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Les impacts des inondations sur le patrimoine

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 8 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 03/09/2021
    • de GOFFINET Anne-Catherine
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    Les terribles inondations, qui ont frappé notre pays durant ce mois de juillet, ont provoqué d'importants dégâts à des biens classés. Les équipes de l'AWaP ont pu se rendre sur le terrain pour constater l'ampleur des dégâts et les premières mesures de conservation ont déjà pu être mises en œuvre.

    Un inventaire des dommages provoqués aux biens classés par les inondations a-t-il pu être réalisé ? Madame la Ministre peut-elle me le communiquer ?

    Des dégâts irréversibles ont-ils été constatés ? Si oui quels sont les biens concernés ?

    Peut-elle me communiquer l'estimation du montant des dégâts ?

    Des contacts sont-ils pris avec des experts étrangers ?

    Comme cela est prévu dans le Cadre d'action de Hyogo 2005-2015 et son successeur le Cadre d'action de Sendai 2015-2030, une réflexion est-elle menée en Wallonie afin de mettre en place des mesures en vue de préserver à l'avenir les biens classés en cas de catastrophe naturelle ?
  • Réponse du 24/09/2021
    • de DE BUE Valérie
    En concertation avec mon Cabinet et les autorités du SPW, l’aide aux victimes des inondations de juillet a été considérée comme prioritaire par l’AWaP. Les agents de terrains de l’AWaP se sont mobilisés pour faire face aux urgences en plus des missions de base de l’agence.
     
    Afin de répondre aux besoins immédiats, l’action de l’AWaP se concentre, dans un premier temps, sur la prise de mesures conservatoires d’urgence, à savoir une procédure patrimoniale simplifiée qui permet d’intervenir rapidement pour sécuriser le bien (fermeture, étançonnement, stabilité, mérule…). Néanmoins, certains bâtiments restent difficiles d’accès et leur stabilité nécessite plusieurs passages, sans compter la présence de pollution hydrocarbure ou de champignons. Les agents de l’AWaP sont en relation avec les autorités communales, en fonction des disponibilités de ces dernières. Des contacts avec les usagers privés pour les accompagner auprès des assurances sont également en cours.
     
    À moyen et long terme, pour certains biens, ce sont de véritables restaurations qu’il conviendra de mener. Des procédures patrimoniales devront être menées et des études spécifiques réalisées.
     
    À ce stade, selon les prospections sur le terrain, on dénombre 106 monuments impactés par les inondations (8 biens en province du Brabant wallon, 10 en province du Luxembourg, 3 en province de Namur et 85 en province de Liège). À titre d’exemple sur les 96 biens classés de la ville de Verviers, 57 biens ont été impactés fortement par les inondations. 60 % du patrimoine classé verviétois a été touché et devra donc être restauré à court et moyen termes. La ville de Spa, récemment inscrite à l’UNESCO, a également été touchée, heureusement de manière mineure. L’église de Pepinster, patrimoine exceptionnel, est aussi endommagée. En outre, une vingtaine de sites sont impactés et une centaine de biens repris à l’inventaire régional avec pastille.
     
    Si la liste des biens patrimoniaux touchés n’évoluera a priori plus qu’à la marge, l’étendue des dégâts reste encore en partie inconnue, car les bâtiments doivent sécher. La durée de ce séchage est estimée à 6 mois et il est probable que certains problèmes surviennent pendant ce processus (fissure, stabilité suite à la rétractation des sols…). Je peux cependant indiquer que, dans certains sites classés comme celui de la Fenderie à Trooz, une maison reprise à l’inventaire régional a dû être démolie. On dénombre également de nombreux arbres arrachés ou à abattre, comme au parc de la Boverie à Liège.
     
    Une première estimation de 12 millions d’euros a été annoncée fin juillet. Ces chiffres sont à prendre avec prudence, au vu de l’incertitude actuelle quant à l’étendue exacte des dégâts, de la prise en charge par les assurances et le Fonds des Calamités, ainsi que de l’instabilité actuelle des prix du secteur de la construction. La question de la disponibilité des matériaux et de la main d’œuvre est également cruciale.  
     
    Des enseignements devront être tirés de cette situation. Outre le comité de crise mis en place par l’AWaP dès le lendemain des inondations, l’agence a participé à un comité coordonné par l’IRPA, qui regroupait les acteurs institutionnels et associatifs du monde de la culture et des patrimoines. Des contacts étroits ont été établis avec des institutions internationales comme le Bouclier bleu et l’ICCROM. Cette dernière est une institution reconnue mondialement dans les crises patrimoniales, avec le suivi patrimonial de plus de douze inondations, dont le Bangladesh. Dans les prochains mois, une fois les urgences traitées, un retour réflexif sera organisé en collaboration avec les différentes parties prenantes, pour mettre en place des procédures de préservation des biens patrimoniaux, et ce, en fonction des catastrophes naturelles envisagées.