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Le potentiel économique de la construction par Holcim d'un nouveau four à Obourg

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 20 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 08/09/2021
    • de GALANT Jacqueline
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    La société Holcim, qui fabrique et distribue du ciment et du béton prêt à l'emploi pour la filière du bâtiment et des travaux publics, envisage d'introduire auprès du SPW une demande de renouvellement de son permis unique de classe 1. pour l'exploitation de sa cimenterie d'Obourg.

    Cette demande de renouvellement de permis s'accompagne d'une demande portant sur la construction et l'exploitation de nouvelles installations de production de clinker. Ces installations permettront à terme la capture du CO2.

    Concrètement, l'entreprise Holcim souhaite construire un nouveau four dans le cadre de son projet Go4Zero qui vise la neutralité carbone pour l'entreprise. Go4Zero constitue un investissement majeur pour l'économie régionale et en ligne avec les programmes politiques de lutte contre le changement climatique.

    Que pense Monsieur le Ministre de ce projet de l'entreprise Holcim ? Quel est son potentiel économique ? D'autres projets du même acabit sont-ils à l'étude en Wallonie ?

    Que fait le Gouvernement wallon pour soutenir la transition écologique de nos entreprises et indépendants ?

    Comment la Wallonie valorise ces projets auprès d'autres entreprises en Belgique, en Europe et dans le monde ?
  • Réponse du 10/11/2021
    • de HENRY Philippe
    Je suis effectivement au courant du projet de HOLCIM de modernisation de ses installations d’Obourg.

    Avant toute chose, je dois rappeler que les cimentiers et les chaufourniers sont, depuis la fermeture des phases à chaud, les plus gros émetteurs de CO2 en Wallonie. La cimenterie d’Obourg est, par exemple, le second plus gros émetteur avec 1 million de tonnes de CO2 en 2019 d’après le dernier rapportage réalisé par l’AwAC.

    C’est ainsi que quatre des cinq plus gros émetteurs wallons sont dans ces secteurs.

    Le souci évident que rencontrent les cimentiers, c’est bien que leur métier est justement d’émettre du CO2 issu du processus de décarbonatation du calcaire. Difficulté renforcée, dans le cas de HOLCIM, que la production se fait par voie humide et non sèche, ce qui engendre, en plus, une consommation accrue de combustible pour le séchage.

    Il est donc vital pour ces deux industries de trouver des solutions à leurs émissions, surtout dans le contexte annoncé de révision du cadre de l’ETS et de la fin annoncée des allocations gratuites dont elles disposent.

    À la question sur mon avis sur le projet, je dirais qu’il est ambitieux et qu’il mérite d’être encouragé. La question sera cependant double, comment transporter le CO2 et qu’en faire après.

    En effet, le CO2 produit par les cimentiers est de grande pureté, on parle ici de celui issu de la décarbonation et pourrait être valorisé comme matière première. Je peux aisément comprendre qu’en l’absence de possibilité de valorisation immédiate de ce CO2, le stockage géologique en mer du nord revêt un intérêt certain, mais, pour cela, il sera nécessaire de disposer d’une infrastructure de transport pour ce gaz.

    Personnellement, je privilégierai toujours, à terme, les options de neutralisation de ce CO2 afin d’éviter toute émission indirecte ultérieure, mais je reste lucide sur le fait qu’il y aura, avant, des étapes de valorisation plus faciles et moins onéreuses à mettre en œuvre.

    À la question de savoir si d’autres projets existent, je répondrai par l’affirmative. Aucun groupe cimentier ou chaufournier ne pourrait survivre sans pistes de solutions. Je tiens à rappeler que l’usine de CBR teste déjà une technologie de capture de CO2 à Lixhe. Chose étonnante dans le cas de CBR, c’est que ce développement s’est fait par la volonté du groupe allemand Heidelberg. Nous n’avons, dans ce cas, pas à exporter notre expertise puisque c’est le groupe qui a décidé d’utiliser une entreprise wallonne comme vitrine de cette technologie.

    Il semble évident néanmoins qu’au-delà du caractère potentiellement vertueux que pourraient prendre ces projets sur l’image de ces entreprises, c’est surtout un focus sur les équipes qui fournissent les solutions techniques qu’il faudra réaliser, car ce sont surtout elles qui devront démontrer leur savoir-faire à l’international.

    Évidemment, ces technologies de rupture ont un coût. Coût largement compensable par le marché du carbone, mais il est important de pouvoir évaluer si des mécanismes doivent être mis en place derrière, je pense, particulièrement aux aides à l’investissement.

    La question du CCS/CCU fait l’objet d’une attention particulière dans le cadre des Accords de Branche des industries, car il s’agit d’une des pistes les plus étudiées pour décarboner profondément l’industrie. Cette technologie fera, en outre, l’objet d’une action spécifique à l’échelle européenne dans le cadre des industries bas-carbone.