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L'impact des inondations sur la production agricole et sur les stocks alimentaires

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 600 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 05/08/2021
    • de RYCKMANS Hélène
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Suite aux inondations qu'a connues la Wallonie ces dernières semaines, est-il possible de faire un bilan des pertes survenues dans les productions agricoles de printemps ?
     
    Combien d'exploitations ont-elles été sinistrées durant ces récents et violents épisodes ?
     
    A-t-on déjà une indication sur les pertes pour ce qui concerne les fourrages et les productions de l'alimentation animale ?
     
    Quelles sont les solutions de secours possibles pour faire face à une pénurie éventuelle ?
     
    En ce qui concerne les productions destinées à l'alimentation humaine, y a-t-il un risque de pénurie pour certaines productions ?
    Si oui pour quelle production et de quelle ampleur ?
     
    Quels sont les scénarios qui sont étudiés pour limiter les pertes ou réduire l'impact de celles-ci pour les diverses filières ?
     
    Le recours à des importations est-il envisagé ?
    Si oui, quelles sont les dispositions prises avec des régions productrices à proximité de la Wallonie ?
     
    Il apparaît d'ores et déjà qu'un certain nombre de récoltes, notamment celles imprégnées de boues, ne pourront au final être valorisées qu'en biométhanisation.
     
    Monsieur le Ministre dispose-t-il déjà de données à ce sujet ?  
     
    Des précautions particulières sont-elles à prendre, eu égard par exemple aux hydrocarbures qui se sont largement disséminés sur les terres agricoles ?
  • Réponse du 02/09/2021
    • de BORSUS Willy
    De manière générale, les inondations et intempéries qui ont déferlé sur notre territoire depuis le 14 juillet 2021, n’ont pas non plus épargné le secteur agricole wallon. Dans les zones les plus touchées, des horticulteurs, des pisciculteurs, des éleveurs et des pépiniéristes ont été particulièrement impactés. Quelques horticulteurs ont perdu leurs serres et l’entièreté voire une grande majorité de la production. Les pisciculteurs wallons, producteurs de truites, sont quant à eux situés en bord de cours d’eau et 10 % des fermes aquacoles ont été totalement submergées par les crues, avec l’entièreté de la production de poissons à remplacer, des travaux de nettoyage, de curage, et des reconstructions totales. Et si la plupart des éleveurs bordant les cours d’eau ont pu sauver leurs animaux, les dégâts directs aux installations, aux stocks d’aliments et aux prairies (clôtures, accumulation de déchets transportés par l’eau) ont pu être très importants. En plus des impacts directs provoqués par les coulées de boue et les inondations, les intempéries ont provoqué des impacts indirects sur l’ensemble de la région tels que des verses dans les champs, un retard des moissons, des difficultés à récolter les fruits et légumes et des impacts sur les rendements et la qualité de nombreuses cultures. L’humidité ambiante provoque aussi l’arrivée de maladies telles que les fusarioses dans les cultures, pouvant les rendre impropres à la consommation humaine et animale.
    Les éléments quantitatifs permettant d’établir un bilan des pertes sont toujours en cours d’évaluation.

    Il n’y a donc pas encore de bilan définitif établi, mais il est estimé que le nombre de producteurs significativement et directement touchés avoisine la centaine (dont une vingtaine de producteurs fruitiers/fraise, une vingtaine de maraîchers, 5 aquaculteurs et une cinquantaine de producteurs polyculture/élevage).

    En matière de fourrage, au-delà des pertes liées aux stocks de foin emportés par les eaux, les dégâts directs aux prairies sur quelques dizaines d’ha sont variables, mais peuvent être importants (langues de terre emportées, dépôts de déchets, de cailloux, d’arbres, de voitures, de citernes à mazout, de fûts de beurre…..) et pourraient remettre en cause la capacité à les exploiter pour au minimum 6 mois. Des analyses sont en cours pour évaluer l’impact d’éventuelles pollutions qui pourraient prolonger ce délai. Vu les quantités de foin récoltées au printemps, il n’y aura pas de pénurie de fourrage à l’échelle de la Wallonie. Les producteurs touchés seront indemnisés par les assurances et le fonds de calamité naturelle pour leur permettre de compenser leurs pertes et reconstituer leurs stocks. À ce sujet, le Gouvernement prépare actuellement un avant-projet de décret qui prévoit un régime spécifique d’indemnisations qui sera soumis dans les prochains jours au Parlement wallon.

    À l’exception de certains approvisionnements en circuits courts impactés par les pertes directes de maraîchers ou d’aquaculteurs, il n’y a pas de risque direct de pénurie lié aux inondations. Par contre, la météo de ces dernières semaines génère des pertes de rendements et de qualité (problématique Hagberg, germination, mycotoxines) dont on évalue actuellement qu’elles impacteront au minimum de 30 % la disponibilité en céréales alimentaires (orge de brasserie, blé dur, farine…) à l’échelle wallonne (ce qui, cumulé aux déficits mondiaux annoncés, se traduit d’ores et déjà par des prix élevés). Pour les fruits et légumes, compte tenu du faible niveau d’autoapprovisionnement de base, les équilibres de marché à l’échelle nationale et européenne permettront d’éviter des pénuries face aux plus faibles récoltes de fruits et légumes liées à la météo. Le Collège des Producteurs et les Centres Pilotes spécialisés analysent actuellement avec les filières concernées les mesures à prendre au sein des filières pour gérer les risques de la situation et limiter des impacts économiques trop préjudiciables aux producteurs.

    Les risques liés à la consommation de produits touchés par les inondations par l'homme ou les animaux doivent être évalués au cas par cas. Les divers types de contaminations chimiques et (micro-)biologiques associés aux inondations peuvent varier d'un endroit à l'autre. Les producteurs touchés examinent, avec le soutien de la Région, ces éventuels contaminants afin de prendre les mesures qui seraient nécessaires et d’en évaluer l’impact dans le cadre de leurs dossiers d’indemnisation. J’invite l’honorable membre à adresser ses différentes questions en lien avec l’Environnement à ma Collègue en charge de cette matière, Mme Céline Tellier.