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Le "cup condom" pour lutter contre le GHB lors des soirées étudiantes

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 53 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 01/10/2021
    • de GALANT Jacqueline
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    En ce début d'année scolaire, les étudiants ont enfin pu se retrouver et surtout organiser leurs soirées, tant attendues. Malheureusement, c'est aussi l'occasion pour certaines personnes mal intentionnées de sévir à nouveau.

    C'est notamment le cas en France. Depuis moins d'un mois, plusieurs dizaines d'étudiants auraient été drogués au GHB lors de soirées étudiantes selon des associations locales.

    Connu pour ses propriétés sédatives et amnésiantes, le GHB est aussi connu sous le nom de « drogue du viol ». Lorsqu'il est pris à forte dose, le GHB peut faire l'effet d'un somnifère puissant.

    Ce qui est à constater également, c'est que contrairement aux idées reçues, les hommes sont aussi victimes de cette drogue.

    Pour faire face, les associations envisagent l'achat de « cup condom » ou « capotes de verre » distribuées aux étudiants et étudiantes. Il s'agit de petits couvercles élastiques en silicone, avec ou sans paille, à mettre sur le verre pour le protéger.

    Madame la Ministre constate-t-elle la même problématique au sein de notre Région ?

    Quelle est sa position concernant le « cup condom » ? Encourage-t-elle son achat ?

    Quelles synergies sont en place avec la Ministre Glatigny sur la réduction des risques et des assuétudes en milieu estudiantin ?
  • Réponse du 10/11/2021
    • de MORREALE Christie
    L’honorable membre nous relate une recrudescence en France de personnes mal intentionnées qui séviraient en droguant des étudiants au GHB lors des soirées étudiantes.
    Face à cette réalité proche de chez nous, je me suis orientée vers l’ASBL Univers santé, Eurotox et la Fédération wallonne des institutions pour toxicomanes.
    Ces structures semblent unanimes : cette réalité n’est pas similaire dans notre Région.

    En effet, lors des réunions réalisées en 2021 par l’ASBL Univers santé en présence des étudiant·es aucun fait relatif à la consommation de GHB n’a été renseigné pour les sites de Louvain-la-Neuve et ALMA.

    Ce constat est le même pour les rencontres suivantes :
    - les réunions « comité Guindaille 2.0 » (en lien avec la campagne de sensibilisation et de prévention Guindaille 2.0) regroupant les 4 grands collectifs étudiants de l’UCLouvain, à savoir l’AGL, la Fédé, le GCL et l’Organe ainsi que le Service d’aide aux étudiants de l’UCLouvain ;
    - les réunions « ToutSEX’Plique » réunissant des kots à projets, l’ASBL Thé ok (= collectif étudiants), le service d’aide aux étudiants de l’UCLouvain, le Planning familial « Aimer à Louvain-La-Neuve », l’ASBL Corps écrits et l’ASBL O’YES ;
    - les réunions « PRISMES » regroupant le kot santé (kot-à-projets) le service d’aide aux étudiants de l’UCLouvain, le Planning familial « faculté d'aimer » et l’ASBL O’YES.
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    Le constat est le même du côté des services spécialisés en assuétudes agréés par la Région wallonne : ils n’ont pas eu connaissance de situations problématiques liées au GHB dans leur région.

    Lorsque l’on observe les données de la Police fédérale, le nombre de saisies de GHB est relativement stable dans le temps. Les quantités saisies sont particulièrement petites par rapport aux autres drogues, et en diminution au cours du temps. En 2019, 2 litres de GHB auraient été saisis par les services de police à l’échelle de la Belgique.

    Ces chiffres ne reflètent que partiellement la disponibilité des produits, car ils sont avant tout le reflet de l’activité policière et de son efficacité. Néanmoins, il semblerait à la lecture de ces données que le GHB ne soit pas particulièrement répandu sur le marché des drogues dans notre pays.

    La consommation non intentionnelle de GHB peut difficilement être documentée par des statistiques. En revanche, nous disposons de données relatives à sa consommation intentionnelle. Selon l’enquête de santé menée chez les jeunes (enquête HBSC), la consommation de GHB est faible chez les jeunes scolarisés dans l’enseignement secondaire supérieur (3e année et plus) en Wallonie, moins de 1% des élèves ont déclaré en avoir déjà consommé au moins une fois dans leur vie. En milieu étudiant, une enquête menée en 2019 auprès d’un large échantillon d’étudiants de l’UCLouvain confirme également que la consommation intentionnelle de GHB est très rare.

    Dernièrement, une enquête menée par Eurotox auprès d’un échantillon d’usagers de drogues montre quant à elle que la consommation de ce produit reste également peu répandue chez les personnes habituées à consommer des substances illicites. En outre, elle montre que son usage est le plus souvent expérimental ou occasionnel, et que ce produit est davantage consommé par les hommes que par les femmes (ce qui est toutefois le cas pour la majorité des produits).

    Bien que ce phénomène ne soit pas préoccupant dans notre Région, je tiens toutefois à rappeler que cela ne signifie pas que nos opérateurs n’en parlent pas sur le terrain.

    Il existe effectivement en Belgique francophone des flyers spécifiques sur le GHB qui sont diffusés par les intervenants qui mènent des actions de prévention et de réduction des risques en milieu festif. Ces flyers, qui décrivent en détail ce qu’est le GHB, quels en sont les effets, et quels peuvent être les risques liés à sa consommation, proposent une série de conseils de réduction des risques spécifiques pour ce produit. Ils précisent en outre que même si le GHB peut effectivement être facilement utilisé pour faciliter le viol, l’alcool reste le produit le plus souvent impliqué dans les cas d’agression de ce type.

    Des actions sont également menées pour sensibiliser les jeunes à la question du consentement et à la prévention des agressions sexuelles et des rapports sexuels regrettés ou non protégés, mais elles ne portent pas sur le GHB spécifiquement, car elles s’intègrent dans une réflexion plus globale. La dimension « vie affective et sexuelle » est généralement abordée lors des interventions de réduction des risques en milieu festif, a minima via la distribution de préservatifs et de lubrifiant et à l’aide de brochures qui abordent directement cette problématique. Des interventions ciblant plus spécifiquement la lutte contre le harcèlement et les violences sexuelles, ainsi que la notion de consentement existent également (e.g. Plan SACHA, des actions de sensibilisation de Sex&Co (Projet de Promotion de la Santé affective et sexuelle en milieux festifs de la Fédération laïque de Centres de planning familial.), les actions du collectif « Laisse les filles tranquilles »). Elles ont gagné en popularité à la suite des mouvements #metoo ou #balancetonporc sur les réseaux sociaux et les actions en justice menées en parallèle.

    Il existe ainsi en Belgique, et ailleurs en Europe, notamment au Royaume-Uni ou en France, des actions visant à rendre les lieux festifs plus sûrs et sécures, en intervenant en amont et au cours de la fête. Il s’agit par exemple de sensibiliser et former le personnel de sécurité et de service aux questions de consentement, discrimination en raison du genre ou de l’orientation sexuelle, harcèlement, agressions sexuelles, ainsi qu’à l’autodéfense verbale, à l’écoute et la prise en charge des victimes ; la sensibilisation des publics festifs peut également être proposée (stands lors des festivals, intervenants déambulant au milieu du public, etc.). Certaines initiatives visent à encourager les personnes victimes ou témoins de harcèlement ou d’une agression à intervenir ou à interpeler l’organisateur de la fête. Enfin, des dispositifs d’écoute et de soutien aux victimes peuvent être mis en place et opérer tout au long du moment festif et après.

    Il est de plus important que des animations d’éducation à la vie sexuelle et affective soient dispensées à toutes et tous (notamment en milieu scolaire) et puissent aborder (de manière adaptée selon l’âge) les notions de genre, de consentement et de respect de soi et des autres, ainsi que les liens entre usage d’alcool (ou, plus généralement, de substances psychoactives), consentement, vie sexuelle et violences sexuelles.

    Ainsi, je pense qu’une réponse adaptée à la problématique de la « soumission chimique » doit passer par une stratégie globale et multiforme, qui ne peut se résumer à la mise en place de « cup condom », dont l’efficacité en tant que mesure isolée ne peut être que limitée.