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Les marais d'Harchies

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 27 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 03/09/2021
    • de DUPONT Jori
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Les marais d'Harchies sont une zone protégée dans ma région. C'est un endroit de balade et d'observation de la faune et de la flore, mais les canards ne comprennent pas les frontières et juste 4 km de de l'autre côté, côté français, le lac Chabaud-Latour de Condé-sur-l'Escaut grouille en ce moment de chasseurs. Ces derniers attirent les canards de nos marais avec des appâts et parfois on peut entendre des centaines de coups de feu depuis les marais protégés d'Harchies, 2 054 coups de feu en 2020 tirés par les chasseurs lors de la première soirée de chasse contre 1 100 en 2016 notamment chez nous avec des centaines de canards qui disparaissent les jours de chasse en France alors qu'ils sont protégés chez nous.

    C'est un scandale pour les amoureux de la nature. Pour les naturalistes, la chasse autorisée à une telle proximité de la zone protégée est un non-sens : "On travaille toute l'année pour encourager la biodiversité et voir grandir des populations de canards. Et en un soir, tous ces efforts tombent à l'eau. C'est décourageant". François Stocman prône le dialogue avec les chasseurs, belges et français, qui tirent les canards de l'autre côté de la frontière et plaide pour une solution politique, franco-belge, pour gérer ce territoire transfrontalier de façon plus cohérente.

    Madame la Ministre a-t-elle pris contact avec son homologue français et/ou les autorités de Condé-sur-l'Escaut ?

    Qu'a-t-elle pris comme mesures ?
  • Réponse du 14/10/2021
    • de TELLIER Céline
    La situation dénoncée par l'honorable membre est bien connue de mes services.

    La région d’Hensies-Harchies et son pendant français est une ancienne région minière qui se caractérise par des effondrements ayant donné naissance à de grands plans d’eau et zones marécageuses. Du côté wallon, ces milieux ont été reconnus comme « zones humides d’intérêt biologique » et bénéficient de ce fait de certaines mesures de protection. En particulier, les marais d’Harchies-Hensies-Pommeroeul sont gérés sur la base d’un plan de gestion visant à favoriser entre autres les anatidés. La chasse n’y est pas pratiquée. Du côté français par contre, ces terrains privés ne font l’objet d’aucun statut de protection et constituent des territoires de chasse très prisés.

    Cette situation regrettable n’est pas unique et fait débat en marge de plusieurs sites protégés français dont par exemple la réserve ornithologique du parc du Marquenterre.

    Les pratiques dénoncées sont cependant en accord avec le cadre légal en vigueur dans le Département, lequel présente des divergences importantes avec le dispositif régissant les pratiques de chasse en Wallonie, notamment en ce qui concerne les périodes d’ouverture et les espèces chassables.

    Juste avant et pendant la période d’ouverture de la chasse aux canards, la surveillance est accrue sur le site des marais d’Harchies afin d’éviter toute intrusion de rabatteurs agissant pour le compte de chasseurs français. Il est aussi arrivé que des dispositifs soient mis en place aux fins de maintenir les anatidés côté wallon. Cependant ces pratiques ne présentent pas un effet durable et sont également questionnables compte tenu de l’intervention humaine dans le cycle de nourrissage d’espèces sauvages.

    Des contacts ont été pris par le Département de la Nature et des Forêts avec son homologue français l’Office national de la Chasse et de la Faune sauvage (ONCFS) afin d’envisager des mesures permettant de limiter les pratiques dénoncées. S’agissant de pratiques de chasse en propriétés privées, les possibilités d’influencer les pratiques sont relativement limitées. L’intervention du parc national transfrontalier a permis d’obtenir une limitation du nombre d’affûts fixes.

    Enfin, je ne désespère pas également que les débats de plus en plus fréquents à propos de la chasse, y compris chez nos voisins, amènent à des évolutions réglementaires positives.