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L'emploi dans le secteur du transport et de la logistique

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 32 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 22/09/2021
    • de MATAGNE Julien
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Le Directeur général de la FEBETRA l'annonce depuis plusieurs semaines maintenant, le secteur du transport de marchandises et de la logistique est en recherche de main-d'œuvre. Il cite ainsi les derniers chiffres de l'Institut Transport routier et Logistique Belgique selon laquelle 38,1 % des transporteurs belges ont un ou plusieurs emplois de chauffeur à pourvoir.

    Ce n'est pas tout, selon la FEBETRA, 42 % des chauffeurs de camion actifs ont 50 ans ou plus. Nombreux sont donc les chauffeurs qui vont prendre leur retraite dans les années à venir et vont naturellement quitter le secteur.

    Une chose est sûre : devenir aujourd'hui chauffeur de poids lourd constitue pratiquement une garantie d'emploi à 100 %.

    Madame la Ministre a-t-elle rencontré le Directeur général de la FEBETRA à propos de la demande d'emploi dans le secteur du transport et de la logistique ou compte-t-elle le rencontrer ?

    Quelle réponse structurelle entend-elle mettre en œuvre afin de permettre au secteur du transport de recruter des chauffeurs de poids lourd ?

    Prévoit-elle une réponse spécifique à ce secteur ?

    Quelle est la stratégie du Gouvernement pour ce secteur ?
  • Réponse du 14/10/2021 | Annexe [PDF]
    • de MORREALE Christie
    Au quatrième trimestre 2019, le secteur du transport et de la logistique en Région wallonne comptait 2 492 établissements 52 997 travailleurs, dont 1 043 établissements et 12 521 travailleurs rien que pour le secteur du transport routier de fret, sauf services de déménagement. L’emploi s’oriente clairement à la hausse dans le secteur depuis 2017.
     
    Depuis le début de l’année 2021, le FOREm a diffusé 20 439 offres d’emploi pour le secteur du transport et de la logistique soit 4 110 de plus qu’en 2019 et 10 163 de plus qu’en 2020 à la même période.
     
    En juillet 2021, on dénombrait 39 078 demandeurs d’emploi inoccupés positionnés sur un métier du secteur du transport et de la logistique soit 742 de moins que l’année dernière à la même période. Seuls 2 110 demandeurs d’emploi sont positionnés spécifiquement comme chauffeur poids lourd, soit une baisse de 9 % à un an d’écart. Il est vrai que la population de demandeurs d’emploi positionnés sur ce métier s’avère relativement âgée comparativement à l’ensemble des demandeurs d’emploi : 43 % d’entre eux ont 50 ans ou plus, contre 26 % dans l’ensemble de la demande d’emploi.
     
    Depuis le début de l’année, le FOREm a diffusé 9 247 opportunités d’emploi dans les métiers du transport parmi lesquelles 7 917 pour le métier de Chauffeur de poids lourd. Ce qui représente une augmentation de 63 % par rapport à 2019 et de 205 % par rapport à 2020 du nombre offres reçues à la même période.
     
    La liste mise à jour des fonctions critiques et métiers en pénurie dénombre 126 fonctions critiques dont 76 sont en pénurie de main-d’œuvre.
     
    Parmi ces fonctions critiques, 8 métiers concernent le secteur du transport et de la logistique dont :
    * 5 sont en pénurie de main-d’œuvre : chauffeur d’autocar, conducteur d’autobus, chauffeur poids lourd, déclarant en douane, responsable de site logistique.
    * 3 sont critiques, mais non en pénurie : magasinier, responsable logistique, chef magasinier.
     
    Les difficultés de recrutement des conducteurs de poids lourd semblent liées à une pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Il s’agit d’une situation structurelle dans la mesure où elle a été observée ces cinq dernières années.
     
    Une expérience professionnelle utile semble souvent recherchée par les employeurs alors que celle-ci serait trop souvent absente dans le chef des candidats. Des notions d’une langue étrangère sont recommandées pour les livraisons internationales. Par ailleurs, les horaires de travail variés sont parfois considérés comme susceptibles de dissuader d’éventuels candidats. La maintenance des véhicules entraine également un besoin de main-d’œuvre pour des mécaniciens.
    Quel que soit le secteur, la question des pénuries est complexe et surtout liée à de nombreux facteurs.
     
    Ainsi, l’insuffisance de candidats peut être liée à un manque d’attractivité du métier pour des raisons objectives, comme les conditions salariales, le type de contrat, les horaires, la pénibilité ou encore l’insécurité par exemple. Mais aussi pour des raisons parfois plus subjectives telles que l’image du métier, ce qui est évidemment plus difficile à modifier à court terme.
     
    Pour pallier le manque d’attractivité, tous les acteurs doivent se mobiliser : les pouvoirs publics régionaux et fédéraux, les entreprises, les secteurs professionnels, mais aussi les acteurs de l’orientation et de la formation. 
     
    La plateforme « Wallonie Compétence d’avenir » développe par exemple depuis plusieurs mois une approche collaborative Win-Win avec les entreprises et secteurs professionnels en pénurie. Les premiers parcours construits en collaboration avec l’enseignement concernent le champ des biotechnologies, avec le profil d’opérateur de production.
     
    Lorsque la pénurie est liée aux compétences insuffisantes des demandeurs d’emploi, le FOREm et les opérateurs de formation peuvent et doivent jouer un rôle important.
     
    On attend des entreprises des secteurs en pénurie de main-d’œuvre qu’elles jouent également leur rôle de partenaire, qui doit dépasser celui de simple « client en demande de candidats ».  
    Ainsi, les critères de recrutement doivent être conformes aux standards, tous les métiers ne nécessitent pas forcément des travailleurs très expérimentés.
     
    Dans le cadre de l’anticipation de la reprise PostCovid (1 ère vague/2020), l’Administratrice générale du FOREm a rencontré les secteurs professionnels directement impactés par la crise sanitaire, mais aussi fortement sollicités pour la reprise économique de la Wallonie.
    Le secteur du Transport et de la Logistique a été l’un des premiers à avoir été rencontré. Étaient invités dans ces rencontres les représentants des fonds sectoriels, les associations patronales et les représentants des travailleurs. Dans ce cadre FEBETRA et UPTR ont bien entendu été invités.
     
    Ces rencontres ont débouché sur la mise en place des « Comités stratégiques ».
    Autour de la table : les responsables des services de la formation et des services aux entreprises pour le FOREm et les représentants du secteur concerné dans toutes ses composantes (fonds sectoriels, entreprises et travailleurs).
    Le but étant de dégager des actions concrètes et concertées en vue de répondre aux besoins de ces secteurs reconnus comme prioritaires.
    Depuis septembre 2020, les rencontres se réalisent à un rythme de deux à trois réunions par an et proposent à chaque fois des actions opérationnelles assorties d’objectifs.
    Pour répondre aux pénuries dans le secteur du transport de marchandises, le FOREm en collaboration avec le Fonds social du transport et de la logistique a mis en place et intensifié une série d’actions validées lors du comité stratégique du 24/06/2021 :
    - Affectation d’un conseiller entreprise par territoire (4 ETP) dédicacé au secteur du transport de marchandises (CP 140.03) : validation d’un plan d’action réalisé en collaboration avec le consultant régional du FSTL : intensification des actions PFI, rencontre avec les entreprises, prise en charge et placement des stagiaires en fin de formation, actions de communication conjointes…
    - PFI : l’engorgement dans les auto-écoles est réel et représente un frein à l’intensification des PFI. Le service aux entreprises transmet mensuellement un reporting sur les PFI en cours au FSTL. De plus, des actions de promotion (article de presse FSTL/FOREm, capsules vidéo, démarches proactives des conseils entreprises pour promouvoir le PFI) sont mises en place.
    - Recrutement de formateurs conducteur poids lourd : un recrutement est en cours en collaboration avec le FSTL pour pallier les pensions des formateurs et maintenir l’offre.
    - Intensification de la sous-traitance pour les formations théoriques pour affecter un maximum de ressources à la formation pratique.
    - Renforcement des collaborations avec les écoles de plein exercice et de promotion sociale : mise à disposition de matériel pédagogique, collaboration avec les CDC pour les formations complémentaires (ADR, brevet cariste…)
    - Financement de formations additionnelles qualifiantes à la Promotion sociale
    - Les fédérations patronales du transport sont représentées par le FSTL, partenaire privilégié du FOREm.
    - Promotion des métiers au travers des Startechs days avec WorldSkills Belgium
     
    Vu l’urgence liée aux inondations subies par notre région en juillet dernier, le Gouvernement wallon s’est accordé sur un ensemble de mesures liés aux pénuries du secteur de la construction. Ainsi, la majorité des pistes proposées telles que l’intensification de la communication, l’intensification des jobdays ou encore l’adaptation des dispositifs du FOREm dédiés à la formation en milieu de travail (FALT, PFI), sont transposables, voire déjà transposées en partie, à l’ensemble des secteurs en pénurie dont le transport. Certaines actions plus spécifiques liées à l’urgence de la reconstruction de la Wallonie seront analysées avant d’être déployées à d’autres secteurs le cas échéant.
     
    La carte en annexe montre la répartition de l’offre de formation chauffeurs poids lourds du FOREm et partenaires en Wallonie ainsi que le nombre de candidats ayant obtenu un permis de conduire en 2020 (en pleine crise COVID).