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La reprise des activités de Brussels South Charleroi Airport (BSCA) et les perspectives d'avenir

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 20 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 01/10/2021
    • de HARDY Maxime
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    Récemment, nous apprenions dans la presse que 4 millions d'euros d'économies seraient nécessaires, ce qui est assurément moins que les 7 à 10 millions annoncés en juin dernier lors de la présentation du plan de sauvetage de l'aéroport.

    Monsieur le Ministre pourrait-il me faire part de la situation actuelle sur la reprise de l'activité de BSCA ? Celle-ci est-elle aussi encourageante que ce que laissent penser ces chiffres ?

    Par ailleurs, il semblerait que la principale piste envisagée par la direction de l'aéroport soit de diminuer le temps de travail des travailleurs à temps plein, tandis que les syndicats semblent davantage préconiser de miser sur des départs et réductions de temps de travail volontaires.

    Monsieur le Ministre dispose-t-il d'informations quant aux alternatives envisagées pour réaliser cette économique de 4 millions ? Quelles sont les pistes évoquées ? L'effort sera-t-il collectif ou ne concernera-t-il que les travailleurs à temps plein ?

    Enfin, parmi les perspectives d'avenir, nous pouvons nous réjouir de l'allongement de la piste récemment inaugurée, ce qui permettra la connexion de vols long-courriers, mais aussi de l'inscription dans le Plan national pour la reprise et la résilience d'un volet consacré au développement d'une filière de démantèlement et de recyclage d'avions sur un site proche de l'aéroport.

    Dispose-t-il d'informations quant aux vols long-courriers qui seraient d'ores et déjà envisagés depuis BSCA ? Des discussions sont-elles en cours avec des compagnies ? Le cas échéant, quand peut-on espérer voir le premier avion décoller vers une telle destination ?

    S'agissant du développement de la filière de démantèlement et de recyclage, un calendrier de travail a-t-il été arrêté ? Qu'en est-il de l'acquisition du terrain et du lancement des appels à projets ? Quelles initiatives a-t-il prises à cet égard ?
  • Réponse du 09/11/2021
    • de CRUCKE Jean-Luc
    L’aéroport de Charleroi a rencontré une perte de 25 Mio d'euros en 2020 tandis que la perte 2021 est estimée à 30 Mio d'euros. 
     
    Un plan de sauvetage de l’aéroport a été arrêté par le conseil d’administration de celui-ci qui repose sur le plan stratégique et le business plan 2021 – 2025.
     
    Le plan stratégique et le business plan prévoient la nécessité de recapitaliser l’aéroport à concurrence de 30 Mio d'euros moyennant l’autorisation préalable de la Commission européenne.
     
    Ils prévoient également la nécessité d’un plan d’économies totales de 10 Mio d'euros/an – dont 4 Mio d'euros sont des économies salariales.
     
    Ce plan d’économies est inéluctable si l’on entend pérenniser l’activité à long terme.
     
    Il repose sur des économies réalisées au niveau des contrats de service entre BSCA et des prestataires, mais également sur un plan d’économies salariales dans la mesure où la masse salariale de BSCA représente annuellement plus de 40 Mio d'euros.
     
    L’essence de ce plan d’économies salariales est notamment de remédier au problème structurel de productivité.  
     
    BSCA relève ainsi que les avions basés quittent l’aéroport le matin, reviennent entre 12 h et 16 h et ensuite le soir pour passer la nuit. Il existe donc 2 grands pics d’activité durant la journée dont l’intensité est variable selon la saison été ou hiver. 
      
    La flexibilité parait indispensable afin de pérenniser les activités de l’aéroport.

    L’année 2019 en est ainsi révélatrice dans la mesure où l’aéroport a atteint un nombre record de passagers avec un taux de remplissage très important et, malgré tout, il a clôturé l’année avec une perte de 750 000 euros.
      
    La timide reprise de l’activité ne doit pas occulter la réalité d’une situation financière très fragile de sorte que le plan d’économies doit être mis en place avant la fin de cette année.

    Afin d’écarter le risque d’un plan de licenciement, la direction de l’aéroport a formulé deux propositions aux partenaires sociaux :
     
    La première reposait – outre les économies au niveau des contrats de service – sur une suspension des bonus, des CTT90, l’absence de remplacement du personnel qui a quitté l’entreprise depuis 2019, une réduction du temps de travail de 113 travailleurs de 38 h à 30 h avec flexibilité et annualisation pour ces derniers et une réduction salariale de minimum 5 % pour les autres.
     
    La seconde reposait – outre les économies au niveau des contrats de service – sur une suspension des bonus, des CTT90, l’absence de remplacement du personnel qui a quitté l’entreprise depuis 2019, une réduction salariale de minimum 5 % pour tout le monde et surtout la flexibilité totale pour tous avec annualisation et la fin des tolérances individuelles au niveau des horaires de prestation.
     
    Ces deux options ont été rejetées par les partenaires sociaux.
     
    La direction de BSCA rencontrera les partenaires sociaux dans les prochains jours afin de leur présenter une troisième option.

    Quoiqu’il en soit, la problématique de la flexibilité doit être résolue.

    Les départs volontaires ne résolvent en effet pas le problème puisque l’aéroport n’a pas trop de main d’œuvre, mais une main d’œuvre qui n’est pas suffisamment adaptée aux horaires spécifiques des compagnies aériennes, qui opèrent à des moments précis de la journée. 
     
    Il est aussi important de rappeler que ce plan d’économies n’a pas pour objet de réaliser simplement des économies.

    Il doit permettre de préserver les 650 emplois actuels, mais aussi permettre la création de nouveau dans les prochaines années, toujours dans l’optique de contrats flexibles et annualisés.

    Relativement aux vols long-courriers, Air Belgium a ouvert des vols réguliers vers les Antilles françaises qui ont été suspendus suite à la pandémie de Covid 19, mais qui reprendront début décembre.  
     
    La perspective de l’ouverture de nouvelles routes long-courriers au départ de Charleroi avec Air Belgium existe.
     
    Parallèlement, des négociations se tiennent avec d’autres compagnies, mais il convient d’être attentifs au fait que les vols moyen-courriers viennent juste de reprendre.

    La redynamisation du volume long-courrier prendra plus de temps et n’est pas attendue avant 2024.  

    Concernant le projet de démantèlement, le Gouvernement a bel et bien inscrit au sein du programme d’économie circulaire du Plan RRF un volet relatif aux démantèlements et au recyclage d’aéronefs. Ce projet a été planifié par le Gouvernement pour s’inscrire à l’aéroport de Charleroi.

    Le 1er juillet 2021, le Gouvernement a mandaté la SOWAER pour la bonne exécution de ce dossier.

    La SOWAER est mandatée pour acquérir le foncier nécessaire en vue d’accueillir la future unité de démantèlement et de recyclage. Neuf hypothèses d’implantations ont été étudiées par BSCA et la SOWAER. De ces neuf hypothèses, la plus évidente tant d’un point de vue technique que d’un point de vue financier est située sur un terrain en proche voisinage du domaine actuel de l’aéroport. Dès lors, des négociations sont en cours entre la SOWAER et le propriétaire pour la transaction immobilière.

    La SOWAER a par ailleurs été mandatée par le GW en vue de lancer l’appel au marché. Le Conseil d’administration de la SOWAER a validé la proposition quant à la formule juridique la plus opportune en lien avec la loi de 2016 sur les marchés publics.
    Ce sera la procédure dite du « dialogue compétitif ».

    Il appartiendra au Gouvernement ce 12 novembre de prendre attitude sur la procédure, le lancement de cet appel à projets et la possibilité de confier à la SOWAER une mission déléguée la chargeant notamment de la sélection des candidatures, du dialogue avec les soumissionnaires sélectionnés, de l’analyse de l’offre et du rapport de sélection qui permettra au Gouvernement de sélectionner le/les lauréats de l’appel.