/

Le futur Plan sécheresse wallon

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 516 (2020-2021) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 12/08/2021
    • de DOUETTE Manu
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Nous avons pris connaissance de la liste des membres des groupes de travail mis en place pour élaborer le Plan sécheresse. Les secteurs de l'agriculture et de l'industrie ne semblent pas être représentés dans ces groupes. Madame la Ministre peut-elle confirmer l'absence de ces deux acteurs ?

    Ces deux secteurs sont concernés au premier plan par la question de l'utilisation de l'eau. L'objectif du Plan sécheresse est notamment de pouvoir arbitrer les futurs conflits d'usage en termes de consommation d'eau. Ne serait-il pas pertinent de consulter ces deux secteurs en amont ?

    Actuellement, lors de sécheresses impactant le réseau d'eau de distribution, on interdit l'usage domestique non essentiel. L'étape suivante serait probablement d'interdire temporairement les prises d'eau de surface et eaux souterraines pour l'irrigation des cultures et le secteur industriel. D'autres solutions sont-elles envisagées ?

    Les eaux d'exhaure pourraient-elles, par exemple, être valorisées, moyennant une aide financière aux exploitants qui investiraient pour des unités de traitement de ces eaux ?
  • Réponse du 29/09/2021
    • de TELLIER Céline
    Sur ma proposition, une stratégie intégrale sécheresse a été approuvée début juillet par le Gouvernement wallon et que les mesures à adopter en découleront progressivement.

    Les groupes de travail auxquels l’honorable membre fait allusion sont ceux qui ont été mis en place pour revoir le Schéma directeur des ressources en eau (SRRE 2.0) qui fait partie de la stratégie intégrale. Je renvoie à mes précédentes réponses aux questions sur cette stratégie et dans lesquelles celle-ci a été exposée.

    En ce qui concerne le secteur de l’agriculture, des représentants d’organisations professionnelles ont été invités au groupe de travail spécifique « Gestion de la demande en eau - secteur agricole » créé pour la circonstance. La vocation principale de ce groupe de travail est de voir comment réduire la vulnérabilité du secteur agricole face aux épisodes de sécheresse qui risquent d’être de plus en plus fréquents en lien avec les changements climatiques, tout en évitant la multiplication des prises d’eau privées. En ce qui concerne le secteur de l’industrie, il est prévu que le groupe de travail « Gestion de la demande en eau – secteur industriel » rencontre celui-ci par le biais notamment de l’UWE. Il en sera de même pour le groupe de travail qui se penche sur la priorisation des usages de l’eau, en concertation avec les deux autres groupes précités.

    En situation de crise « sécheresse », les restrictions sur les usages domestiques non essentiels constituent une des premières mesures activées, quelle que soit la source d’approvisionnement. Les restrictions sur les cours d’eau sont déjà activées notamment en ce qui concerne la production hydro-électrique lorsque le débit descend sous un seuil critique. Les interdictions de prélèvement seront également possibles lorsque le projet d’arrêté du Gouvernement relatif à la gestion des cours d’eau, pris en application du décret du 4 octobre 2018 révisant la législation sur les cours d’eau, sera adopté. En ce qui concerne les eaux souterraines, les prises d’eau agricoles, essentiellement destinées à l’abreuvement des animaux et au nettoyage, l’irrigation de productions de maraîchage, légumes ou production fruitière, ne sont actuellement pas préoccupantes, car très limitées en termes de pourcentage de la surface agricole utile. Les industries ne constituent pas non plus au stade actuel un sujet d’inquiétude. Elles ont déjà réduit de manière substantielle leurs prélèvements au cours des deux dernières décennies et rien n’indique actuellement qu’elles pourraient accroître leur demande dans le futur. L’évolution probable de la demande agricole et industrielle est un point essentiel d’intérêt des différents groupes de travail évoqués plus haut.

    En ce qui concerne l’agriculture, secteur probablement le plus impacté par les effets du réchauffement climatique, la demande risque d’augmenter de manière sensible à l’avenir. Utiliser les ressources en eau souterraine pourrait rester envisageable pour l’irrigation en période de sécheresse, mais en appliquant des règles de gestion visant à une utilisation efficiente, raisonnée et économique de celle-ci : matériel d’aspersion adapté (comme le goutte-à-goutte), périodes d’arrosage limitées aux heures les moins chaudes (par exemple entre 23h et 5h). En ce qui concerne les prélèvements dans les cours d’eau, c’est plus délicat, ceux-ci étant les plus directement impactés en cas de sécheresse.

    La recherche de ressources alternatives constitue un des points sur lequel réfléchit un autre groupe de travail du SRRE 2.0. La valorisation des eaux d’exhaure est une des solutions proposées. La réutilisation des eaux usées de stations d’épuration qu’elles soient d’origine urbaine ou industrielle, moyennant le respect de standards de qualité édictés dans la circulaire européenne y relative, est une autre piste. Elle est déjà une réalité puisqu’une société productrice de légumes surgelés en Hesbaye valorise ses eaux usées comme eau d’irrigation des cultures qu’elle incorpore dans sa production.

    Dans le cadre du plan de relance de la Wallonie, de la stratégie « Circular Wallonia » et de l’approbation de la stratégie intégrale sécheresse au Gouvernement, des études de faisabilité et des projets pilotes visant la réutilisation d’eau de diverses origines, son stockage en milieu rural et sa fourniture aux agriculteurs ou à des zones d’activité industrielle ont d’ailleurs été adoptés.