Le dernier baromètre Manpower et le "boom" annoncé sur le marché du travail
- Session : 2021-2022
- Année : 2021
- N° : 34 (2021-2022) 1
2 élément(s) trouvé(s).
Question écrite du 22/09/2021
- de GALANT Jacqueline
- à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
Il y avait un peu plus de 172 000 emplois vacants au deuxième trimestre en Belgique cette année, selon Statbel, 22 % de plus qu'au premier trimestre, un record depuis la création de cette enquête sur les vacances d'emploi en 2012.
En observant ces chiffres, la question du recrutement devient primordiale pour les entreprises. La Wallonie sera-t-elle prête, en pleine réforme du FOREm notamment, à répondre à ces demandes de main d'œuvre des entreprises ?
On le sait, ce "boom" sur le marché du travail s'accompagne d'un problème de pénurie de main-d'œuvre. Les employeurs ne parviennent pas à remplir suffisamment rapidement leurs postes vacants en raison des pénuries de talents qui atteignent des niveaux records depuis 15 ans. Face à ce constat, et afin d'augmenter leur attractivité dans un marché du travail tendu, les employeurs sont prêts à faire des concessions, également financières.
Comment Madame la Ministre se positionne-t-elle sur ces conclusions du dernier baromètre ?
Comment compte-t-elle aider les entreprises à davantage recruter ?
Quelles mesures mène-t-elle maintenant afin de réduire la pénurie de talents dans les secteurs les plus problématiques à l'aune d'un boom annoncé ?
Réponse du 14/10/2021
- de MORREALE Christie
Ainsi, en août 2021, le FOREm a diffusé 36 501 offres d’emploi (sans compter les 12 131 offres reçues d’un autre Service public de l’Emploi), soit 29 % de plus qu’au cours du mois d’août 2020. Les besoins de main-d’œuvre sont en hausse dans la plupart des secteurs d’activité.
La plus forte croissance d’opportunités d’emploi à un an d’écart concerne l’HORECA, qui est à l’origine de 1 354 postes, soit 720 postes de plus qu’en août 2020 (la hausse est de 114 %).
D’autres secteurs témoignent de besoins de recrutement plus importants qu’il y a un an :
* le secteur manufacturier, très varié et important en termes d’emploi, et particulièrement dans le travail des métaux (384 opportunités d’emploi supplémentaires, soit + 93 %), dans les industries agroalimentaires (+ 456 opportunités soit + 68 %), dans la fabrication de machines et équipements (+ 199 opportunités soit + 65 %) ou encore dans la branche de l’industrie chimique (+ 252 opportunités soit + 54 %) ;
* le secteur du transport et de l’entreposage : + 936 opportunités soit + 73 % ;
* les services collectifs, sociaux et personnels : + 389 opportunités soit + 73 % ;
* le secteur du commerce de gros et de détail : + 1 361 opportunités soit + 58 %.
Avec des taux de croissance encore importants (entre + 30 % et + 50 %), d’autres secteurs cherchent à pourvoir certains des postes et l’ont notifié ce mois d’août :
* le secteur de l’eau, du gaz et de l’électricité : + 183 opportunités soit + 46 % ;
* le secteur de la santé et de l’action sociale : + 531 opportunités soit + 40 % ;
* la construction : + 802 opportunités soit + 36 % ;
* l’administration publique : + 245 opportunités soit + 34 % ;
* les services aux entreprises, dont l’immobilier et les activités de location : + 671 opportunités soit + 31 %.
Si l’on considère l’ensemble des offres reçues depuis le début de l’année (hors les autres SPE), les 5 secteurs qui regroupent le plus grand nombre d’opportunités sont le commerce de gros et de détail (27 264 opportunités), la construction (22 987), l’immobilier, location et services aux entreprises (21 759), la santé et l’action sociale (16 406) et les transports, entreposage et communications (14 541).
Si nombre d’entreprises parviennent à pourvoir leur poste dans les délais souhaités, d’autres éprouvent des difficultés pour recruter. Ainsi sur base de la dernière liste 2021 des fonctions critiques et métiers en pénurie, la Wallonie dénombre 126 fonctions critiques dont 76 sont en pénurie de main-d’œuvre.
Parmi ces fonctions critiques, 41 métiers concernent la construction. Il s’agit du secteur présentant le plus grand nombre de métiers en tension dans la liste.
Quel que soit le secteur, la question des pénuries est complexe et surtout liée à de nombreux facteurs.
Ainsi, l’insuffisance de candidats peut être liée à un manque d’attractivité du métier pour des raisons objectives, comme les conditions salariales, le type de contrat, les horaires, la pénibilité ou encore l’insécurité par exemple. Mais aussi pour des raisons parfois plus subjectives telles que l’image du métier, ce qui est évidemment plus difficile à modifier à court terme.
Pour pallier le manque d’attractivité, tous les acteurs doivent se mobiliser, et se mobilisent : les pouvoirs publics régionaux et fédéraux, les entreprises, les secteurs professionnels, mais aussi les acteurs de l’orientation et de la formation.
Actuellement, le FOREm suit ces évolutions de près et se veut très réactif par rapport aux demandes des entreprises et plus particulièrement de certains secteurs qui éprouvent des difficultés à recruter.
Des Comités stratégiques sectoriels ont été mis en place et se réunissent régulièrement. Le FOREm a prioritairement consacré ses ressources et moyens sur le secteur de la santé dans le contexte de la crise sanitaire. Il a ensuite organisé au cours de l’été des jobdays spécifiques dans le domaine de l’HORECA.
Lorsque la pénurie est liée aux compétences insuffisantes des demandeurs d’emploi, le FOREm et les opérateurs de formation peuvent et doivent jouer un rôle important. La Wallonie développe actuellement des actions fortes pour mobiliser les demandeurs d’emploi autour de ces opportunités professionnelles, actions en phase d’être renforcées dans le cadre du plan de relance et de reconstruction de la Wallonie.
Le FOREm prépare actuellement 8 jobdays spécifiques pour le secteur de la construction qui connait une forte demande de main d’œuvre. Dans ce cadre-là, le FOREm a rencontré les grandes entreprises du secteur en juillet et travaille activement avec les partenaires sectoriels à un plan d’action « Attractivité ».
Le Gouvernement wallon a également rassemblé les acteurs du secteur de la construction et s’est accordé sur un ensemble de mesures liés aux pénuries dans le cadre de la reconstruction de la Wallonie.
Le FOREm contacte actuellement 1400 demandeurs d’emploi prêts à l’emploi et souhaitant travailler dans le secteur afin qu’ils viennent rencontrer lors des jobdays des entreprises qui recrutent. Les demandeurs d’emploi ayant terminé une formation dans un métier de la construction seront également mobilisés.
Les centres de formation du FOREm s’organisent pour proposer des formations. Plus de 500 places sont disponibles.
Dans le cadre de la réforme de l’accompagnement à venir, le FOREm mettra rapidement en place des équipes sectorielles de conseillers, proches des centres de formation, afin d’offrir des réponses rapides et les plus adéquates possibles aux entreprises des secteurs.