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La pénurie de main-d'œuvre dans le secteur du transport routier

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 5 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 03/09/2021
    • de DURENNE Véronique
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Cela fait plusieurs années que le secteur belge du transport et de la logistique attire l'attention du monde politique sur la pénurie de chauffeurs poids lourds dont il est victime. Actuellement, le secteur recherche toujours quelque 5 000 chauffeurs. En 2019, il représentait, au niveau de l'économie de notre pays, 5 500 entreprises et plus de 70 000 travailleurs.

    En mars 2020, le Fonds social transport et logistique (FSTL) avait lancé une grande campagne, notamment via la radio et les réseaux sociaux, invitant le grand public à découvrir le métier de chauffeur poids lourds. Celle-ci n'a malheureusement pas pu être menée à bien, la première période de confinement liée à la crise sanitaire étant passée par-là. Ainsi, malmenées par la pandémie, ces entreprises de transport ont aujourd'hui besoin de personnel qualifié pour relancer correctement leurs activités.

    Sur base de ce constat national, Madame la Ministre peut-elle faire le point sur la situation du secteur du transport en termes d'emploi, en Région wallonne ?

    Quelles mesures a-t-elle mises en place afin de répondre à ces besoins urgents ?

    Quels sont les initiatives et les plans d'action déployés par le FOREm afin de répondre à la demande de ces entreprises ?
  • Réponse du 23/09/2021
    • de MORREALE Christie
    Le secteur du transport et de la logistique en Région wallonne au quatrième trimestre 2019 comptait 2 492 établissements pour 52 997 travailleurs.
     
    Depuis le début de l’année 2021, le FOREm a diffusé 20 439 offres d’emploi pour le secteur du transport et de la logistique soit 4 110 de plus qu’en 2019 et 10 163 de plus qu’en 2020 à la même période.
     
    En juillet dernier (2021), le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés positionnés sur un métier du secteur du transport et de la logistique est de 39 078 soit 742 de moins qu’en juillet 2020.
     
    Depuis le début de l’année, le FOREm a diffusé 9 247 opportunités d’emploi dans les métiers du transport parmi lesquelles 7 917 pour le métier de Chauffeur de poids lourd. Ce qui représente une augmentation de 63 % par rapport à 2019 et de 205 % par rapport à 2020 du nombre d’offres reçues à la même période.
     
    La liste 2021 des fonctions critiques et métiers en pénurie dénombre 126 fonctions critiques dont 76 sont en pénurie de main-d’œuvre. Parmi ces fonctions critiques, 8 métiers concernent le secteur du transport et de la logistique dont :
    * 5 sont en pénurie de main-d’œuvre : chauffeur d’autocar, conducteur d’autobus, chauffeur poids lourd, déclarant en douane et responsable de site logistique.
    * 3 sont critiques, mais non en pénurie : magasinier, responsable logistique et chef magasinier
     
    Les difficultés de recrutement des conducteurs de poids lourd semblent liées à une pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Il s’agit d’une situation structurelle dans la mesure où elle a été observée ces cinq dernières années.
     
    Une expérience professionnelle utile est souvent recherchée par les employeurs alors que celle-ci serait trop souvent absente dans le chef des candidats. Des notions d’une langue étrangère sont également recommandées pour les livraisons internationales. Par ailleurs, les horaires de travail variés sont parfois considérés comme susceptibles de dissuader d’éventuels candidats. Enfin, il est à ajouter que la maintenance des véhicules entraine également un besoin de main-d’œuvre pour des mécaniciens.
     
    La crise sanitaire a eu un impact majeur sur le transport et la logistique. La crise sanitaire étant de portée mondiale, le secteur a été fortement affecté même si à des degrés divers. En effet, certaines activités ont dû être temporairement mises à l'arrêt durant le confinement de printemps (le transport touristique par exemple) tandis que d'autres, jugées essentielles ont été maintenues (le transport de marchandises) voire stimulées (le développement de l’e-commerce et la livraison de colis).
     
    En matière de perspectives, la crise sanitaire et les mesures de confinement semblent avoir accéléré la transition numérique et les modes de consommation, en témoigne la croissance d'achats en e-commerce. L'attrait pour le commerce de proximité, s'il se maintient dans le temps, constitue une autre pratique, parfois combinée à la précédente, qui pourrait affecter l'organisation du secteur. Dans ce contexte, la logistique « du dernier kilomètre » pourrait encore gagner en importance.
     
    Le confinement a également embarrassé le déroulement des formations. Si les certificats d’aptitude professionnelle et les permis provisoires ont été prolongés et ne posent donc pas de problème de continuité de l'exercice des actifs, les nouveaux candidats aux métiers n’ont, eux, pu être formés complètement. Le manque de personnel qualifié, qui constituait déjà une source de tension sur le marché, pourrait encore s’aggraver dans l’hypothèse d’une reprise soutenue de l’activité économique des entreprises du secteur.
     
    Pour répondre aux pénuries dans le secteur du transport de marchandises, le FOREm, en collaboration avec le Fonds social du transport et de la logistique (FSTL), a mis en place et intensifié une série d’actions :
    - affectation d’un conseiller entreprise par territoire (4 temps pleins) dédicacé au secteur du transport de marchandises (CP 140.03) et validation d’un plan d’action réalisé en collaboration avec le consultant régional du FSTL : intensification des actions PFI, rencontre avec les entreprises, prise en charge et placement des stagiaires en fin de formation, actions de communication conjointes….
    - PFI : l’engorgement dans les auto-écoles est réel et représente un frein à l’intensification des PFI. Le service aux entreprises du FOREm transmet mensuellement un reporting sur les PFI en cours au FSTL. De plus, des actions de promotion (article de presse FSTL/FOREm, capsules vidéo, démarches proactives des conseils entreprises pour promouvoir le PFI) sont mises en place.
    - Recrutement de formateurs conducteur poids lourd : un recrutement est en cours en collaboration avec le FSTL pour pallier les pensions des formateurs et maintenir l’offre.
    - Intensification de la sous-traitance pour les formations théoriques pour affecter un maximum de ressources à la formation pratique.
    - Renforcement des collaborations avec les écoles de plein exercice et de promotion sociale : mise à disposition de matériel pédagogique, collaboration avec les Centres de Compétences pour les formations complémentaires (ADR, brevet cariste…)
     
    Outre ces actions spécifiques, il est à rappeler que, depuis 2016, le Chèque-Formation soutient particulièrement la formation, même obligatoire, des travailleurs du secteur du transport tel que la formation CAP par exemple.