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L'effet cocktail des perturbateurs endocriniens

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 8 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 03/09/2021
    • de RYCKMANS Hélène
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le 23 août dernier, l'ULiège a dévoilé les résultats d'une étude récente portant sur les dangers des perturbateurs endocriniens.

    Cette étude récente s'est intéressée aux effets d'un mélange de 13 perturbateurs endocriniens - auxquels nous sommes couramment exposés à de faibles doses - sur le développement sexuel et le comportement maternel sur trois générations de rats femelles avec des résultats alarmants.

    Cet « effet cocktail » des pesticides est rarement étudié. Fréquemment présents dans notre environnement, nous sommes exposés aux fongicides, bisphénols, phtalates, paracétamols, filtres solaires…, au quotidien et les effets de tous ces perturbateurs endocriniens sur la santé ne sont pas anodins ; ils altèrent la régulation hormonale et les circuits neuronaux et augmentent le risque de nombreux troubles en particulier ceux de la fonction reproductive à l'âge adulte.

    Cette étude a ainsi montré qu'une exposition développementale à un mélange de perturbateurs endocriniens entraîne une altération de la puberté, du cycle ovulatoire et de la folliculogenèse ovarienne deux et trois générations après l'exposition. L'équipe liégeoise alerte donc sur les conséquences de ces substances pour les 2e et 3e générations qui n'ont pas été directement exposées.

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance des résultats alarmants de cette étude ?

    Qu'en dit-elle ?

    Quelles sont les suites qu'elle a décidé d'y donner ?

    Ces résultats peuvent-ils être intégrés au Plan Envies ?

    Quelles sont les suites d'une telle alerte pour protéger les générations à venir ?

    Peuvent-ils être communiqués ou discutés avec les autorités fédérales et européennes qui fixent les normes de produits ?
  • Réponse du 23/09/2021
    • de TELLIER Céline
    Les capacités de certaines substances à perturber les fonctions endocriniennes sont reconnues depuis plus de 20 ans. L’exposition à ces perturbateurs endocriniens (PE) peut entraîner cancers, hypofertilité masculine ou encore puberté précoce. Ce sont les perturbations des stéroïdes sexuels qui ont été le mieux décrites à ce jour. Toutefois, d’autres influences ont été constatées comme des altérations du métabolisme énergétique sous le contrôle de la fonction thyroïdienne et des perturbations neurodéveloppementales. En fait, les perturbateurs endocriniens peuvent agir sur de multiples cibles biologiques (hormones, transmetteurs, récepteurs, enzymes…), expliquant la complexité du problème. Cette complexité est encore accentuée par le grand nombre de produits chimiques concernés présents dans notre environnement et leurs possibles interactions. Ce que l’on désigne généralement par l’effet cocktail. Des effets transgénérationnels sur la synthèse d'hormones ont déjà été constatés sur le modèle animal pour certains PE comme, entre autres, le bisphénol A.
     
    L’Université de Liège est effectivement bien active dans ce domaine de recherche.
     
    Comme j’ai déjà eu l’occasion de le mentionner ici, la problématique des PE est abordée à différents niveaux dans le plan ENVIeS. En ce qui concerne l’effet cocktail, un projet est actuellement mené par l’ISSeP. Lancé en octobre 2020, il vise à caractériser l’impact des apports diffus de polluants sur les communautés des rivières. Ce projet, simplement baptisé « COCKTAIL », s’intéresse à l’effet combiné de plusieurs substances dont des PE. Nous parlons ici de la caractérisation d’impact environnemental.
     
    En ce qui concerne la concertation avec les autres niveaux de pouvoir, une Conférence Interministérielle de l’Environnement et de la Santé (CIMES) a eu lieu le 8 juillet dernier au départ de la problématique spécifique des composés perfluorés (PFAS). Il est important que les différents niveaux de pouvoir, y compris européens, puissent partager leurs informations et coordonner au mieux leurs plans d’action, non seulement sur les PFAS, mais plus largement sur la problématique de l’ensemble des perturbateurs endocriniens.