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La réticence des jeunes diplômés à se lancer sur le marché de l'emploi

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 21 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 17/09/2021
    • de TZANETATOS Nicolas
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Selon une enquête de Page Personnel, les jeunes diplômés sont 16 % de moins que l'année dernière à se lancer sur le marché du travail malgré une hausse importante de postes à pourvoir (45 % de postes à pourvoir de plus par rapport à 2020). Les employeurs peinent donc aujourd'hui à recruter de nouveaux talents.

    Le moral des étudiants suite à la crise sanitaire et l'envie de profiter encore un peu avant de se lancer sur le marché de l'emploi en serait la cause. De plus, les jeunes ont également le sentiment qu'ils ne trouveront pas d'emploi rapidement malgré la situation actuellement favorable du marché.

    Cette situation est-elle vérifiée sur le marché de l'emploi wallon ? Quel regard porte Madame la Ministre sur cette réalité ?

    Des dispositions pour encourager les jeunes à se lancer sur le marché de l'emploi sont-elles à l'étude ?
  • Réponse du 04/11/2021
    • de MORREALE Christie
    Le marché de l’emploi en Wallonie connaît depuis plusieurs mois plusieurs signes de reprise y compris parmi les jeunes dont la demande d’emploi diminue depuis le mois de mars 2021, et ce, dans des proportions plus importantes que sur l’ensemble de la demande d’emploi. On observe par ailleurs que le taux d’insertion des jeunes demandeurs d’emploi à la sortie des études en 2020 demeure proche de celui enregistré en 2019, soit avant le début de la crise sanitaire. Il semble toutefois que depuis plusieurs années les aspirations des jeunes à l’égard de leur emploi évoluent.

    Après une baisse du nombre total de jeunes inscrits pour la première fois au FOREm après leurs études entre 2012 et 2015, la période 2016-2019 a vu une légère remontée de ce public. En 2020, la pandémie de Covid-19 est venue bouleverser les tendances : le nombre de jeunes inscrits pour la première fois au Forem est passé de 29 828 en 2019 à 26 213 en 2020, soit une diminution de 12,1 %.

    Malgré cette diminution des effectifs, le taux d’insertion se maintiennent à un bon niveau : 63,1 % des jeunes DE inscrits au Forem à la sortie des études se sont insérés à l’emploi dans les 6 mois. Le délai moyen d’insertion avant la première occupation est de 53 jours et la durée moyenne d’occupation est de 113 jours sur 6 mois, soit des résultats très proches de ceux de 2019, année où le Forem avait enregistré les meilleurs chiffres pour l’insertion de ce public.

    De manière générale, le FFORm observe une entrée de plus en plus tardive des jeunes sur le marché du travail. En 2010, l’âge moyen de la première inscription au Forem était de 20 ans et 178 jours, en 2020, elle est de 21 ans et 14 jours, soit plus d’une demi-année en plus. Ce constat peut être expliqué par au moins deux facteurs :

    - L’allongement de la durée des études : les étudiants du supérieur seraient de plus à effectuer des années complémentaires après leur master ou leur bachelor voire un séjour à l’étranger. Par ailleurs, le décret paysage, entré en vigueur en 2014-15 a amené un nombre important de jeunes à étaler leur parcours, ce qui contribue à allonger la durée des parcours d'étude. Pour preuve : en Haute École, ils ne sont que 21% à obtenir le bachelier professionnalisant en trois ans. Un constat identique se pose à l'Université, où seuls 23 % des étudiants réussissent la totalité de leurs crédits de bachelier de transition dans les temps.

    - Dans un contexte économique incertain, les jeunes ont tendance à rester le plus longtemps possible aux études. Ainsi selon certaines études, entrer sur le marché du travail en période de récession pourrait pénaliser la carrière. Selon les travaux de Bart Cokcx, les jeunes diplômés, en période de récession, ont tendance à prendre des emplois qui ne sont pas à leur niveau. Cela veut dire qu’après un certain temps, ils auront de l’expérience dans un emploi qui est sous leur niveau de diplôme. Et donc après un certain temps, la différence de rémunération peut devenir considérable. Donc il s’agit vraiment d’un problème d'enfermement dans un travail qu’ils ont dû accepter à cause de la récession. Certains jeunes pourraient ainsi retarder leur entrée sur le marché du travail en attente d’un mouvement de reprise économique.

    De nombreuses études et échanges de bonnes pratiques au niveau européen ont démontré que l’optimisation des chances d’insertion des jeunes dans l’emploi repose sur les clés suivantes :

    - Une mobilisation immédiate du jeune
    - La rapidité de sa prise en charge : mise en action rapide du jeune en vue d’éviter l’enlisement.
    - Un suivi intensif avec une évaluation régulière des actions mises en œuvre par le jeune pour s’insérer dans le marché du travail
    - L’engrangement de résultats rapides (endéans les 4 mois). Au-delà de ce délai, le risque d’enlisement du jeune est important.
    - Un accompagnement dans la durée
    - L’intégration du numérique

    Ce sont précisément sur l’ensemble de ces axes que repose le nouvel accompagnement.

    Ainsi, le nouvel accompagnement reposera sur au moins 4 piliers : la mobilisation immédiate, la rapidité de la prise en charge avec intégration du numérique, un suivi intensif et enfin l’engrangement de résultats rapides

    Mobilisation immédiate

    Dès leur inscription, les jeunes seront invités à une « séance welcome » sous forme de webinaire. Cette séance visera à les mobiliser immédiatement, dès leur inscription, en partageant avec eux différentes thématiques, telles que l’offre digitale via la découverte des produits disponibles sur le site du Forem ainsi que l’offre en présentiel, sur les sites physiques : les ateliers de recherche emploi ou les formations métiers.

    À la fin du webinaire, les jeunes pourront demander un suivi personnalisé. Un conseiller reprendra alors contact pour écouter la demande et répondre aux questions qu’ils se posent. Les conseillers du Forem rechercheront avec ces jeunes les pistes de solutions adaptées à la situation de la personne

    Rapidité de la prise en charge – intégration du numérique.

    Dès leur inscription, les jeunes les plus proches du marché de l’emploi et autonomes numériquement bénéficieront d’un accompagnement digital.

    Tous les autres jeunes seront pris en charge par un conseiller. En fonction de sa situation par rapport à l’emploi, le jeune bénéficiera d’un accompagnement sectoriel (dans le cas où il dispose de compétences directement (ou moyennant formation) valorisables sur le marché de l’emploi), ou d’un accompagnement socioprofessionnel (dans le cas où le jeune présente des obstacles de type psycho-médico-social).

    Suivi intensif

    La prise en charge digitale d’une partie des jeunes pour lesquels ce type d’accompagnement est adapté permettra de dégager des ressources pour intensifier l’accompagnement présentiel des jeunes qui en auront le plus besoin.

    Engrangement de résultats rapides:

    La logique d’évaluation formative régulière permettra d’éviter que le jeune s’engage sur des pistes de recherche d’emploi inadaptées. A chaque contact, le conseiller Forem évaluera avec le jeune les actions entreprises et, s’il détecte des difficultés, des faiblesses ou une orientation inadaptée, sans attendre, des mesures seront prises pour revoir son parcours et assurer que chaque action initiée engrange un résultat vers l’emploi.

    Ces piliers font partie de l’ADN du nouvel accompagnement, auquel tous les conseillers seront formés.

    Par ailleurs, les jeunes ont des besoins et attentes qui leur sont propres. Celles-ci sont rencontrées par la mise en œuvre de prestations qui existent déjà au FOREm (tests de compétences, formation aux soft-skills, formations de base pour favoriser l’accès aux formations qualifiantes …) et via le recours à des opérateurs externes (coup de boost, actions de parrainage, actions de remobilisation …).