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L'agrivoltaïsme et les panneaux photovoltaïques sur les hangars agricoles

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 33 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 17/09/2021
    • de MATHIEUX Françoise
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Comme Monsieur le Ministre le sait, l'agrivoltaïsme combine la production agricole et électrique. Ce système consiste en l'utilisation de la technologie photovoltaïque sur des installations et/ou cultures agricoles. Il peut revêtir différentes formes : des centrales au sol, des ombrières fixes ou mobiles, des serres photovoltaïques, des panneaux verticaux bifaciaux… Aujourd'hui, l'agrivoltaïsme représente, en France, 13 % de la production d'énergie solaire. La Belgique en est encore à ses balbutiements en la matière. C'est une problématique qui me tient particulièrement à cœur et sur laquelle je travaille depuis longtemps.

    Quelles initiatives la Wallonie peut-elle prendre en matière d'agrivoltaïsme pour respecter son engagement de développement des énergies renouvelables ?

    Quelles sont les applications qui semblent les plus appropriées aux spécificités wallonnes ?

    Des projets et des études soutenus par la Wallonie sont-ils en cours ou envisagés en la matière ?

    Quelles sont les actions entreprises par Monsieur le Ministre pour amener plus de synergie entre le monde agricole et l'énergie verte tout en veillant (et c'est essentiel) à ne pas entrer en concurrence avec l'activité agricole ?

    À première vue, il me semble que l'encouragement à la pose de panneaux photovoltaïques sur des hangars agricoles serait particulièrement pertinent dans ce cadre. Des actions sont-elles prévues en ce sens à l'échelle wallonne ? Dans l'affirmative, quelles sont-elles ?
  • Réponse du 09/11/2021
    • de HENRY Philippe
    La transition énergétique que nous avons amorcée requiert effectivement une augmentation importante de l’apport des filières renouvelables au mix énergétique régional. Dans ce contexte, nul doute que le photovoltaïque représente une des technologies les plus intéressantes de par sa haute intégrabilité et compatibilité avec d’autres fonctions territoriales.

    Le Plan wallon Énergie Climat à l’horizon 2030 prévoit à cet égard que la filière photovoltaïque représentera le second apport au productible électrique renouvelable total après l’éolien, avec une production de 3 300 GWh. Pour y parvenir, nous devons améliorer le rythme de déploiement des capacités de production.

    Parmi les différentes options de développement, le grand photovoltaïque permet certains avantages comme celui d’optimiser certains coûts et par la même le soutien financier nécessaire, autrement dit la charge répercutée sur le consommateur final.

    Conscient des avantages de cette catégorie d’installations, le Gouvernement wallon a annoncé dans sa DPR veiller à la poursuite de l’installation de panneaux solaires sur les toits et à encourager les opérateurs publics et les entreprises privées à réaliser des installations photovoltaïques de grande dimension.

    Pour autant, la crise climatique et environnementale que nous traversons et à laquelle répond la transition énergétique est fondamentalement multifactorielle et nécessite une approche politique cohérente et équilibrée entre les différentes mesures envisagées.

    Ainsi, le développement des capacités de production d’énergies renouvelables doit se faire en bonne intelligence avec la mise en œuvre des mesures ayant trait aux autres dimensions de la transition (environnementales, sociales, territoriales, etc.).

    Cette approche globale doit aussi se décliner au niveau des segments particuliers des filières renouvelables. Il y a donc lieu d’appliquer la même logique à l’agrivoltaïsme, thématique récurrente dans les interpellations de toute sorte, mais faisant dernièrement l’objet d’un engouement accru.

    Cette présence dans l’actualité m’a d’ailleurs permis de m’exprimer à plusieurs reprises sur le sujet et de rappeler ma position consistant à privilégier le développement du photovoltaïque sur toits, sur et aux abords des infrastructures (de transport), sur des surfaces artificialisées, dégradées, déjà soumises à nuisances ou à proximité immédiate de celles-ci.

    L’appellation « agrivoltaïque » recouvre une multitude d’associations théoriques possibles entre techniques agricoles et photovoltaïques qui ont en commun de permettre une production combinée sur une même parcelle. En réalité, la faisabilité de cette association est à considérer au vu des caractéristiques locales. En Wallonie, l’apiculture et le pâturage ovin semblent être les techniques agricoles associées privilégiées. L’apposition de panneaux photovoltaïques sur les hangars agricoles est un cas particulier puisqu’il s’inscrit aussi dans la catégorie des installations en toiture.

    Ainsi, différents projets prétendent aujourd’hui à l’appellation « agrivoltaïque » sans qu’il puisse être possible de les discriminer en l’absence d’un référentiel officiel. Dans ce contexte, certains acteurs appellent à l’adoption d’une charte similaire à celle adoptée en France afin d’éviter une utilisation tous azimuts du terme.

    D’autres initiatives, comme notamment celle du projet pilote d’EtherEnergie à Wierde (en cours d’instruction), visent aussi à s’inscrire dans cette approche « éco-responsable ». Une étude de faisabilité réalisée par l’ICEDD a permis d’estimer les attentes de ce projet (productible agricole, productible énergétique, taux de maintien des productibles par rapport à des exploitations monofonctionnelles séparées) sur base de critères considérés comme agrivoltaïques (taux de couverture par les panneaux de 50 %, élévation accrue des panneaux, mise à disposition gratuite du terrain aux agriculteurs, système d’exploitation agricole extensif, plantation de haies, marre). Il est à noter qu’EtherEnergy est engagé dans un partenariat public privé (avec la SRIW) visant à développer une capacité photovoltaïque dite « éco-responsable » à hauteur de 250MWc à l’horizon 2025.

    Enfin, certains acteurs du secteur académique s’intéressent également à la question, mais les résultats de leurs recherches ne sont pas encore disponibles.

    Dès lors, je suis d’avis que l’approche agrivoltaïque peut se justifier dans des configurations bien spécifiques et sous réserve du respect des principes énoncés dans la DPR.

    Toutefois, vu de la complexité des interactions possibles, les risques soulevés par certains acteurs du monde agricole et l’engouement constaté pour ce type de surfaces, je pense qu’il y a lieu de fixer des balises plus claires et transparentes pour encadrer ce développement.

    Bien entendu, il ne m’appartient pas de définir seul où et selon quels critères les grandes installations photovoltaïques au sol doivent s’implanter. Il me semble que la réponse à cette question a au moins trait aux compétences en énergie, environnement, aménagement du territoire, agriculture et ruralité.

    C’est pourquoi je suis d’avis que toute initiative visant à baliser le développement de ce type d’installations est la bienvenue, à condition toutefois qu’elle résulte d’une approche concertée entre les Ministres concernés.