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Le projet pilote islandais de captage du CO2

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 36 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 17/09/2021
    • de MATHIEUX Françoise
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Paraissait dans la presse de ce jeudi 9 septembre 2021 la mise en place d'un projet pilote de captage de CO2 particulièrement innovant en Islande.

    Cette usine, baptisée ORCA, pourrait capter 4 000 tonnes de CO2 par an (soit 1,75 million de litres d'essence ou environ 870 voitures) et permettrait de faire baisser les émissions de CO2, but ultime de l'Union européenne.

    La particularité de cette usine, en comparaison avec les techniques existantes, est que cette usine est capable d'aspirer l'air normal et n'est pas obligée de se situer dans des zones où la concentration est élevée (par exemple les cheminées d'Arcelor Mittal).

    Cerise sur le gâteau, le CO2 est ensuite injecté dans le basalte et permet une minéralisation plus rapide.

    Cependant, certains scientifiques critiquent la rentabilité du système (coût élevé, efficacité modérée).

    Cette nouvelle usine me permet de poser les questions suivantes :

    Monsieur le Ministre est-il au fait de cette nouvelle technologie ?

    Des recherches sont-elles en cours concernant le captage du CO2 qui permettrait d'atteindre les objectifs en matière de baisse d'émission du CO2 ? Je pense notamment à l'Institut scientifique de service public (ISSeP) qui procède à des recherches sur le sujet depuis les années 80.

    Quelle est sa politique pour atteindre les objectifs fixés pour la Belgique à l'horizon 2030 ? Ce système de captage de CO2 pourrait-il faire partie de sa stratégie globale? Dans l'affirmative, dans quelle mesure et sous quelle forme ?
  • Réponse du 09/11/2021
    • de HENRY Philippe
    Le projet islandais évoqué est évidemment un évènement en soi. Même si la technologie existe depuis un certain temps, celui-ci dispose d’une ampleur inédite.

    Deux problèmes majeurs subsistent pour permettre un déploiement massif de ce type de technologie. Le coût et l’efficacité.

    L’efficacité d’abord. En effet, la technologie nécessite beaucoup d’énergie avec de faibles rendements de capture. La facilité dans le projet islandais, c’est la proximité d’une source d’énergie renouvelable abondante.

    Le coût ensuite. La capture et minéralisation du CO2 revient à environ 600 à 800 dollars la tonne capturée. Contre un marché de la tonne de CO2 qui tourne actuellement autour de 60 euros. Il y a donc une grande marge à combler.

    Les chiffres annoncés sur 10 ans laissent donc préjuger du financement complémentaire nécessaire à ce type d’installation.

    Maintenant, il s’agit là bien d’une opportunité à exploiter. Opportunité qui nécessitera des efforts importants en termes de recherche et développement.

    Je rappelle que d’autres techniques de capture atmosphérique existent comme les puits naturels de carbone. Approche que semble également privilégier l’Europe dans son ambition climatique.

    Quant à savoir si la Wallonie doit investir, je serai tenté de dire que oui. Le savoir et l’expertise de nos acteurs de la recherche doivent pouvoir être mobilisés. Il faudra, pour cela, un cadre adapté dans lequel mettre en œuvre ce type de projet.

    Je prévois déjà une évaluation de cette technologie parmi d’autres dans le cadre de nouveaux accords de branche avec l’industrie.

    En ce qui concerne maintenant le volet relatif à la minéralisation, je rappelle que le contexte géologique islandais permet ce que le sous-sol wallon ne permet hélas pas. La minéralisation est, en effet, une possibilité, mais elle devra être déclinée autrement en Wallonie. À ce sujet, j’ai déjà pu avoir des échanges intéressants avec certains acteurs industriels qui mériteraient d’être approfondis.