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Le recensement des sans-abri

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 61 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 06/10/2021
    • de BEUGNIES John
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Le sans-abrisme est un problème réel en Belgique. On le voit, bien sûr, dans les grandes villes. A Bruxelles, Liège, Namur ou Charleroi. Ce qui est inquiétant, c'est que selon les chiffres produits en Belgique et en Europe par des associations ou des pouvoirs locaux, le nombre de sans-abris augmente partout en Europe.
     
    Quelle est la situation en Belgique ? On sait que le phénomène est en augmentation grâce au travail de certaines associations et le dénombrement réalisé depuis 2008 en Région de Bruxelles-Capitale, ainsi qu'aux dénombrements réalisés par certains pouvoirs locaux. Il n'existe toutefois aucun chiffre clair et comparable sur le sans-abrisme en Région wallonne.
     
    Il est pourtant évident que si l'on veut s'attaquer à un phénomène, il faut d'abord le comprendre et en connaître l'ampleur.
     
    Or, nous ne connaissons pas l'ampleur du sans-abrisme en Wallonie. Il y a bien sûr la part visible du phénomène qu'on voit dans les villes, mais le travail des associations montre que ce n'est que la surface d'un phénomène plus étendu. Dans les villes plus petites aussi, le phénomène existe. Il y a aussi un sans-abrisme caché.
     
    Les études de la KUL, l'ULiège et la Fondation Roi Baudouin de l'année passée montrent aussi un nombre élevé d'enfants sans-abri et une augmentation inquiétante du nombre de jeunes de 18 à 25 ans parmi les sans-abri.
     
    Les résultats des associations qui travaillent sur le terrain sont une alarme qui nous invite à agir. La Région Bruxelles-Capitale organise déjà un tel recensement via Bruss'help, qui travaille avec des associations de terrains. Il est tout à fait possible d'organiser cela au niveau de la Région wallonne. Peut-être même en collaboration avec la Région Bruxelles-Capitale qui a cette expérience depuis 2008, ce qui permettrait en outre de produire des données pertinentes et comparables.
     
    Alors la connaissance d'un phénomène étant la base dont on ne peut pas se passer pour changer ce phénomène, un recensement des sans-abri au niveau de la Région wallonne est-il prévu ?
  • Réponse du 04/11/2021
    • de MORREALE Christie
    Depuis 2009, les relais sociaux et leurs nombreux partenaires (environ 70 services) collectent des données, conformément à la réglementation en vigueur, et les communiquent à l’IWEPS. Ces données permettent de rendre compte :
    - de l’activité des services organisés pour assurer la prise en charge de la grande précarité et du sans-abrisme en Wallonie ;
    - du profil des utilisateurs de ces services.

    Cette collecte de données est réalisée de façon continue par les travailleurs sociaux des services partenaires des relais sociaux urbains, à l’aide d’un formulaire de recueil de données spécifique à chacun des quatre axes d’activités coordonnées par les relais (hébergement d’urgence, dispositif d’urgence sociale, travail de rue, accueil de jour (bas seuil, alimentaire, logement, prostitution et santé).

    Ces données sont agrégées annuellement pour le profil des utilisateurs ou mensuellement pour l’utilisation des services par les services partenaires. Elles sont ensuite transmises au relais social au début de l’année civile qui suit celle de la collecte. Chaque relais social rassemble, vérifie et met en forme les données recueillies par ses partenaires et les transmet à l’IWEPS. L’Institut wallon extrait les données et dispose ainsi de données agrégées par service et par axe d’activité pour chacun des relais sociaux. Les données 2015 ont été publiées en mai 2018.
    Les données 2017 ont, quant à elles, fait l’objet d’une nouvelle formule pour la publication, elles ont été diffusées complètement fin juin 2019. Pour rappel, tous les tableaux de données de « Profil des utilisateurs » et « d’utilisation des services » sont téléchargeables sur le site de l’IWEPS.

    Les statistiques des relais sociaux urbains sont une source de données unique sur les populations les plus précarisées vivant en Wallonie. Ces statistiques permettent de mesurer l’évolution du secteur, mais aussi l’évolution sur un territoire (en termes de phénomène par exemple) ou par rapport à un public (sur la question de la tranche d’âge des 18-25 ans). Les relais sociaux peuvent ainsi justifier la mise en place de nouveaux projets en s’appuyant sur des statistiques.

    Par ailleurs, la recherche soutenue par la Fondation Roi Baudouin s'appuie sur l'étude MEHOBEL qui recommande notamment des dénombrements ponctuels nationaux. Ceux-ci ont été réalisés à Louvain en février 2020, dans 40 des 42 communes de la province du Limbourg et dans les villes de Gand, Liège et Arlon en octobre 2020, en collaboration avec les autorités locales, associations et bénévoles. La finalité de ces recensements est de donner une impulsion à des politiques qui visent à apporter des réponses à la question du sans-abrisme et du mal-logement, de façon coordonnée, aux différents niveaux de pouvoirs compétents, sur la base de chiffres comparables. Un des objectifs était également de développer un manuel pratique pour l’ensemble des administrations locales belges qui peuvent désormais s’en saisir.

    Plusieurs relais sociaux ont montré leur intérêt pour la méthodologie développée par les chercheurs. Avec la reconnaissance toute prochaine des relais sociaux intercommunaux du Brabant wallon et de Luxembourg – les deux relais ayant été constitués dernièrement -, l’ensemble du territoire wallon pourrait ainsi faire l’objet de dénombrements. Le relais social de Charleroi a programmé un dénombrement lors de la nuit du 28 au 29 octobre 2021 et Namur s’engage aussi dans cette voie.

    Enfin, grâce au Plan de relance wallon qui contient un portefeuille de projets s’inscrivant dans le cadre d’une stratégie coordonnée de sortie du sans-abrisme, un observatoire du sans-abrisme sera mis en place et visera à rassembler les expertises fondées entre autres sur la collecte de données, à définir les grandes orientations à prendre en matière de lutte contre le sans-abrisme, mais également à en assurer la coordination. De même, des expériences pilotes de type « Territoire zéro sans-abri » seront développées et ces territoires volontaires procèderont au préalable à un dénombrement pour affiner le diagnostic en termes de besoins et pour in fine ajuster l’offre. Ces projets permettront d’étendre progressivement les dénombrements sur l’ensemble du territoire wallon pour mieux connaître la réalité du phénomène du sans-abrisme, apporter des réponses adaptées aux personnes en situation de vulnérabilité, avec pour ambition d’éradiquer ce phénomène.