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Les difficultés rencontrées par l'industrie alimentaire en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 5 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 03/09/2021
    • de BELLOT François
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'industrie alimentaire wallonne est lourdement impactée par les effets de la pandémie.

    Cette situation des acteurs du secteur face à leurs craintes est relayée par Fevia Wallonie.

    Les effets sur le chiffre d'affaires de l'industrie alimentaire sont réels puisqu'une diminution de 3,1 % est constatée en 2020 sur 2019, soit un retour au chiffre d'affaires de 2016. Quatre années de travail et d'investissements en arrière.

    Cette diminution a imposé à ce secteur un report d'investissements.

    Les exportations suivent une tendance identique puisque l'on y constate une chute de 6,5 % en 2020 par rapport à 2019. Pondérons cette réalité par le Brexit qui a provoqué une diminution des exportations de 7 % vers le territoire du Royaume-Uni.

    La demande de la Fevia est transparente, à savoir pouvoir répartir les hausses liées aux matières premières équitablement entre les différents maillons de la chaîne puisque les entreprises alimentaires de Wallonie sont liées par contrats aux distributeurs et ne peuvent a priori pas répercuter ces augmentations sur leurs prix.

    Monsieur le Ministre estime-t-il cette demande légitime ?

    Quelles actions peuvent être menées dans ce sens afin de faire face au défi du secteur pour cette année ?

    Fevia souhaite que soit décidé le maintien des mesures de soutien aux entreprises les plus touchées. Quel est son avis sur cette assistance et ce soutien prolongés inhérents à la gestion de la crise ?

    Quelles autres démarches alternatives est-il en mesure de proposer pour encadrer ces diminutions d'activité ?

    Le secteur alimentaire travaille également avec l'HORECA.

    Comment Monsieur le Ministre estime-t-il aujourd'hui les impacts des difficultés rencontrées par le secteur alimentaire sur l'HORECA en pleine période de reprise en Wallonie ?

    Comment la Wallonie compte-t-elle agir aujourd'hui pour minimiser les effets du Brexit sur l'industrie alimentaire wallonne ?
  • Réponse du 30/09/2021
    • de BORSUS Willy
    Mes services et moi-même avons effectivement pris connaissance du communiqué du 8 juin dernier de la Fédération nationale de l’industrie agroalimentaire (FEVIA). Des échanges à ce sujet ont également eu lieu avec les représentants wallons de celle-ci.

    La perturbation des exportations lors de ces derniers mois résulte d’une combinaison de facteurs : les conséquences du Covid, le peu de disponibilité des conteneurs du transport maritime, le blocage accidentel du canal de Suez et dans une certaine mesure le Brexit qui est effectif depuis le 1er janvier 2021. En outre, le ralentissement des exportations n’est pas seulement spécifique au secteur agroalimentaire.

    La hausse des matières premières a incontestablement un impact pour les citoyens, mais également pour les entreprises de notre région. La grande distribution pratique des hausses de tarifs même s’il y a toujours un décalage dans le temps de quelques mois avec la hausse du prix des matières premières.

    Le secteur agroalimentaire est cependant très hétérogène et le niveau de marge sur les coûts variables est de plus en plus faible quand on se rapproche de l’amont (production agricole primaire). Les entreprises ont aussi rencontré des difficultés pour obtenir les matières premières en raison de la dérégulation des opérateurs logistiques. Le secteur agroalimentaire doit aussi faire face à une hausse des prix de ses intrants autres que la hausse des produits alimentaires : hausse du prix des cartons, des transports maritimes, des plastiques, … Ces augmentations touchent d’ailleurs la plupart des secteurs.

    Certains sous-secteurs de l’industrie agroalimentaire ont été particulièrement impactés en 2020 ; en l’occurrence les brasseries et les entreprises travaillant substantiellement ou exclusivement pour le food service. Pour les brasseries, par exemple, les charges salariales ont été partiellement neutralisées par le chômage temporaire « Covid ». Pour les entreprises actives dans le food services, rares sont celles qui ne travaillent pas également, à tout le moins partiellement, pour la grande distribution, qui a connu, elle, une augmentation de volume durant la crise du Coronavirus.

    La répartition de la marge sur l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur agroalimentaire reste toutefois un vrai enjeu, surtout pour la Wallonie. À titre d’illustration, lors de la concrétisation du Pitch investor de la SRIW et de la SOGEPA sur les protéines végétales, on a pu constater que la production de pois est peu/pas rentable pour l’agriculteur, mais que la valeur des protéines est multipliée par un facteur 1300 lorsqu’elles sont vendues sous forme de steak à destination des consommateurs. Ainsi, les transformateurs et formateurs captent l’essentiel de la marge et la grande distribution ajoute la sienne (25-30 % « bruts » à la grosse louche).

    Les Gouvernements de notre Royaume n’ont pas été inactifs face à l’impact économique lié aux fermetures d’activités. La période « Covid » n’a en effet pas été facile, mais, heureusement, beaucoup d’entreprises wallonnes ont bénéficié de facilités accordées par leurs partenaires financiers, en ce compris les outils financiers publics wallons (franchises en capital par exemple pour le remboursement des prêts) et/ou par les pouvoirs publics (chômage temporaire « Covid », reports de paiement ONSS, indemnités compensatoires, diverses aides, et cetera). En outre, il ressort des échos qui nous sont parvenus que la plupart des entreprises du secteur agroalimentaire n’ont pas connu trop de difficultés si ce n’est celles liées aux absences des salariés pour cause de maladie ou de quarantaine.

    Notre agence wallonne à l’exportation, l’AWEx, a également mis en place un panel de mesures pour les entreprises, et singulièrement les entreprises agroalimentaires, afin de les informer et de les accompagner dans les changements dus au Brexit, mais également suite à l’impact du Covid-19.

    Pour aider les exportateurs wallons à reconquérir leurs parts de marché perdues en raison de la pandémie du Covid-19 et à identifier de nouvelles opportunités à l’étranger, l’AWEx a proposé fin 2020 une aide simplifiée de relance à l’international sous forme de forfait. Cette mesure a rencontré un niveau de demande important venant du secteur économique.

    Concernant le Brexit, les entreprises agroalimentaires seront particulièrement touchées à cause de l’obligation d’émettre des certificats sanitaires ou phytosanitaires pour exporter leurs produits vers le UK, ce qui n’était pas le cas avant le Brexit. Cette obligation de certificats sanitaires et phytosanitaires vient d’être postposée une nouvelle fois au 1er juillet 2022. Cela donne un nouveau délai aux entreprises afin de se conformer aux attentes des Autorités britanniques qui devront éviter des blocages à sa frontière.

    Plusieurs mesures concrètes ont déjà été mises en œuvre pour aider les entreprises agroalimentaires à atténuer les effets du Brexit :
    - la page web Brexit sur le site de l’AWEx (Brexit, l'AWEX à vos côtés - Wallonia.be - Export Investment (awex-export.be)) regroupant les informations utiles pour les entreprises, régulièrement mise à jour. Elle apporte une communication régulière via newsletters et réseaux sociaux ;
    - les modules de formation organisés via le programme Explort de l’AWEx (Brexit, l'AWEX à vos côtés - Wallonia.be - Export Investment (awex-export.be)) ;
    - le soutien aux entreprises agroalimentaires souhaitant développer leurs ventes en Grande-Bretagne via une convention de l’AWEx avec la FEVIA afin de positionner leurs produits sur une plateforme de vente en ligne dont le lancement serait envisagé lors du volet agroalimentaire en collaboration avec FEVIA dans le cadre de la mission économique sous l’égide de la Princesse Astrid en mars 2022 ;
    - la présence au salon « Food & Drinks » en 2022 à Birmingham ;
    - depuis le 1er janvier 2021, le Royaume-Uni est assimilé à un marché à la grande exportation. Par conséquent, les entreprises qui le prospectent et en remplissent les conditions d’éligibilité peuvent actionner le support « Bureau de représentation commerciale hors UE » et le support « Mobilité hors U.E. ».

    L’AWEx a signé une convention « Incubateur commercial » avec la Belgian Luxembourg Chamber of Commerce in Great Britain (BLCC) à Londres. Les entreprises wallonnes qui le souhaitent peuvent y être hébergées, bénéficier de conseils et d’information de la BLCC dans leur approche du marché britannique « Post Brexit ».

    Par ailleurs, de nouvelles mesures seront mises en œuvre avant la fin de l’année. Comme l’honorable membre le sait, les textes européens sur la Réserve d’Ajustement Brexit (BAR) de 5 milliards d’euros pour l’ensemble des États membres sont en cours de traduction et validation finale par les colégislateurs. La publication de ce règlement est attendue pour la mi-octobre au Journal officiel de l’Union européenne. Des lignes directrices plus précises sont également attendues sur les modalités d’application et de reporting. Dès publication du règlement, la Wallonie pourra notifier son Autorité de gestion afin de percevoir une partie de l’enveloppe belge.

    Aussi, l’AWEx finalise actuellement un projet d’arrêté visant l’octroi d’une aide financière exceptionnelle pour les entreprises touchées directement par le Brexit sous forme de « Package », mais aussi l’augmentation du taux d’intervention des supports incitatifs « classiques » pour le marché britannique.

    De manière détaillée, l’AWEx proposera notamment des mesures spécifiques visant à les indemniser des coûts qu’ils auraient supportés pour des projets de déplacements professionnels à l’étranger ou de participation à des salons professionnels annulés ou reportés pour cause de pandémie du Covid-19 et à intervenir dans les frais exposés pour une participation à une foire « physique » transformée en foire « virtuelle ».