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La mise en place d'une formation innovante pour accéder aux métiers techniques

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 6 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 03/09/2021
    • de SOBRY Rachel
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Qu'il s'agisse d'une faiblesse structurelle ou que le principal responsable soit le coronavirus, il est avéré qu'un grand nombre d'employeurs ne parvient pas à recruter certains profils sur le marché du travail. Dans le cas des métiers techniques, la formation a son rôle à jouer pour que davantage de chercheurs d'emploi puissent répondre à la demande.

    En Flandre, la société ASAP, active dans le secteur de l'intérim et des ressources humaines, s'est associée à la startup TEO pour mettre en place un système de formation innovant visant à apprendre des compétences techniques en peu de temps. Grâce à une plateforme numérique et des modules d'apprentissage, une alternance entre travail et formation au sein même de l'entreprise permet de former des profils techniques spécialisés.

    Cette formation innovante permet aux employeurs d'élargir leurs recherches et d'offrir un contrat à une personne n'ayant pas encore toutes les qualifications requises. Le recrutement est alors vu différemment puisque l'envie de se former prend le dessus sur le diplôme ou l'expérience. Jusqu'à présent, seules des entreprises flamandes, actives principalement dans le secteur alimentaire, ont franchi le cap et tant les employeurs que les nouveaux employés semblent y trouver leur compte.

    Alors que la formation s'inscrit comme un élément essentiel de la relance économique wallonne, mes questions sont les suivantes.

    Quelle est la position de Madame la Ministre quant à ce type de formations suivies au sein de l'entreprise tout en commençant à travailler ?

    Aurait-elle déjà envisagé cette piste pour répondre à la demande urgente de main-d'œuvre qualifiée dans certains secteurs ?

    Comment le Gouvernement wallon s'en inspire-t-il pour innover en la matière ?
  • Réponse du 22/09/2021
    • de MORREALE Christie
    L’expérience de la société ASAP en Flandre, associée à la startup TEO pour mettre en place une formation innovante, visant à apprendre les compétences techniques en peu de temps, présente en effet certaines caractéristiques d’innovation intéressantes.
     
    Sans préjuger du contenu précis des modules proposés par la société Teaching Each Other, ce sont actuellement des entreprises du secteur de l’industrie alimentaire qui participent en majorité à l’initiative. L’hypothèse peut être émise que la formule se prête davantage au niveau d’exigence propre à ce secteur, sachant que les formations professionnelles classiques pour ce secteur sont en général d’une durée inférieure à la durée des formations techniques pour d’autres secteurs industriels.
     
    En ce qui concerne l’approche qui consiste à alterner travail et formation dans l’entreprise, le processus de formation comporte une phase initiale de formation théorique en ligne, sanctionnée par un test qui revêt un caractère éliminatoire : un minimum de 80 % est requis pour que le candidat puisse accéder à la phase suivante, qui consiste en un test de motivation, lui-même suivi de cours pratiques : des « valises » de formation sont mises à disposition des candidats. Le passage en entreprise débute seulement à partir de ce moment-là, sous forme de stage rémunéré (contrat intérimaire) avant l’obtention éventuelle d’un CDI.
     
    On peut identifier deux facteurs clés de succès de la formule :
     
    Premièrement, des outils de formation performants et mobilisables de manière individuelle.
     
    En Wallonie, le développement de l’offre de formation accessible en ligne a connu une accélération à la suite du confinement, et le Plan de relance prévoit de soutenir la dynamique, notamment par la création d’une plateforme de digital learning pilotée par le FOREm (création, acquisition, adaptation de contenus dans des filières multiples).
     
    En amont de l’intervention de l’entreprise, des outils existent déjà en Wallonie pour l’acquisition des connaissances théoriques et d’un premier niveau de compétences techniques, tant en distanciel qu’en présentiel ou en formule blended.
     
    La plupart des contenus disponibles actuellement se prêtent à une approche individualisée de la formation. Pour ce qui concerne le volet pratique de la formation avant le passage vers l’entreprise, se pose la question des modalités de mise à disposition des équipements, ainsi que celle de leur coût, a fortiori si l’objectif est de proposer le produit à un grand nombre de candidats. Le FOREm et ses Centres de compétence notamment disposent déjà de matériels assimilables aux valises pédagogiques (valises, kits, simulateurs, mini-usines…), essentiellement utilisés dans le cadre de formations collectives.
     
    De plus, la question de l’accompagnement pédagogique est essentielle lors des phases d’apprentissage théorique en ligne et d’apprentissage pratique à l’aide des valises. Elle n’est pas abordée dans la communication des partenaires ASAP et TEO or il s’agit d’un point important.
     
    En lien avec cette préoccupation et parallèlement aux formations « métiers » ou « techniques », quelles qu’en soient les modalités, le FOREm propose aussi des formations aux compétences transversales. Ces dernières – et plus particulièrement la compétence apprendre à apprendre –semblent fondamentales dès lors que le processus de formation repose en bonne partie sur de l’autoapprentissage.
     
    Deuxièmement, il s’agit de sensibiliser et de mobiliser les entreprises afin qu’elles jouent un véritable rôle en matière de formation.
    En particulier, les entreprises doivent pouvoir offrir un nombre suffisant de places de stage et accepter que le niveau d’opérationnalité et de productivité des apprenants en entreprise ne soit pas celui d’un travailleur confirmé.
     
    La Wallonie associe déjà la formation au sein de l’entreprise en commençant à travailler à travers les dispositifs tels que :
    - les « coup de poing pénuries » : formation sur mesure, avec une partie en centre de formation et une partie en entreprise pour un groupe de 8 stagiaires minimum
    - la « formation alternée des demandeurs d’emploi » : formation individuelle d’adultes sous statut de demandeurs d’emploi alliant formation en centre et expérience en entreprise pour une durée variant de 3 à 12 mois.
     
    Le Plan de relance et de reconstruction ambitionne de renforcer la formation en milieu de travail (FMT) pour le public des demandeurs d’emploi, dans la mesure où cette modalité pédagogique représente un facteur d’attractivité pour les publics peu enclins à suivre une formation plus classique et positionne la formation au plus près des besoins de l’entreprise.
     
    En conclusion, la Wallonie a déjà commencé à adapter ses modalités de formation pour les rendre plus agiles et adaptées aux besoins des entreprises et des stagiaires en formation. La Wallonie va poursuivre et, sans attendre, renforcer le développement du digital learning de manière à faciliter l’individualisation des parcours de formation, et d’accroître les opportunités de stage et de formation en entreprise. La participation des secteurs et des entreprises est à cet égard essentielle.