/

Les champs photovoltaïques

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 578 (2020-2021) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 07/07/2021
    • de HERMANT Antoine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Les demandes de permis pour les champs photovoltaïques sont en plein boom. La pression est mise sur les terres agricoles. Selon la FWA, en Wallonie, sur 123 dossiers pour du «grand photovoltaïque», 22 concernent une zone agricole.

    Les agriculteurs sont inquiets, voici une déclaration de la présidente de la FWA : “En Belgique, il faut comprendre que chaque m2 est exploité. Nous devons avoir une utilisation parcimonieuse du sol. Donc ici, notre discours n'est évidemment pas contre l'énergie verte, mais bien pour une bonne exploitation des surfaces.”

    D'après la FWA, les espaces disponibles existent : les friches industrielles, les toitures des exploitations agricoles et des entreprises, les parkings, les bords d'autoroute, les surfaces disponibles dans les échangeurs d'autoroute... Comme le précisait la FWA, c'est évidemment plus coûteux d'installer sur le toit d'une entreprise que dans une prairie.

    Comment Monsieur le Ministre explique-t-il son choix d'installer des panneaux photovoltaïques sur les surfaces agricoles alors que la DPR stipule explicitement la volonté d'installer ces panneaux sur les toitures et dans/sur les entreprises ?
  • Réponse du 16/07/2021
    • de BORSUS Willy
    La Déclaration de politique régionale prévoit que le Gouvernement définisse une vision énergétique tenant compte de l’abandon de l’énergie nucléaire d’ici 2025, et de l’abandon des énergies fossiles au profit de 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2050. La contribution wallonne au Plan national Energie-Climat prévoit un développement important de la filière photovoltaïque à l’horizon 2030. Par rapport au scénario de référence, une progression plus importante des filières éolienne (+58 %) et photovoltaïque (+195 %) est envisagée. Ces estimations permettent d’atteindre de l’ordre de 37 % de production d’électricité renouvelable dans la consommation finale d’électricité en 2030.

    La Déclaration de politique régionale demande également de réduire la consommation des terres artificialisées en la plafonnant d’ici 2025. Le schéma de développement du territoire adopté par le Gouvernement wallon le 16 mai 2019 a pour objectif de réduire la consommation des terres non artificialisées à 6 km² par an d’ici 2030, soit la moitié de la superficie consommée actuellement, et de tendre vers 0 km² par an à l’horizon 2050.

    Pour des raisons climatiques, il est donc nécessaire de continuer à accueillir le photovoltaïque et à le développer, et je constate actuellement une forte demande de permis. Mais il convient aussi d’économiser l’espace, d’éviter la concurrence d’usage des sols, et de minimiser les impacts sur la faune, la flore, sur les paysages et sur notre agriculture.

    J’ai à cet égard demandé à mon administration, le SPW Territoire, de préparer une circulaire relative aux permis d’urbanisme pour le photovoltaïque, et cette circulaire sera bientôt diffusée.

    Les installations photovoltaïques intégrées dans le paysage et qui n’ont pas d’impact sur l’occupation du sol doivent donc être privilégiées. Il faut continuer de permettre aux particuliers d’installer des panneaux photovoltaïques sur leur maison, comme nous le faisons depuis des années. Le développement des installations photovoltaïques en toiture, en élévation, ou encore la couverture de surfaces minéralisées comme les voiries, les parkings, les espaces de stockage, et cetera, par des panneaux doit être poursuivi et intensifié. Tous les grands bâtiments, privés comme publics, les centres commerciaux, les hangars industriels, les ateliers, les écoles, les hôpitaux, les centres sportifs ou autres sont des endroits parfaits pour installer des panneaux photovoltaïques. Les hangars agricoles, qui ont des superficies importantes, peuvent accueillir ces installations, et je ne doute pas que la FWA incitera ses membres à développer cette énergie verte.

    En zone agricole, j’estime qu’il faut assurer et préserver l’utilisation durable des sols pour l’agriculture, car la vocation première de la terre agricole est nourricière. Les champs photovoltaïques ne doivent pas - et j’insiste sur ce point - être implantés, en zone agricole, sur des parcelles exploitables. Pour les parcelles dont les sols sont plus pauvres ou les parcelles délaissées, le développement d’activités annexes comme le pâturage du site et la valorisation de la biodiversité est à conseiller, mais pas l’implantation déraisonnée de panneaux photovoltaïques. Les terres cultivées, mais qui ne sont pas reprises au plan de secteur en zone agricole, ne jouissent pas de la même protection juridique que celle qu’offre le plan de secteur, en ce sens qu’une dérogation ne sera pas toujours nécessaire pour octroyer un permis. Il faut aussi laisser à l’agriculteur la possibilité de valoriser ces terres selon les affectations prévues au plan de secteur.

    Les friches industrielles doivent être ramenées vers l’activité économique, ou, le cas échéant, être dotées d’autres fonctionnalités, avant d’en venir, eu égard par exemple à la nature du sol et à l’ampleur de la pollution constatée, à une affectation photovoltaïque. La zone d’activité économique est réservée bien entendu prioritairement à l’implantation des entreprises.

    Je conseille dès lors à la filière photovoltaïque de rechercher prioritairement, pour l’installation des champs photovoltaïques, des sites dégradés et/ou non utilisés, comme par exemple les friches industrielles non réaffectables, les anciennes carrières de faible intérêt écologique, les décharges, les bords d’autoroutes ou de lignes de chemin de fer, les plans d’eau industriels, et cetera.