %
    - famille 397 13 %
    - aucun endroit fixe 467 16 %
    - inconnu 382 13 %


    Répartition selon les tranches d'âge :

    - les enfants
    < 1 an 109 10 %
    1 à 3 ans 301 27 %
    4 à 6 ans 256 23 %
    7 à 9 ans 168 15 %
    9 à 12 ans 137 12 %
    > 12 ans 149 13 %
    inconnu 9 1 %

    - les adultes
    18 à 24 ans 789 24 %
    25 à 30 ans 573 17 %
    31 à 39 ans 807 24 %
    40 à 49 ans 726 22 %
    50 à 59 ans 302 9 %
    60 à 64 ans 42 1 %
    65 ans 40 1 %
    inconnu 44 1 %

    Ces statistiques très aléatoires permettent toutefois de dégager certains commentaires pertinents :

    - l'accueil des hommes est prédominant ;
    - l'accueil des enfants accompagnés des mères est conséquent ;
    - la tranche d'âge prédominante des hébergés se situe entre 18 et 39 ans. Le secteur constate d'ailleurs à ce sujet un rajeunissement important de la population au cours de ces trois dernières années.

    L'hébergement des personnes en difficultés sociales est un secteur conséquent. Les réponses aux besoins d'hébergement sont multiples : maison d'accueil, logement de transit, logement d'insertion, logements sociaux, … Ces besoins sont bien souvent évalués sur la base des pratiques de terrain et en fonction des situations identifiées.

    Plusieurs données statistiques existent, elles doivent toutefois être rassemblées afin d'effectuer une étude comparative. Par ailleurs, les besoins du secteur en perpétuelle mutation exigent que ces données soient régulièrement alimentées.

    La restructuration du secteur de l'accueil, de l'hébergement et de l'accompagnement des personnes en difficultés sociales m'oblige aujourd'hui à examiner cette situation dans les plus brefs délais.