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L'enquête d'Amnesty International sur l'âgisme

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 56 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 06/10/2021
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Les chiffres, tirés du sondage effectué par Amnesty International sur l'âgisme et ses discriminations, sont interpellants. Des personnes de plus de 55 ans y relaient leur perception des préjugés, discriminations et maltraitances dont elles se sentent victimes.

    Les chiffres du sondage sont en effet édifiants : sept personnes sur dix estiment être victimes de préjugés et une sur quatre de maltraitance. De plus, une petite annotation nous apprend qu'en réalité, une sur deux se dit soit victime soit témoin de maltraitance. Une personne sur deux, ce n'est pas anodin !

    Ces chiffres attestent de la gravité d'un phénomène dont nous devons tenir compte. Il nous faut agir dans le cadre des compétences de la Région wallonne pour lutter contre ces stéréotypes et intégrer toutes les catégories de la population dans la société. Une remarque qui me choque au sein de l'enquête « être vieille et femme, ce n'est pas top », des discriminations peuvent être cumulées à d'autres. C'est une réalité, l'âge confirme encore les discriminations dont sont victimes les femmes.

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance de cette enquête réalisée à l'occasion de la Journée internationale des personnes âgées ? Dans l'affirmative, comment les interprète-t-elle ?

    Qu'est-il prévu et consacré aux seniors pour lutter contre les discriminations ?

    Madame la Ministre envisage-t-elle d'adopter d'autres dispositifs pour améliorer la prise en compte de ce public et lutter contre ces préjugés ? Y a-t-il des dispositifs particuliers pour lutter contre les maltraitances vis-à-vis des seniors ?
  • Réponse du 04/11/2021
    • de MORREALE Christie
    Nous avons effectivement pris connaissance des chiffres du sondage réalisé par l’institut IPSOS à la demande d’Amnesty International au sujet de l’âgisme.

    Les chiffres de ce sondage sont effectivement édifiants puisque celui-ci rapporte que 7 aînés de plus de 55 ans sur 10 sont victimes de préjugés en raison de leur âge et 1 sur 4 est confronté à au moins un type de maltraitance. En 2020, l’Agence wallonne de lutte contre la maltraitance, Respect Seniors, a reçu 846 fiches de maltraitance dont 33 % concernaient des situations de maltraitance en institution alors que 62 % ont eu lieu à domicile. Selon les statistiques de l’Agence, l’auteur désigné est dans 51 % des cas un membre de la famille (le plus souvent le conjoint) et dans 22 % des cas, un professionnel d’institution. En concordance avec les résultats IPSOS, les chiffres de l’Agence révèlent que la majorité des aînés mentionnés « victimes » sont de sexe féminin (558 femmes versus 186 hommes).

    Ces constats montrent que les aînés sont régulièrement sujets à des attitudes négatives, voire à des comportements vécus comme maltraitants. Respect Seniors explique qu’avec l’avancée en âge, certaines personnes perdent une partie de leur autonomie entraînant potentiellement une dépendance vis-à-vis des autres et des regards dévalorisants. Ces atteintes à leur dignité peuvent les rendre plus à risque à la négligence, aux abus et au non-respect de leurs droits. Toute atteinte à la dignité humaine est inacceptable et ses conséquences peuvent être dramatiques en entraînant, entre autres, des séquelles psychologiques à long terme.

    Depuis plusieurs années, le Gouvernement wallon est engagé dans la lutte contre toutes les formes de discrimination telle que celle liée à l’âge.

    Un projet proposé par la Direction des aînés de l’AViQ dans le cadre de la programmation des Fonds social européen a pour ambition de renforcer les connaissances et les compétences des professionnels des structures d’hébergement et d’accueil des aînés afin de les sensibiliser à la question des stéréotypes autour des personnes âgées, à l’âgisme et à ses conséquences sur les attitudes et comportements des soignants au quotidien. Pour cela, le projet prévoit de réaliser des expériences pilotes encadrées par des psychologues et puis d’en évaluer les retombées positives afin de proposer des recommandations au GW et de promouvoir, in fine, cette fonction dans le secteur des MR-MRS.

    Au vu des enseignements tirés de cette crise, j’ai décidé de mettre en place des groupes de travail avec l’ensemble des acteurs concernés par la question du vieillissement. L’objectif de ces groupes étant d’envisager des actions en faveur de la qualité de vie des aînés en Wallonie. Parmi ces groupes, l’un d’entre eux est spécifiquement consacré à la question de la « Bientraitance ».

    Ce groupe de travail est composé d’experts du vieillissement (l’Unité de la sénescence du Département de psychologie de l’ULg, l’Agence de lutte contre la maltraitance, mais aussi d’associations (comme Sénoah, le Bien Vieillir ou le Gang des Vieux).

    Un plan d’actions vient d’être défini et s’articule autour de :
    - la mise en place d’une pratique d’autoévaluation de la « satisfaction de l’accompagnement proposé aux résidents de notre MR/S ». Il s’agira pour le personnel encadrant de connaître et de confronter les besoins des résidents, des équipes et des familles. Ces besoins seront traduits par un plan d’action d’amélioration continue de la qualité intégrée au projet de vie de l’établissement ;
    - la création de capsules vidéo de formation à la « bientraitance » à destination des professionnels ;
    - la création d’outils visant à sensibiliser les équipes à la contention tout en proposant des alternatives concrètes.

    Le Gouvernement wallon ainsi que l’AViQ sont très attentifs et sensibles au développement de projets qui ont l’ambition de lutter contre cette discrimination à l’égard de nos aînés. Il appert toutefois important de garder à l’esprit que cet engagement de lutte contre l’âgisme est l’affaire de tous. Nous devons travailler ensemble pour que, plus que jamais, les aînés puissent bénéficier de tous leurs droits et pour que les institutions de vie et de soins soient à la hauteur des enjeux d’une société qui se veut respectueuse de tous ses membres, quels que soient leur âge ou leur situation sociale.